Les travaux d'un atelier de travail de deux jours sur la mise en place d'une stratégie nationale pour réduire la surpopulation carcérale dans les prisons tunisiennes ont démarré, vendredi 20 février, dans la banlieue nord de Gammarth, avec la participation d'experts nationaux et internationaux, à l'initiative du ministère de la Justice, du Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l'Homme et de l'Organisation internationale de la réforme pénale. Les participants ont été unanimes à estimer que la solution ne réside pas dans la construction de nouvelles prisons et l'augmentation des nombres des places dans les centres pénitentiaires mais dans le recours aux mesures alternatives et substitutives à la détention qui est devenue la règle et a contribué ainsi à cette surpopulation carcérale dans les prisons tunisiennes. D'après le directeur général des services pénitentiaires et de rééducation, Saber Khafifi, le taux de surcharge dans certaines prisons tunisiennes a atteint 150%. Le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa, a été, au cours de cet atelier de travail, le plus grand défenseur des mesures alternatives et substitutives à la détention, notamment la détention préventive, alors que la loi stipule que la détention préventive est une mesure exceptionnelle, a-t-il dit. Le nombre des détenus à titre préventif dépasse le nombre des prisonniers condamnés par les tribunaux, et un tiers d'entre eux sont soupçonnés d'avoir commis de simples délits. Le ministre a souligné la nécessité de réviser les textes de lois en vigueur à la lumière des dispositions de la nouvelle constitution et des conventions internationales en vue de mettre en place des mesures alternatives et substitutives à la détention avant la présentation des accusés devant les tribunaux et au cours des procès. Au même moment, les efforts se poursuivent pour restaurer quelques unes des prisons tunisiennes qui ont été exposées au cours de la révolution à des incendies et à des actes de saccage de sorte que leur infrastructure a été détériorée, ce qui a eu des effets négatifs sur les conditions de détention dans ces prisons. Bon traitement Dans ce même ordre d'idées, le représentant du Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l'Homme, Dimitri Shaliv, a plaidé, aussi, en faveur du recours aux mesures alternatives et substitutives, notant que dans de nombreux cas, il est possible d'éviter la détention, comme pour les personnes accusées de consommation de drogue qui représentent 53% des détenus à titre préventif dans les prisons tunisiennes et qu'on ne doit les emprisonner que si ces personnes représentent un danger pour la société. Le directeur général des services pénitentiaires et de rééducation, Saber Khafifi, a indiqué que l'un des problèmes qui entrave le bon rendement des centres pénitentiaires et de rééducation, est la surpopulation carcérale et l'augmentation continue du nombre des détenus dans les prisons tunisiennes qui sont au nombre de 27. Il a insisté sur le souci des responsables des prisons d'assurer le bon traitement des prisonniers et des conditions de détention normales, ainsi que d'œuvrer à la formation des prisonniers pour faciliter leur réinsertion, évoquant les efforts faits pour améliorer l'infrastructure de certaines prisons à travers la construction de chambres et de pavillons selon les normes internationales. Il a aussi mis l'accent sur la volonté de renforcer les prisons ouvertes, signalant la création d'une prison ouverte dans la localité de Oudhna, près de Tunis, pouvant accueillir 260 détenus, dès 2016, parallèlement au reclassement des prisonniers dans certaines prisons comme celles de Borj el Amri et La Manouba. De son côté, la représentante de l'Organisation internationale de la réforme pénale, Mme Taghrid Jaber, a souligné que la surcharge dans les prisons constitue une violation des droits de l'Homme, prônant le recours aux mesures alternatives de manière que la détention soit le dernier recours.