Le secteur touristique victime des troubles qui ont secoué l'après révolution accuse actuellement un retard en termes de recettes et de nombre de visiteurs. C'est le sentiment unanime exprimé par les députés pour discuter des préoccupations du secteur, tout en appelant à ne pas baisser les bras et à sauver le secteur « Cela a souligné Zohra Driss passe par trois axes : la sécurité, la propreté et l'ouverture du ciel. La situation économique de notre pays a continué à se détériorer et notre activité connait une baisse continue. Le retour à une activité normale est lié au rétablissement de l'ordre et à la situation sécuritaire à laquelle notre pays a habitué ses clients. L'environnement constitue une ressource précieuse pour le succès du tourisme tunisien. Aucun touriste ne voudrait visiter une ville dont les plages sont polluées, les rues jonchées de déchets et le paysage est défiguré... La dégradation de l'environnement réduit l'attractivité de la destination, la demande continue de chuter ce qui génère des pertes financières considérables pour le secteur. L'amélioration de la qualité de l'environnement est vitale pour la pérennité du tourisme tunisien. Aujourd'hui, grâce à l'ouverture du ciel et la floraison des compagnies low-cost, le touriste pourra planifier ses vacances et ses visites. Tous les pays touristiques facilitent cette approche en développant le low-cost. Le touriste veut son indépendance. C'est dire que l'open Sky est devenu une réalité » L'ouverture du ciel aérien ajoute Walid Jallad, est un fait certain en Tunisie. L'open-sky ne fera que renforcer la concurrence féroce déjà enclenchée entre les compagnies charters. Plusieurs clients choisissent de plus en plus leur destination en fonction d'un prix et le low-cost s'impose si on veut booster la destination et consolider nos flux touristiques de l'Europe.» Les doléances des députés Créer une nouvelle offre Le tourisme tunisien était lessivé en fin de cycle a affirmé Bassma Jebali qui estime que toute les études engagées à ce jour ont relevé les mêmes tracas : la monotypie hôtelière de l'offre, la monochromie bleue du produit balnéaire et la non adéquation par rapport aux nouvelles attentes du client. D'où dit-elle la nécessité de créer d'une offre nouvelle, visant à compléter l'existante. Ce qui donnera naissance à de nouveaux espaces, qui viendront élargir le territoire touristique traditionnel. Il faudrait innover et créer de nouvelles niches comme le tourisme culturel, le tourisme vert, le tourisme alternatif pour lesquels il y a une demande internationale. En valorisant certaines régions comme Kasserine, Tozeur, Sbeitla et Djerba, l'offre d'authenticité permet au pays de différencier son offre de celle des pays concurrents » Abderaouf Chebbi a souligné que le tourisme saharien doit se dépêtrer des sables mouvants dans lesquels il s'est enlisé « Tout le Sud est sinistré comme en témoigne la baisse des flux touristique à Tozeur et Kébili. Les hôtels sont fermés. Les agences de voyages sont dans l'impasse. Il en résulte un taux de chômage élevé dans cette région touristique, faute d'un transport aérien international régulier et d'une campagne de communication ciblée et porteuse sur ce site à l'étranger. En ces temps difficiles, a-t-on au moins pris le temps et la peine de sauver cette zone. Tous les professionnels attendent une réaction rapide du ministère du tourisme » Revaloriser Sfax, Tabarka et Zaghouan Mohamed Hédi Gueddiche a appelé à revaloriser Sfax comme destination touristique tout en s'occupant du réaménagement des anciennes demeures de la médina pour les convertir en unité hôtelières, et à promouvoir Chaffar, les îles de Kerkennah et Tapparura, comme étant une destination du tourisme écologique. Faycal Tebbini a affirmé que la région du Nord Ouest dispose d'un important potentiel qui lui permet de s'ériger en un pôle éco-touristique spécifique et porteur. Il a exhorté les professionnels à s'investir dans l'effort afin de valoriser, au mieux, les spécificités de la région, à travers, des projets novateurs et durables. Au sujet de l'animation, il a appelé au soutien du festival de jazz de Tabarka. Il est temps de professionnaliser ce festival et d'en faire un véritable