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Leïla Kaddour-Boudadi, une journaliste hors cadre
Publié dans Le Temps le 08 - 08 - 2015

Dernière ponctuation sur le parcours original de cette franco-algérienne : une présence, sur la radio publique France Inter, aux côtés de la star Nagui.
Longue silhouette de gracile tanagra et sourire engageant, le ton est chaleureux, la politesse exquise, mais les mots sont précis et méticuleux. Dans une autre vie, pas si antérieure que cela, Leïla Kaddour-Boudadi a été professeur de lettres classiques. Et à l'observer, on se dit que le vers de Victor Hugo tiré de Hernani correspond bien à son énergie et à sa trajectoire : « Je suis une force qui va. »
Un parcours atypique
Leïla Kaddour-Boudadi est une chimère dans le paysage médiatique français. Comme ce monstre antique polymorphe et composite, elle n'entre dans aucune case distincte. À tout juste 34 ans, elle a déjà connu plusieurs professions. Enseignante d'abord, parallèlement créatrice de site, et enfin journaliste. Petite-fille de soldats algériens débarqués en France en 1962, elle se revendique comme un pur produit de l'école républicaine : « Nos parents nous ont toujours dit, à ma sœur et moi, que nous pouvions tout faire. Cela a vite levé toute barrière mentale, avec le travail comme moyen et le désir d'excellence comme but. »
Leïla Kaddour-Boudadi plongera dans de longues études en grec et en latin à l'université de Poitiers, tandis que sa sœur suivra des études de lettres modernes. Symbolique partage de la langue française, non pas saisie comme « butin de guerre », selon le mot de l'écrivain algérien Kateb Yacine, mais comme un tribut de paix : « Enseigner a été pour moi une façon de rendre à d'autres ces connaissances que l'on m'avait offertes », dit-elle simplement. Enseignante donc, mais déjà rompue aux nouvelles techniques de l'information, la jeune femme créera aussi un site d'actualité proposant une vision décalée de la vie culturelle de Poitiers : « J'écrivais mes articles en imaginant le regard d'un homme, Arsène, qui, arrivant du 19e siècle, se mettrait à décrire un concert d'Etienne Daho par exemple. Ce décalage m'amusait. »
La case école pour du journalisme,
et ensuite...
Mais l'envie de changement titille vite la jeune enseignante. En disponibilité de l'éducation nationale, la voici de retour à l'école, de journalisme cette fois. « Petite, j'hésitais entre le journalisme et l'enseignement. Mais je voulais me donner une épaisseur culturelle et une rigueur universitaire par des études poussées. Puis quand j'ai décidé de sauter le pas et de devenir journaliste, je ne voulais pas arriver dans les rédactions, la bouche en cœur, sans la légitimité que donne une formation adéquate. » Dès lors, tout s'enchaîne : Afrik, RFI, France 3, iTélé, Arte et maintenant France Inter. Chaque expérience a été pour cette éternelle apprentie une autre façon d'apprendre : « Mais je suis une fille chanceuse, c'est vrai », dit-elle avec un grand sourire. « Quand on m'a engagée à iTélé pour présenter les éditions du week-end, pour moi qui viens de l'université où le rapport au temps et à la connaissance est étiré, ça a été très formateur. » Trois semaines après ses premiers JT, l'affaire DSK éclate : un beau et rude baptême dans le pressoir du direct dont elle se souvient encore. « J'avais très peu d'heures d'antenne, et là c'était simplement la grosse affaire du moment qui focalisait l'attention du monde entier. Si j'arrivais à la rédaction en talons aiguilles, dans ma tête, j'étais en rangers, armée par un gros travail en amont pour nourrir le direct d'informations solides », se souvient-elle.
... Une progression fulgurante
Leïla Kaddour-Boudadi devient ensuite la présentatrice du journal d'Arte. Ce journal, très axé sur l'international, sera pour elle l'occasion de renouer avec l'actualité africaine. « Petite, de voir Rachid Arhab au journal de 20 heures sur Antenne 2, ça me parlait. Cet homme qui ressemblait à mes oncles, je le regardais interviewer des hommes politiques et je me disais, dans ma tête d'enfant, que c'était possible. J'ai reçu à mon tour des courriers qui m'ont rappelé l'impact symbolique que peut avoir ma présence à l'écran. Des petites filles qui m'écrivaient pour me dire combien elles étaient contentes de voir, dans leur salon, une journaliste brune, aux grands yeux comme elles. » Alors de ce parcours exemplaire, il n'y a qu'un pas pour parler d'exemplarité ? En effet, les débats qui traversent la société française, et la polarisent parfois, interpellent aussi la journaliste. Elle qui consacra son mémoire d'études en journalisme à la problématique des écrans monochromes dans le service public sait bien que son parcours interroge : « J'observe parfois un malaise concret chez certaines personnes. Mais je ne m'y arrête pas. Et puis, quelque part, j'aime bien cette idée de désarçonner. On ne sait pas dans quelle catégorie me placer. Professeur, basketteuse à un très bon niveau national, ensuite journaliste, tout en m'appelant Leïla, ça déconcerte forcément. Plus largement, même si je ne me sens pas traversée par le malaise identitaire de certains Français issus de l'immigration, je le comprends, parce que j'observe les freins de la société française », note-t-elle.
Et voilà que la mémoire s'invite
Plus encore, la question des Harkis, de leur histoire douloureuse, est un sujet qui nourrit sa réflexion de journaliste : « Mes grands-pères ont été soldats dans l'armée française. Or les troupes coloniales ont été parmi les oubliées de la République alors que leur rôle a été décisif dans de grandes batailles françaises. Mes grands-pères ont été évacués d'urgence en 1962, avec plus ou moins une partie de leur famille, ce qui a été un drame. Sous-considérés, ne serait-ce que par le traitement inégalitaire de leur solde de militaire, ils étaient aussi vus comme parias en Algérie. Mais je n'ai jamais eu envie de me considérer comme une double victime, à la fois de l'Etat algérien et de l'Etat français. J'essaie de nuancer l'histoire et de la dépasser. »
L'Algérie justement, terre de ses ancêtres, est un pays qu'elle souhaite découvrir : « Toute ma famille est originaire de la région d'Oran. Mes parents y sont allés sur le tard mais n'ont jamais voulu qu'on les accompagne, ma sœur et moi. Ils voulaient nous préserver ; de quoi, je ne sais pas, de leurs peurs peut-être, comme tout parent. Depuis quelque temps, c'est une vraie envie que d'aller là-bas, mais avec une immersion par palier. J'ai peur de la charge émotionnelle de ce voyage. » Si depuis la rentrée dernière, elle officie aux côtés de Nagui sur France Inter sur la tranche emblématique de 11 heures, un désir de documentaire semble aussi traverser la journaliste. Le sujet ? Peut-être les Chibanis, ces hommes seuls venus du Maghreb pour travailler dans la France des 30 Glorieuses. « J'aime bien les observer quand je les croise. Leur visage parle, on y lit un mélange entre leurs années difficiles et ce sourire enfantin qu'ont les hommes en vieillissant. C'est un sujet auquel je m'intéresse. Devenus vieux, isolés, la plupart sans famille, leur situation est pour certain dramatique. »


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