La crise ouverte qui secoue, depuis quelques temps, le parti de Nidâa Tounès, au pouvoir, à la suite des dernières élections législatives, de novembre 2014, a fini par provoquer sa scission. L'un de ses fondateurs et chef de file de l'aile dissidente, Mohsen Marzouk, a annoncé, hier, à Tunis, lors d'une conférence de presse, son retrait ainsi que celui de ses partisans de ce parti et la création d'une nouvelle formation politique se réclamant du même courant et du même legs politiques, une sorte de néo Nidâa Tounès, à l'image du néo Destour, créé le 2 mars 1934, à la ville de Ksar Hellal, dans le gouvernorat de Monastir, par le leader Habib Bourguiba et ses camarades du bureau politique du Parti libre destourien tunisien, l'ancien Destour, à la faveur d'une scission semblable. Pour marquer l'identité de son mouvement et de celui de Bourguiba, Mohsen Marzouk a indiqué que lui et ses camarades de l'aile dissidente ont choisi la date du 2 mars 2016 pour annoncer le nom de leur formation, et sa nature exacte, c'est-à-dire s'il va s'agir d'un parti politique ou d'un front plus large, lors d'un meeting rassemblant tous les militants de Nidâa Tounès qui soutiennent leur mouvement. Entre temps, a-t-il dit, la création officielle de ce néo Nidâa Tounès sera proclamée, officiellement, lors d'une réunion solennelle, ce dimanche 10 janvier 2016, soit le jour même de la clôture du Congrès consensuel de Nidâa Tounès, dit Congrès de la fidélité, organisé les 9 et 10 janvier, dans la ville de Sousse, par l'aile légitimiste dirigé par Hafedh Caid Essebsi, fils du président de la République, Béji Caid Essebsi, fondateur principal de Nidâa Tounès et son président incontesté jusqu'à son élection en décembre 2014 à la magistrature suprême. Ce fut aussi le début des luttes de faction qui vont progressivement ronger ce parti, allant en s'aggravant avant de le faire éclater totalement. Contestation du Congrès de la fidélité D'ailleurs, Mohsen Marzouk a déclaré, los de sa conférence de presse, que ni lui ni ses partisans ne reconnaissent la légitimité de ce Congrès qu'il a qualifié de congrès des directives et des inféodations et d'assises non démocratiques, consacrant les points de vue d'une faction en particulier et dont les résultats étaient préparés et convenus à l'avance. « Il s'agit plutôt d'un Congrès de la division et c'est pour cette raison que nous avons décidé de le boycotter, a-t-il dit, nommant Hafedh Caid Essebsi comme étant celui qui tire toutes les ficelles à son profit et déplorant « la faillite morale » dans laquelle était ainsi tombé Nidâa Tounès. Il a estimé qu'il y a eu une déviation flagrante par rapport aux principes convenus, notamment en ce qui concerne le respect des pratiques et règles démocratiques, que ce soit au sein des structures du parti ou au niveau de l'Etat, « instrumentalisé comme par le passé», ou encore à travers l'usage de la violence et des vieux procédés d'intimidation, à l'instar de l'accusation de trahison, à l'égard des membres qui défendent des points de vue différents. Aussi, il a présenté son mouvement comme étant un mouvement de refondation de Nidâa Tounès sur la base d'un projet national moderniste s'inspirant du bourguibisme et adhérant aux valeurs de la démocratie, de la liberté et du progrès dans son acception la plus large.