événement d'envergure internationale à l'instar des festivals de jazz de renommée mondiale. Ridha Dlaï a expliqué que l'introduction de réformes structurelles dans le secteur du tourisme, au cours de la période écoulée, est le choix à adopter afin de mettre fin à la détérioration de cette activité « On ne peut avancer dans ce domaine si on continue de travailler avec les mêmes méthodes employées devenues obsolètes des dizaines d'années durant», a souligné le député , ajoutant que la nouvelle stratégie œuvre à moderniser le secteur touristique. Le tourisme tunisien doit concevoir d'autres alternatives pour le pérenniser comme le tourisme vert, le tourisme thermal, le tourisme des randonnées, un tourisme qui préserve tous les A titre d'exemple, souligne Leila Zahaf, il faudrait développer ce créneau à Zaghouan qui pourrait se positionner comme une destination touristique apte à développer de nouveaux produits valorisant les ressources naturelles et culturelles dans la région. « Située à 60 km du grand Tunis, ville andalouse connue par ses eaux thermales, ses vestiges d'aqueducs et ses hauteurs magnifiques, Zaghouan possède des atouts à la propulser en une destination touristique particulière qui contribuerait dans le futur, au développement de la région, aux plans économique et social» Khansa Ben Harath, a appelé à revaloriser l'artisanat tunisien en créant un office chargé de l'encadrement et de la promotion du secteur public et privé et la constitution d'une société chargée de la production, de l'approvisionnement et de la commercialisation. Mohamed Ali Bédoui a ajouté que l'artisanat se conjugue en richesse, en diversité, mais surtout en passion, en créativité, en désir de transmettre le savoir faire ancestral. D'où « la nécessité de former, soutenir et accompagner les artisans dans leurs démarches qualité », a ajouté Noura Amri. Découvrir les différentes facettes de l'intérieur et du Sud Mohamed Rachdi a estimé que les régions intérieures, bien que fournisseuses de richesse nationale profitant à tout le pays, ont été marginalisées sur le plan touristique « Ces régions de l'intérieur doivent avoir leur part du développement et surtout de l'investissement touristique Un tel programme crée de l'emploi, désenclave ces régions marginalisées et élève le niveau économique de ces régions pour permettre de relancer le tourisme » Hédi Soula a souligné qu'il faudrait améliorer les performances du tourisme intérieur, tant au niveau de la fréquentation des établissements hôteliers, qu'au niveau des nuitées touristiques. Les Tunisiens seront amenés à découvrir les multiples facettes et les produits touristiques du pays, les invitant à passer les vacances dans les unités hôtelières tout en capitalisant sur la qualité et la diversité de l'offre. Gabès, superbe région a affirmé Hassouna Nasfi a de grands atouts touristiques « C'est la seule région au monde à jouir à la fois, d'une oasis littorale, de la montagne, de la mer , des canyons, le désert, sans oublier des sites militaires, datant de la deuxième guerre mondiale (Mareth et Hama) Gabès la «combattante», carrefour économique incontournable entre terre et mer, mérite d'être revalorisée sur le plan touristique » Samia Abou a estimé que la situation est fort préoccupante. « Il faudrait dit-elle annihiler les spéculateurs et éviter le bradage des prix qui nuit à la destination. Le secteur a fort besoin d'un plan de relance et d'une nouvelle vision. Cette situation de crise grave exige des réponses immédiates afin de sauver le secteur du gouffre. Il faut souligner que le secteur touristique connaît de grandes difficultés depuis quelques années. Celles-ci sont liées à des raisons structurelles dont la nécessité de diversifier notre produit afin de répondre à une demande de plus en plus variée sur les marchés internationaux ». Riadh Mouakher a expliqué que la nouvelle vision stratégique doit allier qualité, diversification, compétitivité et viabilité financière pour faire de notre pays de nouveau une destination de référence. Et là il faudrait une montée en gamme de notre hôtellerie pour attirer une demande haut de gamme et changer l'image de marque de notre produit encore fortement lié au tourisme balnéaire