Hisser la Tunisie parmi les premières destinations touristiques de la Méditerranée exige une politique d'aménagement territorial de l'offre touristique, une nouvelle structure de gouvernance et une démarche intégrée de développement durable . C'est la vision 3+1 présentée avant-hier à Sidi Bou Said au cours d'un point de presse organisé par le ministère du tourisme. Cette vision est avant tout une ambition qualitative pour promouvoir un tourisme responsable et durable« Cette stratégie précise Amel Karboul ministre du tourisme s'étale sur 7 à 10 ans et comporte quatre axes principaux, à savoir la diversification de l'offre selon la spécificité de chaque région, la qualité et la formation, le branding ( l'image de marque) et la modernisation du secteur. La démarche qualité est devenue inhérente à toute activité touristique, dans un souci de rentabilité, d'image de l'entreprise, de ses produits, de la fidélisation de la clientèle, mais aussi dans celui de s'inscrire dans une problématique de tourisme durable. La qualité doit toucher l'accueil, l'environnement et le transport. Cette démarche qualité exige une bonne formation. Il faudrait pouvoir gérer l'offre de formation de manière à répondre convenablement aux besoins de la profession. Dans ce cadre il faudrait élaborer une nouvelle stratégie de formation dans l'espoir de réduire l'écart qui se manifeste entre les compétences de la main-d'œuvre et les besoins concrets des entreprises touristiques. Les priorités devront aller à la formation continue, à la formation par apprentissage et à la formation qualifiante jugées nécessaires au décollage du tourisme. La réalisation de ce plan de développement doit pouvoir marier réalisme et empirisme en agissant sur la consolidation de l'existant par une mise à niveau progressive des ressources humaines (formation, certification des formateurs, perfectionnement du personnel technico-pédagogique...) , Pour mieux répondre à la demande des clients, de plus en plus exigeants ; il faudrait instaurer un label Qualité et un marquage commercial reconnu et rigoureux parce que la qualité d'accueil est la première source de satisfaction des clients. Pour une bonne gouvernance du secteur Pour assurer le pilotage au niveau national et renforcer la légitimité institutionnelle du secteur, il s'est avéré nécessaire de créer des instances dotées d'un fort leadership ajoute la ministre..La gouvernance passera par la simplification du fonctionnement des administrations du Tourisme, le rééquilibrage des rôles et les attributions des structures, la création du cadre propice à la mise en œuvre de l'étude stratégique, le développement de la coopération intersectorielle, l'implication du secteur privé de manière plus significative et l'adoption des structures institutionnelles aux exigences du tourisme moderne. Ceci sans oublier la restructuration des représentations d'ONTT à l'international qui sont appelées à devenir des acteurs à part entière dans la promotion de la destination. Dans notre stratégie 3+1 , nous sommes en train de restructurer nos représentations à l'étranger. Nous avons comme projet pilote celui de la France. Il a été décidé de fermer l'ONTT Lyon pour pouvoir renforcer l'ONTT Paris. Nous comptons revoir les autres représentations et prendre les décisions utiles. Pour éviter toute forme de clientélisme et pour jouer la carte de la transparence, le ministère du tourisme a décidé d'ouvrir des concours pour le recrutement des représentants de l'ONTT, des adjoints et des commissaires régionaux du tourisme. Nous avons déjà fait appel aux candidatures pour Stockholm, et Milan et même les personnes qui ont travaillé au sein de l'ONNTT seront appelées à prendre part au concours de recrutement. Nous avons même invités aux panels de recrutement la FTH, la FTAV et l'UGTT pour que le déroulement du concours soit transparent. Ainsi une profonde réforme dans la gestion des représentations de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) à l'étranger est en train de se faire dans le cadre de cette restructuration. Concertation permanente et bonne gouvernance ont été d'emblée considérées comme conditions indispensables de succès de cette stratégie. Une des illustrations de cette dynamique institutionnelle, est la décision de créer l'Observatoire du Tourisme en tant qu'espace de concertation mais aussi en tant qu'outil de co-pilotage, neutre, ayant pour mission de fournir à la fois des éléments de suivi et de pilotage de la stratégie et d'éclairer les opérateurs sur l'information touristique, les résultats d'études stratégiques et l'évolution des indicateurs statistiques. Un pilotage fin et coordonné de cette nouvelle politique touristique constitue le rôle principal de l'Observatoire du Tourisme qui se doit d'apporter une visibilité au secteur touristique et une réelle expertise en matière de diffusion d'information spécifique au tourisme. Progressivement l'Observatoire sera amené à devenir un véritable pôle de compétences pour le secteur. « L''observatoire du tourisme a indiqué la ministre aura ainsi pour objectif l'anticipation sur le développement futur de l'activité touristique en rapport avec la demande, l'information sur le comportement des pays concurrents et le réajustement de la politique touristique des données recueillies et des analyses. Nous avons déjà entamé notre travail par la mise en place dans les aéroports d'un nouveau formulaire de deux pages pour pouvoir recueillir plus de données sur la situation du secteur et ses différents aspects » Marketing, mon souci ! La modernisation du secteur se fera par la montée en gamme des prestations hôtelières dans un contexte de concurrence international, l'orientation plus prononcée vers la mise à niveau des aspects Immatériels et la révision des