C'est devant un théâtre presque à moitié rempli que les danseurs du « Georgian Legend » se sont produits, jeudi soir, sur la scène du festival de Carthage. Les spectateurs, nombreux à être venus en famille, se sont régalés de ce ballet musical qui les a plongés au cœur de ce pays caucasien presque inconnu pour eux, la Géorgie, découvrant ainsi l'histoire d'un peuple fier et courageux et sa culture riche de plusieurs siècles. Grâce, élégance, raffinement, souplesse, agilité, beauté. Autant de qualités et atouts qui pourraient décrire à eux seuls le spectacle « Samaïa » (The Georgian Legend). Pendant plus d'une heure et de demi, petits et grands sont restés admiratifs devant ces artistes aux corps sveltes comme taillés dans la pierre. Revêtant tantôt des costumes de combat, tantôt de magnifiques habits de fête, près de quatre-vingt-dix danseurs ont ainsi défilé sur scène, dansant sur les pointes avec de simples chaussons de cuir souple, sautant haut ou encore avançant à tous petits pas graciles, donnant ainsi l'impression de flotter dans l'air. En tout une dizaine de tableaux dansants et musicaux, évoquant les thèmes de la guerre, des invasions, des batailles mais aussi de l'amour, du courage et de la passion. Le public a eu droit à des valses passionnées et raffinées, mais aussi à des batailles de sabre d'une précision inouïe et des sauts pour le moins périlleux. Sur scène, des hommes et des femmes, mais aussi des enfants, trois plus précisément, qui se sont livrés à une prouesse exceptionnelle, munis de seuls tambours. Si aucune touche de décor n'a été apportée, la musique géorgienne diffusée tout le long du spectacle a fait voyager les spectateurs loin dans le temps et dans l'espace. Tirant son nom d'une danse rituelle caucasienne féminine, Samaïa, célébrant la naissance d'un enfant, ce ballet musical est un concentré de beauté et de prouesses techniques, artistiques et athlétiques. Ponctualité, sonorisation, lumière, synchronisation, aucune fausse note n'est venue entraver le bon déroulement de ce spectacle époustouflant qui n'est finalement pas sans rappeler celui des Chœurs de l'Armée Rouge, produit sur la scène de Carthage en 2013. L'art, vecteur commun entre la Géorgie et la Tunisie Si la Géorgie est un pays du Caucase situé sur une ligne de confluent entre l'Europe et l'Asie et dont la culture et l'histoire sont à mille lieues de celles de la Tunisie, les spectateurs du « Samaïa » (The Georgian Legend) ont toutefois été interpellés par certaines similitudes culturelles, aussi infimes soient-elles, notamment au niveau de la musique et de certains costumes. En effet, la cornemuse et les tambours étaient omniprésents tout au long du spectacle produisant un son proche du mezoued, à quelques différences près. L'ajout d'autres instruments plus modernes a affiné le tout, produisant un rendu très agréable à entendre, à mi-chemin entre la musique celtique et folklorique. Autre ressemblance, l'un des artistes est apparu sur scène, à un certain moment, vêtu d'un long vêtement gris en laine qui n'est pas sans rappeler notre burnous national. Ici s'arrêtent les analogies si ce n'est que les deux pays, la Tunisie et la Géorgie ont subi au fil des siècles des invasions diverses et que les deux peuples ont mené de rudes batailles pour arracher leur liberté et leur indépendance, tout en faisant de la culture et les arts une échappatoire durant ces périodes difficiles.