« Ecrire dans la langue d'autrui c'est comme vivre dans un hôtel. C'est chouette, c'est bien mais à la longue c'est fatigant parce qu'on n'est pas dans ses meubles ». Déclare Fawzi Mellah lors d'une intervention dans un colloque qui s'est tenu, dernièrement, à Beit Al-Hikma concernant la littérature française contemporaine et des nouvelles formes qu'elle a arborées ces dernières années. Avec beaucoup de sarcasme, Fawzi Mellah, qui est écrivain et journaliste tunisien, a choisi Don Quichotte comme modèle pour démontrer les points en commun entre le personnage et les écrivains en langue étrangère :'' la folie, les fantômes et les batailles''. Un chemin solitaire et tortueux, que tout écrivain en langue étrangère rencontre. Un commentaire qui suscite une réflexion profonde sur les risques et les enjeux de la littérature française en Tunisie. Depuis la colonisation française, le monde maghrébin a connu un rebondissement concernant la littérature française. La différence, en tout genre, des deux cultures a fait naître bon nombre d'écrivains créant des œuvres. On distingue parmi les 120 écrivains tunisiens en langue française, une quarantaine dans le domaine de la poésie, une quarantaine dans le domaine du roman, alors qu'une autre se consacre au récit pour enfant et le reste s'active un peu partout. Un chiffre bien malingre. Sommes-nous en train de nous désintéresser de la littérature française en Tunisie ? La langue française prend elle de l'âge chez nous? Aurait-elle perdu ses fans et ses fidèles ? Cette langue si longtemps imitée et utilisée, subit-elle une usure ou ne ferait-elle plus rêver tout simplement? Fawzi Mellah l'a bien dit « l'écrivain français pourra compter sur ses compatriotes pour acheter le livre » sauf qu'en Tunisie, le compatriote en question préféra s'acheter une autre paire de chaussures à 100 DT au minimum ou une énième casquette à 50 DT que d'acheter un livre. Une crise qui s'est installée en Tunisie ces dernières années concernant la lecture, la littérature, etc... c'est inquiétant. Loin de généraliser, disons surtout qu'une toute petite minorité trouve encore latitude de lire. Sans compter que même les écrivains Tunisiens baissent les bras et pour dire que c'est déjà difficile d'écrire en langue étrangère, savoir que la traversée baigne dans la solitude ne les motivent pas plus. Fawzi mellah, âgé de 69 ans a écrit, deux romans, un essaie, un récit, et deux pièces de théâtre. Alors que, au cours de la même séance présidée par Alia Baccar, Antoine Volodine, âgé de 66 ans, a déjà écrit 21 romans, traduit plus de 9 livres du portugais et du russe au français et écrit des textes de pièces de théâtre. Chevalier de Méré a dit «Trois choses font un savant homme, la lecture, la conversation et la rêverie ; l'une enrichit la mémoire, l'autre polit son esprit; et la dernière forme son jugement. » Tachant de ne pas l'oublier et faisant en sorte de faire vivre la littérature pour notre bien et le bien du pays.