de gamme moyenne. Sidi Bou Saïd, un coin superbe fort de ses atouts pour devenir une destination de luxe. Pour le revaloriser, il faudrait un plan de mise en valeur et de réhabilitation qui vise à lui conférer une nouvelle dimension digne de son emplacement et de sa notoriété au sein du bassin méditerranéen. Il faut de grands projets à forte valeur ajoutée prévoit dans la zone du port, des commerces, des structures d'animation ainsi que des hôtels de 5 étoiles» 200 jeunes pilotes tunisiens chômeurs depuis 5ans Des opportunités d'embauche en Chine Dans le cadre de la recherche continue pour renforcer les efforts du Gouvernement dans tous les domaines et l'ouverture sur les pays d'Asie de l'Est et en particulier la République Populaire de Chine le plus grand marché économique dans cette zone, une conférence de presse a été organisée hier où un protocole d'accord a été signé entre le Conseil Tuniso-Chinois et la Fédération Tunisienne Des Pilotes de Ligne. Cette convention entre dans le cadre des efforts déployés par le Conseil de Coopération Tuniso-Chinois pour soutenir la Tunisie à faire face au chômage des jeunes en général et des jeunes pilotes de ligne en particulier ; en effet, nous comptons 200 jeunes pilotes chômeurs depuis 5ans. Il convient de noter que les capacités d'embaûche par les entreprises d'aviation nationales et privées en Tunisie ne pourront malheureusement pas accueillir le nombre de diplômés issus des écoles de formation en Tunisie et à l'étranger. Dans ce contexte et à la demande de la Fédération Tunisienne des Pilotes de Ligne, le Conseil de Coopération Tuniso-Chinois est intervenu auprès des autorités concernées de la République Populaire de Chine afin d'offrir à ces jeunes tunisiens des opportunités de formation et d'embaûche dans les spécialités disponibles en Chine, le seul pays dans le monde aujourd'hui ayant besoin d'une main-d'œuvre compétente dans ce domaine. La signature de ce protocole entre dans un cadre de concertations entre les autorités Tunisienne et Chinoise dans ce domaine. Cet accord a été signé par Dr.Mohamed Sahbi Basly Président du Conseil Tuniso-Chinois et M. Karim Loumi Président de la Fédération Tunisienne Des Pilotes de Ligne. La réponse du ministre 4,8 millions de touristes en 2015 La ministre du Tourisme, Selma Elloumi, qui intervenait, au cours des débats parlementaires sur le budget du département du Tourisme pour l'exercice 2016, a précisé, que son département a mis en place une stratégie quinquennale (2016/2020) pour le développement du secteur. Cette stratégie vise la diversification du produit touristique et artisanal, l'amélioration de la qualité des services, le développement du système de formation à travers la restructuration des centres de formation relevant du ministère, l'amélioration des méthodes de formation et le suivi du programme de mise à niveau de l'hôtellerie. Côté booking, seulement 4,8 millions de touristes ont visité la Tunisie jusqu'au 20 novembre 2015, soit en baisse de 26% par rapport à la même période de l'année dernière. Cette baisse est due à la situation sécuritaire dans le pays. Elle a souligné que le marché algérien a connu une augmentation de 17,2% alors que ce taux était de 7% pour ce qui est des Tunisiens à l'étranger, face à une régression de 50% des touristes européens. La ministre a aussi fait état d'une baisse de 33% par rapport à l'année dernière, des recettes touristiques en devises, lesquelles ont atteint environ 2087,4 millions de dinars, jusqu'à fin octobre 2015.Les nuitées touristiques au sein des hôtels tunisiens ont baissé de 44% pour atteindre près de 15 millions nuitées. Volet sécuritaire, la ministre a évoqué les mesures prises en coordination avec d'autres ministères (ministère de l'Intérieur principalement) pour renforcer la protection des circuits et des unités hôtelières et former des agents du secteur touristique en matière de sécurité. Elle a aussi évoqué d'autres mesures d'ordre financier, dont le rééchelonnement des dettes au nom de l'année 2015 et l'annulation des amendes de retard. Le ministère ne cesse de conquérir de nouveaux marchés. Pour booster le tourisme chinois, notre dernière visite à Pékin permettrait d'envisager l'arrivée