Les négociations sociales dans le secteur privé font du surplace. Une réunion tenue vendredi après-midi au siège du ministère des Affaires sociales entre une délégation de secrétaires généraux de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et de représentants de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'artisanat (UTICA) n'a pas abouti à un consensus de nature à ouvrir la voie à la signature de l'accord-cadre. Selon le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, Belgacem Ayari, l'effet rétroactif des augmentations salariales a constitué la principale pierre d'achoppement. Autre pomme de discorde: l'octroi de majorations salariales unifiées à l'ensemble des employés du secteur privé quelque soient leurs catégories et leurs émoluments. Face à ces malentendus, les délégations syndicale et patronale ont décidé de s'en remettre aux premiers responsables de deux organisations. Une nouvelle réunion devrait en effet se tenir ce week-end entre le secrétaire général de l'UGTT, Hassine Abbassi, et la présidente de l'UTICA, Wided Bouchemmaoui. Il a été également décidé de tenir une nouvelle séance dialogue mardi prochain. Le nouveau round des négociations sociales dans le secteur privé connaît jusqu'ici un démarrage poussif, en raison notamment des points de vue diamétralement opposées entre la centrale syndicale et l'organisation patronale au sujet du bien-fondé de la majoration des salaires dans un climat de ralentissement économique. Le patronat s'était en effet attaché à la prise en compte du taux d'inflation ainsi que la croissance économique et de la productivité pour déterminer le montant des augmentations salariales dans le secteur privé, ce qui se traduirait par des majorations salariales dérisoires vu que le taux de croissance du PIB ne devrait pas dépasser 1% en 2015. L'UGTT a, quant à elle, estimé que les salariés du secteur privé doivent obtenir des majorations conséquentes au vu de la détérioration de leu pouvoir d'achat et de leur importante contribution en matière de création des richesses, rappelant que l'écrasante majorité des entreprises privées réalisent des bénéfices malgré la conjoncture économique difficile. Signe qui ne trompe pas sur les réticences des patrons à mettre la main à la poche, l'UTICA a snobé ces dernières semaines deux séances de négociations qui devaient se tenir au siège du ministère des Affaires sociales. En réaction à cette attitude peu volontariste des patrons, la centrale syndicale est allée jusqu'à brandir la menace d'organiser une série de mouvements de protestation pouvant aller jusqu'à la grève générale, au cas où le patronat continue à bloquer les négociations sociales et refuse d'accorder des augmentations salariales respectables aux employés des entreprises privées. Il est à rappeler que le gouvernement et l'UGTT avaient signé en septembre dernier un accord sur des augmentations salariales au profit d'environ un million fonctionnaires et salariés des établissements publics. Selon cet accord qui s'appliquera avec un effet rétroactif à partir de janvier 2016, les fonctionnaires et les salariés des établissements publics recevront des augmentations allant de 50 à 60 dinars selon les catégories ainsi que des primes spécifiques, dont les montants oscillent entre 105 et 150 dinars.