La grogne reprend de plus belle chez les professeurs des lycées et des collèges. Le syndicat général de l'enseignement secondaire a menacé, hier, de boycotter la reprise des cours après l'achèvement des vacances d'hiver en signe de protestation contre la non publication des décrets relatifs accords signés précédemment avec le ministère de l'Education dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT) ainsi que contre le non-respect des engagements pris par le gouvernement. «Le décret d'application de l'accord signé le 6 avril 2015 entre le syndicat et le ministère de la Jeunesse et des Sports, et qui porte sur l'avancement professionnel et les indemnités spécifiques en faveur des professeurs d'éducation physique et des métiers du sport, n'est pas à ce jour paru dans le JORT. Il en est de même pour l'accord relatif aux promotions exceptionnelles dont devraient bénéficier les enseignants du tronc commun et les professeurs agrégés de l'enseignement secondaire conclu avec le ministère de l'Education», a déploré le secrétaire général du syndicat, Lassâad Yâacoubi. Le responsable syndical a également précisé que la commission administrative du syndicat se réunira le 2 janvier prochain en vue de prendre les mesures nécessaires pour débloquer la situation. «Toues les alternatives sont envisageables vu que les enseignants sont aujourd'hui à bout de patience. Cela va des grèves au boycott de la rentrée des classes à l'issue des vacances d'hiver », a-t-il averti, indiquant que les membres de la commission administrative devraient aussi débattre du blocage des négociations avec le ministère de l'Education sur plusieurs dossiers en suspens, dont l'évaluation du premier trimestre et l'incrimination des agressions contre les enseignants. Le syndicat de l'enseignement secondaire avait déjà menacé début septembre dernier de boycotter la rentrée des classes en raison de la non-publication des accords déjà conclus avec les ministères de tutelle, avant de faire machine arrière suite à une promesse émanant des autorités de tutelle. Du côté du ministère de l'Education, on assure que le dialogue avec le syndicat général de l'enseignement secondaire avance en ce qui concerne plusieurs revendications, tout en précisant que la publication des décrets d'application des accords déjà conclus est du ressort de la Présidence du gouvernement. «La publication des décrets d'application des accords déjà signés relève exclusivement des compétences du Chef du gouvernement, lequel a déjà entamé des négociations avec le secrétaire général sur le calendrier d'application de ces accords», souligne une source proche du dossier au sein du ministère de l'Education. «En ce qui concerne les négociations relatives à l'incrimination des agressions contre les enseignants et des évaluations trimestrielles, les négociations sont menées sur deux fronts : des discussions avec le syndicat et des concertations plus élargies dans le cadre du dialogue national sur la réforme du système éducatif», ajoute cette même source, notant que l'ensemble du processus enregistre des avancées notables. A noter que les rapports entre le ministère de l'Education et le syndicat général de l'enseignement secondaire sont devenus tendus ces dernières semaines. A l'origine des frictions, une déclaration faite début décembre par le ministre de l'Education, Néji Jalloul, qui a qualifié, lors d'une visite au lycée Mahmoud Messaâdi de l'Ariana, les enseignants de «locataires» et les élèves de «véritables propriétaires des établissements éducatifs». Dénonçant une «offense à l'ensemble du corps enseignant», le syndicat avait répliqué par l'organisation d'un sit-in dans l'ensemble des collèges et des lycées à l'échelle nationale.