Les Journées Cinématographiques de Carthage sont aujourd'hui à leur vingt sixième session , ce qui leur permet, à priori, d'atteindre une certaine maturité au niveau de l'organisation. Mais ce que nous avons constaté est bien loin de la réalité parce que ni les belles toilettes des artistes, qu'on a vu lors de la cérémonie d'ouverture, ni ce fameux tapis rouge placé à l'entrée du théâtre municipal, en l'honneur des invités, ni la bonne couverture médiatique de ces Journées, ne peuvent nous faire oublier les lacunes constatées au niveau du choix des invités. En effet, des pionniers du cinéma et du théâtre tunisiens comme Omar Khlifi, Mohamed Kouka et bien d'autres, n'ont pas été invités à la cérémonie d'ouverture de cette grande fête du cinéma. Feu Ahmed Snoussi qui a été toujours ignoré par les organisateurs au cours des sessions précédentes aurait, certainement, eu le même sort, cette année, s'il avait été encore parmi nous. Le comble c'est que plusieurs personnes qui n'ont rien à voir avec le cinéma ni de loin ni de près, ont été invitées. Autre aberration: on a vu des pseudo-acteurs qui viennent à peine d'avoir de petits rôles dans un ou deux feuilletons télévisés se comporter comme des stars au cours de la cérémonie d'ouverture, prenant, ainsi, la place de leurs aînés dans cette grande fête du cinéma tunisien et africain. Les responsables sont appelés à réviser certaines choses et surtout à rendre hommage aux grands du cinéma tunisien qui ont contribué à la fondation de cet art et à son essor et qui ont marqué toute une époque par leurs différentes contributions riches et variées. Une question qui revient toujours lors de ce genre de manifestations artistiques et qui n'a jamais eu de réponse: quand verra-t-on nos artistes et nos talents valorisés et honorés, dans leur pays, au même titre que les artistes étrangers? Il est grand temps de le faire ; sinon comment expliquer l'absence du grand cinéaste Omar Khlifi à l'ouverture de la plus grande manifestation cinématographique du pays et du continent africain, quand on connaît l'itinéraire artistique de ce pionnier du Cinéma en Afrique du Nord? Omar Khlifi qui a aujourd'hui 82 ans, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma qui a tourné dès le début des années 1960 une douzaine de courts et moyens métrages. En 1966, il réalise le premier long métrage de l'histoire du cinéma tunisien après l'indépendance : L'Aube (35 mm en noir et blanc). Il est membre actif du mouvement tunisien des cinéastes amateurs (MTCA). Il a eu le mérite de réaliser un documentaire sur la guerre de Bizerte en prenant le risque d'aller sur le terrain de la bataille pour nous laisser des témoignages poignants sur cette guerre. Parmi ses travaux cinématographiques on peut citer successivement: 1966 : L'Aube (Al Fajr), en tant que réalisateur. 1968 : Le Rebelle, en tant que réalisateur et scénariste. 1970 : Les Fellagas, en tant que réalisateur et scénariste. 1972 : Sourakh (Hurlements), en tant que réalisateur et scénariste. 1986 : Le Défi, en tant que réalisateur, scénariste et producteur. Outre ses travaux cinématographiques, il a également publié plusieurs ouvrages dont notamment: L'histoire du cinéma en Tunisie (1896-1970). Moncef Bey, le Roi martyr. L'assassinat de Salah Ben Youssef. Bizerte. La guerre de Bourguiba.