Le directeur général des prisons et de la rééducation, Saber Khéfifi, a indiqué, hier, dans des déclarations à la presse, en marge du lancement d'un projet de coopération tuniso- européen pour la réforme de l'institution pénitentiaire tunisienne, que le programme de réforme des prisons en Tunisie tend, entre autres, à renforcer le système des peines alternatives au lieu de l'emprisonnement, en élargissant l'expérience des bureaux chargés de l'application des peines alternatives auprès des tribunaux. Il a souligné que cette orientation est de nature à alléger la surcharge et la pression dont souffrent aussi bien les prisons tunisiennes que les magistrats et les tribunaux, de même qu'elle va aider à l'amélioration des conditions de détention au profit des prisonniers et des conditions de travail au profit des agents. Un bureau chargé de l'application des peines alternatives a été ouvert au tribunal de première instance de Sousse 2, en attendant la généralisation de l'expérience à d'autres tribunaux. Ces bureaux veillent à l'application des peines alternatives et à la conclusion des accords entre les prisonniers désireux de bénéficier de cette formule et les structures et entreprises économiques qui s'engagent à les employer dans le cadre du travail bénévole pour l'intérêt public, car les peines alternatives consistent à remplacer les peines de prison par le travail pour l'intérêt public, à titre gratuit. Selon le directeur général des prisons et de la rééducation, une journée de prison est remplacée par deux heures de travail pour l'intérêt public. Néanmoins, il a révélé que le nombre des prisonniers qui ont adhéré à cette formule reste faible et ne dépasse pas 200 prisonniers alors qu'il dépasse 20 mille en Algérie. Le nombre des détenus dans les prisons tunisiennes atteint environ 25 mille. La formule des peines alternatives permet de protéger ceux ayant fait des faux pas dans des affaires simples comme l'implication d'un accident de la route sans grande gravité ou la consommation de stupéfiants pour la première fois, contre le danger de sombrer totalement dans la délinquance à cause de la fréquentation des grands délinquants et l'influence de l'ambiance carcérale en général. Toutefois, le directeur général des prisons et de la rééducation a insisté sur le rôle qui revient à la société civile et aux différentes parties pour changer les mentalités et offrir de nouvelles chances de réinsertion en faveur des prisonniers acceptant d'adhérer à la formule des peines alternatives, de manière à renforcer ce choix à vocation humanitaire. Révision des législations Dans ce même contexte, le procureur général, directeur des services judiciaires au ministère de la Justice, Mohamed Hédi Ben Cheikh, a mis l'accent sur la nécessité d'accompagner cette réforme de l'institution pénitentiaire par une révision des législations et des textes réglementaires en rapport, dont le code pénal, et de mettre en place un cadre juridique pour le système des peines alternatives. Le projet de coopération tuniso-européen comporte notamment la mise à niveau des unités pénitentiaires tunisiennes et l'amélioration de l'infrastructure des prisons qui a beaucoup souffert pendant la révolution, outre la promotion de la formation des agents et cadres de manière à hisser progressivement les prisons tunisiennes au niveau des standards européens dans ce domaine. Une intervention spéciale est accomplie en faveur des prisons de Gabès et de Messaâdine, dans le gouvernorat de Sousse. Sur un autre plan et en réponse aux remarques des journalistes concernant notamment le traitement des prisonniers, le directeur général des prisons et de la rééducation a indiqué que les diverses associations, organisations et instances effectuent des visites régulières dans les prisons pour se rendre compte des conditions qui y règnent et parler en toute liberté avec les détenus, notant que 9 associations ont visité la prison de Mornaguia, la semaine dernière. Il a insisté sur le souci de la direction générale des prisons et de la rééducation de traiter tous les prisonniers sur un pied d'égalité sans la moindre discrimination, conformément au règlement général des prisons et elle refuse, à ce titre, de satisfaire les demandes des détenus pour terrorisme pour leur réserver des espaces spéciaux pour eux, leur permettre de s'habiller à leur manière et ne pas raser leurs cheveux et leurs barbes.