Ce samedi 21 novembre de l'année 2015, nous célébrons le 40ème jour du décès du peintre immense Mahmoud Sehili... Comme le temps passe vite... pour les vivants, alors que pour les morts c'est l'éternité ! L'éternité, Mahmoud Sehili, natif de Tunis le 27 juillet 1931, l'aura gagnée largement parce que son parcours d'homme, de créateur et de pédagogue a fait de lui un symbole impérissable de cet « Ifriquiya » qui s'étend de Tanger au Maroc jusqu'aux confins du Soudan. Peintre du Maghreb par excellence, du grand Erg et des Médinas de Fès, Marrakech, et de Tunis qui a bercé son enfance jusqu'aux sommets de l'Aurès en Algérie qu'il a immortalisée en 1972 par cette femme typique de grande beauté « La Princesse rouge » et la bédouine au front rebelle. Rebelle, Mahmoud Sehili l'a été en devenant « leader » d'un mouvement progressiste et pictural des Arts plastiques, qui a joué d'égal à égal avec l'Ecole dominante à l'époque : « L'Ecole de Tunis », fondée par les ténors feu Abdelaâziz Gorgi et Pierre Boucherle. Avec lui s'est imposé le « groupe des six », Néjib Belkhoja autre peintre surdoué de cette génération fantastique, Hédi Selmi le Sculpteur national « nomber one » et ami de jeunesse de Mahmoud Sehili à Paris, Mostari Chakroun le peintre du grand Nord cadet brillant formé lui aussi à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, et à l'atelier Raymond Legueult dans les années 60, Lotfi Larnaout, Cheltout, Bekri, Ridha Bettaieb et d'autres grosses pointures, qui ont animé tous les débats culturels et idéologiques de cette riche période des années 1970. Mahmoud Sehili va même plus loin, il fonde avec le Sculpteur Abderrazak El Fehri la galerie « Irtissem » en 1975 au cœur même de la Tunis-Européenne, à la Rue d'Alger, pour encourager les jeunes talents à exposer avec cette rage d'être et de bâtir la Tunisie des lumières. Mahmoud Sehili pour ceux qui le connaissaient de près a été aussi poète à ses heures. N'était-il pas inséparable avec feu Salah Garmadi intellectuel et poète progressiste des années 60-70 (Nos ancêtres... les bédouins). Mahmoud a été aussi luthiste et compositeur, fan absolu de la « Diva » Oum Kalthoum qui a dit de lui : « les peintures de Sehili sont un don de Dieu » ! (Voir les médinas enchantées de Mahmoud Sehili 2003, éditions Simpact). Mahmoud Sehili, mon ami, mon frère de toujours toi qui a illuminé la Tunisie par tes fresques immenses, et dompté ses couleurs aux quatre vents, comment pourrai-je rappeler ton souvenir à notre peuple et ses élites, que tu as tant aimés et servis, alors que Sidi Bou Saïd est toujours là prêt à chanter tes mélodies immortelles de lumières et de couleurs. Dors en paix. La Tunisie t'aime !