Après un été morose, les intentions de départ des européens ne sont pas encore visibles. Elles sont à ce jour en régression de 70 à 90%. Les réservations se faisant de plus en plus à la dernière minute. Pourtant la Tunisie est plus que jamais leur destination préférée. Par sa proximité, son bon rapport qualité-prix, elle est également en mesure de convaincre les indécis à venir nombreux. Mais pourquoi les européens boudent la destination ? Les ventes de janvier donnent un premier état des lieux. Pour tout dire il n'est pas brillant après un trime très impacté par les crises et les trois derniers attentats .Aujourd'hui les ventes se font en dents de scie, de façon très inégale, sans beaucoup de visibilité. Les TO déprogramment la Tunisie. Le voyagiste britannique Thomas Cook vient d'annoncer la fermeture de la Tunisie pour la saison estivale 2016, soit jusqu'au 31 octobre prochain. TUI France n'a pas changé sa position : la destination reste programmée pour l'été 2016 avec un recentrage sur la région de Djerba. Seules quatre propositions sont affichées sur Marmara.com avec le club Marmara Palm Beach, le Sensimar Palm Beach Palace, le club Robinson Djerba Bahiya et l'hôtel Welcome Méridiana. Fram dispose pour sa part d'une offre limitée à Hammamet et surtout à Djerba, avec notamment deux Framissima, le Golf Beach et le Welcome Meridiana. Sa filiale Plein Vent y commercialise deux adresses en hôtel animé avec les clubs Isis and Spa et Ksar Djerba. Le Club Méditerranée ne dispose plus que d'un Village, Djerba La Douce. Le 19 janvier 2016, le tour-opérateur de 284 chambres et suites (4 étoiles) connu initialement sous le nom de Dar Midoun. Le Club Med a décidé de fermer pendant la saison hivernale son village de Djerba en Tunisie en raison d'une baisse de la fréquentation Laurent Abitbol, le patron de Voyamar (groupe Marietton) avoue de son côté que la fréquentation est quasiment nulle actuellement vers la destination. Il prévoit que la Tunisie se vendra l'an prochain "à Pâques et en août à des prix très attractifs. Wahida Jaeit directrice de l'ONTT à Paris , souligne que certains TO s'accrochent et se battent pour que la Tunisie continue à être programmée. « Ce n'est pas dans l'intérêt d'un TO d'arrêter une destination même si les résultats sont mauvais. J'ai rencontré les représentants du SNAV et du SETO et ils m'ont exprimé leur soutien et leur solidarité. » Pour le PDG du TO Authentique Tunisie, Hakim Tounsi : « La Tunisie ne peut pas rester absente du véritable champ de bataille où se jouent les enjeux de la commercialisation de ses produits touristiques, sans courir le risque d'en supporter les mauvaises conséquences. Le capital tunisien qu'il soit humain ou financier, le système bancaire tunisien ne peuvent pas rester en spectateurs subissant les seules performances des opérateurs étrangers bonnes ou mauvaises, constatant d'année en année le degré de réussite ou d'échec des saisons touristiques et en comptabilisant amèrement les impayés et les difficultés du secteur. L'avenir du tourisme tunisien passe par un commercial puissant, un marketing rayonnant et performant, tous les deux nécessitant des moyens technologiques et humains très coûteux. Il appartient aux tunisiens, banquiers et hommes d'affaires de prendre leurs responsabilités sans détours pour assumer leur destinée et tracer eux-mêmes l'avenir de leurs affaires. Il est inadmissible de voir un pays investir en moyenne entre 40 et 100 millions de dinars (20 et 50 millions d'Euros) par hôtel et en construire plus de huit cent unités et n'investir même pas 10 millions de dinars (près de 5 Millions d'Euros) dans un tour opérateur capable de commercialiser cette capacité hôtelière. C'est facile de jeter la responsabilité sur les tour-opérateurs. Maintenant qu'ils ne sont plus là et qu'ils ont décidé de boycotter la destination jusqu'à nouvel ordre qu'est-ce qu'on fait ? On ferme les hôtels et comme suggèrent certains on les transforme en bureaux, résidences universitaires, appartements etc, ou on s'assume, on retrousse les manches, on délie sa bourse et on y va par nous-mêmes ? La Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) nous éblouit de son côté par son silence et son absence. Aucune initiative. Tout baigne comme si de rien n'était. Quand à l'administration tunisienne qui ne peut pas aider et investir avec les TO tunisiens invoquant leur petite taille ou l'absence d'outils juridiques et financiers pour le faire, je réponds qu'il lui appartient de créer sans tarder ces outils parce qu'elle est faite pour servir le pays et bien veiller sur son avenir et la pérennité de son économie. Pour une situation exceptionnelle il faut des mesures de prise de décision et de gestion exceptionnelles qui privilégient la rapidité d'action et l'anticipation. Où en est-on par rapport à cela ? » En attendant, nos professionnels et compagnies aériennes doivent bouger. Hakim Tounsi estime que la « solution serait d'encourager les tour-opérateurs français à revenir mettre en place progressivement des affrètements charter vers la Tunisie dans des conditions attractives, même s'il faut commencer dans un premier temps pour 2016 par juillet et août. L'appétit venant en mangeant, comme on dit, le démarrage avec juillet et août pourrait lever l'appréhension, la peur et ferait poursuivre les flux au-delà de l'été. Pour faire revenir les tour-opérateurs du marché français, il faudrait qu'on puisse leur proposer des sièges charters, réservés au marché touristique, à 100€ hors taxes au lieu de 165€. D'autres pays comme l'Egypte le font en subventionnant le siège par une caisse dédiée à la promotion du tourisme. L'idée serait qu'on arrive en Tunisie à proposer le tarif de 100€ hors taxes en utilisant davantage la flotte de Tunisair et proposer le tarif de 100€ pour les vols de 3ème et 4ème slots par exemple (vols partant de Tunisie vers 19H00 et revenant vers minuit ou 1 heure du matin). Encore une fois, avons-nous la volonté politique et humaine en Tunisie pour redresser le tourisme tunisien, notre économie et notre pays? Le redressement est l'affaire de tous les Tunisiens et nécessite des mesures exceptionnelles sans lesquelles nous continuerons à perdre du terrain. »