L' affaire qu'a eu à juger dernièrement le tribunal de première instance de Tunis, est assez originale quant à ses protagonistes qui sont censés inspirer confiance, étant habitués depuis belle lurette au contact avec le public, s'agissant d'un banquier et d'un agent immobilier. A, qui , en effet, peut-on confier son argent, sinon à son banquier, et à qui peut-on s'adresser, lorsqu'on projette de faire une bonne acquisition, sinon à son agent immobilier ? Hélas, ce ne fut pas le cas, en l'occurrence, car l'accusé principal est un banquier plein d'expérience, mais aussi de ruses et de malices, puisqu'il a été l'auteur principal d'une grosse arnaque, consistant en une vente fictive, avec des complices qui ont marché dans sa combine. Il s'agit d'un agent immobilier et d'un agent municipal, qui ont participé à l'exécution du plan mis au point par le banquier. Ce dernier a contacté l'agent immobilier pour lui demander de trouver un client pour l'achat d' un terrain front de mer pour la modique somme de 850 mille dinars. C'est une aubaine eu égard à l'emplacement du terrain, que l'acquéreur, n'a jamais vu , du reste, car c'est sur plan que le prix ainsi que le mode de paiement ont été discutés. L'agent immobilier a proposé l'affaire à l'un de ses clients qui accepta de suite. Il lui a donc, présenté des documents « officiels » établissant la régularité de l'opération. Il ne restait plus qu'à finaliser et payer la somme due. L'agent municipal, une dame qui a authentifié l'acte de vente par la légalisation des signatures des parties. Les coordonnées du propriétaire ont été présentées par l'agent immobilier. Toutefois l'acquéreur, s'est aperçu , à son grand étonnement, en allant enregistrer la vente à la conservation foncière, que le terrain n'existait même pas et que tous les documents étaient falsifiés, y compris, la pièces d'identité du soi-disant propriétaire , c'est-à-dire le vendeur. Il ne restait plus à l'acquéreur que de porter plainte contre l'agent immobilier, et le banquier. Ils ont été arrêtés et inculpés d'escroquerie et de falsification de documents. Devant le juge d'instruction, l'agent immobilier a déclaré qu'il ne savait pas que les documents étaient faux. Quant à l'employée de la municipalité, elle a déclaré qu'elle ignorait totalement que les pièces d'identité étaient falsifiées. Devant le tribunal le banquier a brillé par son absence, car il était en fuite, et c'est une présomption de mauvaise foi, car les absents ont toujours tort. C'est la raison pour laquelle il a été condamné à 5 ans de prison par défaut. L'employée municipale a été déclarée coupable car elle devait s'assurer de la présence du vendeur au moment de la légalisation de sa signature, et ne pas se contenter de voir sa carte d'identité, qui s'avéra falsifiée. Raison pour laquelle le tribunal l'a condamnée à 3 ans de prison ferme. Concernant l'agent immobilier, il n'y avait de preuves suffisantes de nature à établir sa culpabilité. Le tribunal a pour cette raison, prononcé son acquittement.