Le président du syndicat des agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI), Laieth Ben Bichr, a déploré, hier, dans des déclarations à la presse, que le syndicat des agriculteurs de Tunisie ait été exclu de l'organisation et du pilotage du dialogue national sur l'agriculture qui a démarré, le 23 décembre, et ait été privé, ainsi, de l'occasion d'exprimer ses idées et ses positions, en consécration du pluralisme qui est un des attributs de la démocratie. Le bureau exécutif de ce syndicat agricole indépendant, créé en 2011, a tenu, hier, au siège du syndicat à Tunis, un point de presse au cours duquel les membres du bureau exécutif ont passé en revue les problèmes que rencontrent le secteur agricole et les filières de production agricole, comme la filière du lait. A cet égard, Aziz Bouhejba, membre du bureau exécutif et éleveur à Zaghouan, a mis l'accent sur les défaillances dont souffre la filière de production du lait en Tunisie, à cause de l'utilisation accrue de certaines substances constitutives du lait, importées de l'étranger, sous forme de poudre, dans la fabrication des fromages en Tunisie à l'instar du lactosérum, de la caséine, outre des huiles végétales. Il a indiqué que ces matières sont importées de l'étranger et utilisées à outrance dans la fabrication des fromages en Tunisie, au lieu du lait frais, parallèlement à leur utilisation dans la production du lait en les mélangeant avec du lait frais auquel on ajoute ensuite de l'eau. Cette pratique, a-t-il dit, a amené les usines de fabrication de fromages à se passer du lait frais, car elle leur assure un meilleur profit, ce qui a contribué à créer un surplus artificiel de production du lait, étant donné que ce surplus provient non pas d'une surproduction du lait frais, mais de l'utilisation des matières importées signalées pour la fabrication des fromages, au lieu du lait frais. Il a noté que 90% des fromages tunisiens sont fabriqués à partir de ces matières importées de l'étranger, préconisant la recherche de solutions tenant compte de l'intérêt de toutes les parties. La filière des tomates De son côté, Midani Dhaoui, membre du bureau exécutif chargé des légumes, a signalé les difficultés que va provoquer la mise en application de la décision relative au paiement à la qualité pour les tomates destinées à la transformation, à compter de 2016, c'est-à-dire la fixation des prix selon la qualité, réclamant que les analyses devant déterminer cette qualité soient effectuées, sur place, dans les exploitations agricoles et non pas dans les usines de transformation, vu que la qualité des tomates est affectée par le transport , surtout sur de longues distances. Sur ce point, le président du syndicat des agriculteurs de Tunisie a dit s'attendre, à cause de cette décision, à une désaffection des agriculteurs pour la culture des tomates et à une réduction des superficies consacrées à cette culture qui ne dépasseront pas, selon lui, 10 mille hectares, lors de la prochaine campagne contre 20 mille hectares, cette année. Il a signalé, en outre, la baisse des prix des pommes de terre à la production, à leur niveau de 1995, soit 350 millimes le kilo, sachant que les prix à la production sont les prix de vente de la production agricole aux commerçants. Le président du syndicat des agriculteurs de Tunisie a estimé « qu'il y a une incohérence dans la politique agricole gouvernementale et qu'il n'existe pas une approche globale et concertée à cet égard, ni un désir réel à trouver des solutions radicales aux problèmes du secteur et aux défaillances des filières de production agricoles, alors que le secteur agricole, a-t-il dit, a montré sa vitalité au cours de ces dernières années et a contribué activement à la réduction du déficit de la balance des paiements et de la balance commerciale grâce à son bon rendement et à l'accroissement des exportations agricoles notamment celles de l'huile d'olive et des dattes. Il a insisté sur la nécessité d'assurer la durabilité de ce bon rendement de l'agriculture tunisienne.