L'actualité nous rattrape à tout moment. Tarak Chérif, président de la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) devait se confier au « Temps » en exposant ses analyses sur le projet de loi de Finances 2016, et ce, qu'elle devait apporter aux jeunes promoteurs et à l'économie tunisienne dont les indicateurs ne sont pas rassurants. Voilà que le lâche attentat contre le bus des valeureux agents de la sécurité présidentielle survient. En réponse à cet attentat, l'union sacrée revient à l'ordre du jour. C'est la jeune démocratie qu'on nous envie. Encore plus grave, le premier des droits humains, le droit à la vie est bafoué par les terroristes. L'optimisme naturel de Tarak Chérif, lui permettra d'aborder les questions à caractère social et économique, avec sang froid et un sens aigu de l'exactitude... Détails. Le Temps : Nous venons de connaître une opération terroriste s'attaquant à un bus de la garde présidentielle en plein centre-ville de la capitale. Quels enseignements en tirez-vous ? Tarak Chérif : Le terrorisme n'a aucun avenir en Tunisie. Ses auteurs défendent un système dépassé. Leurs commanditaires ont tendance à exploiter la misère de certaines régions et catégories sociales logeant, principalement, dans les quartiers qu'on peut qualifier d' « oubliés de la croissance ». Dans tous les cas de figure, j'ai confiance au génie tunisien. La Tunisie vaincra. Il faut garder le cap... Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le commerce parallèle et la contrebande ont beaucoup servi le terrorisme. Quelles sont, d'après votre lecture du projet de loi de finances, soumis à l'A.R.P, les grandes mesures à prendre en 2016 ? Nous avons un problème. Nous parlons de certaines choses depuis des années, sans passer à l'action. Les réformes du Code fiscal, du Code d'investissements (le nerf de la guerre)... et on n'avance pas beaucoup alors que le temps presse... Parler de la relance nécessaire des investissements, la réforme bancaire, sans le financement ne sert à rien. J'étais à Bizerte, dernièrement, il y a un grand problème de financement des projets. Et ce ne sont pas les idées de projets qui manquent, chez les jeunes..., mais il n'y a rien de spécifique pour ces investissements réalisables. Il faut des instruments qui appuient et épaulent ceux qui veulent investir. Aujourd'hui, nous avons 22 banques universelles, dépourvues de structures pour financer les projets. Déjà, à Tunis, les investisseurs rencontrent beaucoup de difficultés. Dans les régions intérieures, il n'y a pas de perspectives, ni commerce, ni investissements industriels ou autres... Que faut-il faire ? Il faut réformer le Code du travail. Ce n'est pas un tabou. Venons dialoguer à ce projet. Le Code de travail doit être évolutif, tout en consacrant tous les droits des travailleurs. Une certaine flexibilité est nécessaire. Par ailleurs, la décentralisation des procédures administratives est urgente. Quant à la logistique, elle est complètement défaillante à tous les niveaux par rapport à nos compétiteurs. Nous parlons du port d'Enfidha, en eau profonde, depuis plus de 30 ans... La Tunisie a payé presque 200 millions d'euros de surestarie pour l'Europe. Ce n'est pas normal. Etes-vous satisfait du budget alloué à la culture et au sport, qui sont, pourtant, les bases pour des citoyens bien portants et bien rentables ? Le budget de la culture a diminué. Le sport est dans un état de délabrement. La culture et le sport sont le fondement de l'économie. Ils sont un liant pour la population. Que pensez-vous de l'évolution du budget d'équipement de l'Etat ? Le titre 2, montre des faiblesses anormales. L'Etat n'a dépensé que 48% de ce qui est alloué.... Si on n'a pas été capable de dépenser ce qui est, déjà, budgétisé et alloué, où allons-nous ? 35 à 40% du budget va à la masse salariale. Nous avons 750.000 fonctionnaires, alors que nous pouvons fonctionner avec la moitié. Un vrai drame ? Le drame est qu'il n'y a pas de perspective de changement. Qu'en est-il du climat social ? Là, la détérioration est grande. On se chamaille pour des augmentations de salaires... Il faut, plutôt des négociations sociales profondes. Je suis pour une augmentation des salaires, là où c'est possible. Aucun pays au monde ne peut sortir de la dialectique de l'augmentation de salaires et l'augmentation de la productivité. En France, des entreprises bénéficiaires réduisent leurs effectifs. Que faire immédiatement ? Dans tout cela, il faut se mettre autour d'une table, sans tabous, et parler des salaires, de la nécessaire croissance de la production et l'augmentation de la productivité. Il faut bien se comparer aux autres et surtout, ceux qui sont meilleurs que nous et non ceux qui sont moins bien. Propos recueillis par