de 50 000 touristes en Tunisie et confier le centre de formation qui se trouve à Aîn Drahem, au marché chinois, afin d'envisager une formation sur la cuisine, les traditions culinaires, la langue et les cultures chinoises. Une délégation iranienne est attendue à Tunis au cours de ce mois pour examiner avec les responsables tunisiens les moyens de promouvoir le partenariat tuniso-iranien dans le domaine du tourisme. Le ministère a en outre intensifié les contacts avec les ambassadeurs et a essayé de reconstruire l'image de la Tunisie à l'étranger par le bon choix des campagnes de promotion. Dans ce cadre, nous serons présents à Moscou dans quelques jours avec au programme des rencontres avec des membres du gouvernement de la Russie et des tours opérateurs russes pour essayer de les convaincre d'aider à développer le flux de touristes russe vers la Tunisie. Il s'agit également de renforcer l'image du secteur, d'intensifier la publicité, d'exécuter la stratégie du tourisme numérique, de développer les liaisons aériennes où 12,5 millions de dinars ont été allouées pour consolider le transport aérien. Pour l'ouverture du ciel, les ministères du tourisme et du transport ont mis en place une commission mixte afin de pouvoir établir une coordination entre les différents modes de transport et assurer le suivi du dossier de l'Open Sky avec l'Union Européenne. Si le marché européen est en berne, la Tunisie comptera sur ses voisins algériens pour consolider ses flux touristiques. La Tunisie continue d'être la destination privilégiée des touristes algériens. C'est dans ce cadre qu'une grande campagne promotionnelle est lancée ainsi qu'une multiplication des vols aériens entre les deux pays et l'amélioration de l'accueil à l'entrée des frontières. Le ministère suit avec un grand intérêt les nouveaux aménagements touristiques notamment la finalisation des projets El- Founkhal et Chaafar à Sfax. Autre chantier urgent, c'est le tourisme saharien qui n'évolue pas aujourd'hui au même rythme que les autres produits de niche. La question du transport pour se rendre à Tozeur est primordiale. L'ouverture du ciel devient une nécessité ainsi que la mise en place de vols directs avec l'Europe. La relance préconise de créer des événements et d'accorder des prix préférentiels aux tunisiens qui sont nombreux à visiter cette région. Côté investissement, 11 unités sont en cours de réalisation sans parler de nouveaux aménagements portuaires à Bizerte et à Tabarka. Artisanat et tourisme sont deux bons alliés. Le ministère va axer sa stratégie sur la promotion des produits de l'artisanat, précisant qu'un plan d'actions a été déjà mis en place moyennant un investissement de l'ordre de 1 million de dinars (budget du ministère pour 2016), lequel favorise plus de participations aux salons nationaux et internationaux. Au sujet de la formation, elle a évoqué un accord qui sera signé avec le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi au début de 2016. Cet accord aidera à identifier des programmes de formation dans la perspective d'intégration et d'emploi notamment dans les régions intérieures. En ce qui concerne la qualité, le ministère travaille de concert avec les professionnels, selon Rekik, pour la création d'un label national de qualité pour les produits de l'artisanat tunisien. La ministre a aussi évoqué des démarches pour inciter l'investissement et l'amélioration de la compétitivité du secteur de l'artisanat ainsi que la création d'un organisme chargé de la commercialisation et de l'exportation de l'artisanat. Le budget du ministère du Tourisme et de l'artisanat pour l'année 2016 a baissé par rapport à l'année écoulée pour se situer à 154,884 millions de dinars (MD) contre 164,673 MD en 2015.Le département du Tourisme a consacré une enveloppe de 94,4 MD pour réaliser ses programmes pour l'année 2016.Un montant de 67,16 MD de cette enveloppe est destiné à l'Office national du tourisme tunisien(ONTT) et 6,6 MD sont destinés à l'Office National de l'artisanat(ONA).Un montant d'environ 10 MD est destiné au Fonds de développement de la compétitivité dans le secteur touristique et 10 MD pour le Fonds de protection des zones touristiques. Compte Rendu de Kamel BOUAOUINA