modalités pratiques pour profiter davantage des fonds alloués. Ce secteur a besoin de marketing. Pour cela, il faudrait revoir les critères de priorité et répartition des budgets marketing par marché et par canal, la mise en place d'une stratégie tourisme intérieur et le renforcement de la communication régionale, la mise en place d'un ensemble de critères en vue d'une répartition optimale du budget de la promotion, l'amélioration du retour sur investissement des dépenses en promotion, la définition de quatre pools de marchés : marchés prioritaires, marchés voisins, marchés émergents et marchés en développement, la promotion du tourisme intérieur par une stratégie de communication et de distribution ciblée et la mis en place d'un plan d'action visant l'harmonisation de l'ensemble des supports de communication off et online (publicité institutionnelle, Co-branding, édition, salons et foires touristiques, sites Web et réseaux sociaux).Wahida Djaiet directrice générale de l'ONTT a appelé à améliorer la visibilité online de la destination Tunisie en offrant un contenu riche, à jour, accessible par le Web et par mobile ou tablette et en phase avec les technologies actuelles : géo-localisation, intégration de contenu vidéo, photo, audio. Le portail de l'ONTT devra être au cœur de la stratégie digitale et l'ensemble des actions doivent être structurées autour du site. « Nous pourrons ajoute Amel Hachani améliorer l'image de marque du pays par la mise en place d'une stratégie de relations publiques et d'évènementiel, le lancement du Club des Ambassadeurs et l'harmonisation de l'ensemble de la communication « Il faudrait valoriser l'image de la Tunisie à travers les leaders d'opinion qui sont des personnalités tunisiennes influentes ou des étrangers résidant dans les marchés émetteurs :Autriche, Grande Bretagne, Tchéquie, Serbie , Pologne et Pays . Le tourisme ne peut pas fonctionner sans desserte aérienne et là il faudrait synchroniser et relancer des routes prioritaires en fonction des besoins du tourisme, de la nouvelle stratégie de priorisation des marchés et de la stratégie de régionalisation, accompagner l'open sky en ciblant les routes prioritaires afin de les soutenir à travers une stratégie promotionnelle adéquate et constituer un comité de suivi de l'aérien » Faire face à l'endettement du secteur L'endettement des hôteliers constitue un fardeau pour la trésorerie de la profession. La banque centrale a dénombré 120 il y a trois ans et attendant, le compteur tourne toujours et on est arrivé à un chiffre de 3000 milliards de l'endettement Tout le monde sait que cette somme ne sera jamais acquittée. Les banques le savent et on attend toujours une issue à ce problème. « Nous sommes bien d'accord qu'il y a un problème structurel au niveau de l'hôtellerie a expliqué la ministre. Nous héritons d'une situation où le parc hôtelier souffre de vétusté ou d'endettement. Les hôteliers ne pourront pas trouver le cash flow pour se réhabiliter et se mettre à niveau. Au regard d'une situation particulière, il faut des mesures particulières qui ne sont pas l'apanage du ministère du tourisme exclusivement. Il faudrait à mon avis une opération chirurgicale. Le secteur ne pourra continuer à fonctionner avec de mauvais payeurs qui offrent souvent des prestations de mauvaise qualité. Il faudrait des réformes profondes. C'est un challenge. Il ne faut pas reculer. Actuellement, on compte un milliard de touristes. Dans dix ans ce nombre sera doublé. Nous devons bien nous préparer pour mieux profiter de ce potentiel. Pas de bricolage. L'heure est à la mobilisation et l'innovation. C'est pourquoi il faudrait tout d'abord préserver les acquis : les investissements réalisés et les emplois crées, rétablir la situation financière des établissements touristiques et réfléchir sur les leviers appropriés à mettre en place. Ceci nécessite une structuration de mécanismes avec les professionnels et les acteurs financiers, l'implication des différents intervenants dans la boucle du financement touristique et la définition de nouveaux mécanismes de financement » La régionalisation du secteur La régionalisation du secteur est une véritable opportunité pour notre tourisme « Elle va rendre le secteur plus professionnel et aura aussi l'avantage de clarifier la situation pour tous les opérateurs du secteur « Il faudrait communiquer plus sur sa région a insisté Mme Djaiet D'où l'intérêt d'accorder plus d'importance aux régions. Peut-être, faut-il penser à revaloriser davantage les commissariats régionaux pour mieux suivre l'activité touristique et la promouvoir. Nous devrons nous investir plus dans ces régions, créer des événements et là nous citons le carnaval de malte à Hammamet, les dunes électroniques à Tozeur etl'exposition Street Art à Djerba qui ont fait beaucoup de bruit. Un observatoire régional est indispensable pour mieux connaître l'offre et apprécier la demande actuelle et potentielle. Ses principales se rapportent à la collecte, au traitement et à la publication de toutes informations utiles au secteur et en particulier, sur la conjoncture régionale, la compétitivité de la destination tout en assurant une veille stratégique et concurrentielle en vue de booster les marchés en difficulté et améliorer la compétitivité des professionnels. » La ministre devait clôturer son point de presse en précisant que son objectif est d'atteindre les 6,4 millions de touristes et même plus surtout que juillet et août ont drainé deux millions de clients.Cette stratégie 3+1 fondée sur une approche concrète de durabilité et sur la promotion des potentialités du pays est réelle. Personnellement je crois au travail déjà réalisé. Je ne suis pas « courtermiste » A nous tous de mettre la main dans la pâte et réussir ce grand challenge »