Le secteur bancaire est toujours considéré comme la dynamo de l'économie. Du fait de sa contribution dans le financement de l'économie tunisienne, le secteur bancaire demeure soumis à l'observation et à l'évaluation permanentes des institutions nationales ou internationales. Le processus de restructuration et de modernisation du secteur a été lancé depuis longtemps et vise à mettre les banques tunisiennes au diapason de la concurrence étrangère. En dépit des améliorations enregistrées par les banques de la place en 2006, la libéralisation financière et l'ouverture du pays aux banques étrangères, nécessitent une accélération des réformes permettant la consolidation de leurs assises financières et la réduction du ratio des créances classées qui reste le canard boiteux des banques tunisiennes. Le département Recherches et Etudes de Tunisie Valeurs a récemment publié les résultats d'une enquête sur le secteur bancaire tunisien. A première vue et malgré la multiplication des opérations de fusion et de privatisation, le paysage bancaire reste à domination publique. L'Etat contrôle 47% du secteur. En effet trois banques publiques : la STB (Société Tunisienne de Banques), la BNA (Banque Nationale Agricole) et la BH (Banque de l'Habitat) accaparent 47% du marché en terme de crédits accordés. En 2006, les 20 banques de la place ont enregistré un taux de croissance de 7,5% de leurs encours de crédit. Cette croissance est principalement due au dynamisme enregistré par les crédits de consommation et les crédits particuliers. A noter que l'Arab Tunisian Bank (ATB) a enregistré le meilleur taux de croissance en réalisant un taux de croissance des encours de crédits estimés à 4,9% en 2005 contre 5,4% en 2006. La hausse des crédits particuliers, notamment les crédits de logement, de voiture et de consommation courante a largement contribué à l'élargissement des encours bancaires permettant ainsi de diminuer la perte substantielle enregistrée en terme de crédits destinés à l'investissement privé. Le repli des crédits destinés à l'investissement privé est expliqué par la fragilité financière des entreprises tunisiennes et par la sous-capitalisation de certains groupes industriels. Or, depuis la nuit des temps les entreprises tunisiennes souffrent de problèmes de financement et déplorent la réticence des banques tunisiennes à financer les projets d'investissement. Donc la fragilité financière des entreprises ne peut servir d'alibi pour restreindre les encours affectés à l'investissement privé et destinés à impulser le rythme de création d'entreprises et d'emplois. Les banques évitent les risques de créances classées ou encore de créances irrecouvrables, lesquelles pèsent lourdement sur les banques tunisiennes. D'autant plus que l'insolvabilité ou le risque de cessation de paiement touche aussi bien les groupes de renommée que les « petits » investisseurs. D'où l'obligation pour les banques d'améliorer leur gestion de risques, de manière à se conformer aux recommandations de Bâle 1. Le coût du risque moyen du secteur est estimé à 27%. L'adoption d'un système de notation interne des risques et d'audit interne s'avère incontournable pour les banques de manière à leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans le financement de l'économie tout en préservant leur assise financière. Taux de couverture moyen des crédits bancaires : 54% ; l'objectif est d'atteindre 70% en 2009 Après un long processus de restructuration et d'assainissement financier des banques tunisiennes, le taux de créances accrochées a été ramené à 19% en 2006. Mais ce taux qui demeure encore le talon d'Achille du secteur est jugé insuffisant pour assurer la pérennité et l'expansion des banques pour affronter la concurrence étrangère. Du fait, la priorité a été donnée au renforcement des provisions bancaires. La Banque Centrale de Tunisie a ainsi fixé pour objectif de ramener le taux de créances classées à 15% et d'atteindre un taux de couverture de crédits de 70% au minimum. Par ailleurs, les banques sont amenées à assurer un taux de provision minimum de 40% conformément aux exigences de la BCT. Les banques sont également sollicitées à améliorer leur taux de couverture des crédits. Le taux de couverture moyen du secteur s'est établi à 54% seulement en 2006. Seules la Banque de Tunisie, l'Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie (UBCI) et la Banque de l'Habitat (BH), sont parvenues à atteindre les normes requises en dépassant un taux de 70%. La meilleure performance a été enregistrée par la Banque de Tunisie (BT) en réalisant un taux de couverture de 95,5% et cible un taux de 100% à l'horizon 2009. La Société Tunisienne de Banques (STB), la première banque en Tunisie en terme de parts de marché, a réalisé un taux de 34,9%. L'épargne logement aux alentours de 4% Concernant les revenus bancaires et malgré le développement des services bancaires à commissions, la structure du produit net bancaire (PNB) reste dominée par les marges d'intérêts qui représentent 57,2%. Les marges de commission ne représentent que 22,1% de la structure du PNB. La croissance notable des PNB enregistrée en 2006 est principalement due à l'accroissement des dépôts à terme qui n'est autre que le fruit de la démarche commerciale poursuivie par les banques à travers le colportage des particuliers. En effet, les taux d'intérêts pratiqués pour les particuliers sont supérieurs à ceux appliqués sur les crédits accordés aux entreprises. Néanmoins, la part des fonds propres dans la structure des ressources ne dépasse pas les 11% et l'épargne logement ne dépasse guère les 4%. La rentabilité des actifs et des fonds propres reste insuffisante Du côté de la rentabilité, les banques tunisiennes souffrent d'une faible rentabilité de leurs actifs et de leurs fonds propres. L'assainissement bancaire, à travers le renforcement de leur provisionnement se fait aux dépens de leur rentabilité. En 2006, la rentabilité des actifs et la rentabilité des fonds propres se sont respectivement établies à 0,7% et à 7,17%. Mise à part la Banque de Tunisie (BT) qui a enregistré un taux de retour sur actif de 2,26%, les taux réalisés par les autres banques de la place restent en dessous des normes internationales. Pour le taux de rentabilité des fonds propres, à l'exception de l'ATB qui a enregistré un taux de 18,29%, les banques tunisiennes peinent toujours à atteindre le niveau de rentabilité requis. Résultats des courses, les banques tunisiennes sont parvenues à soutenir leur capacité de provisionnement et ce au détriment de leur rentabilité. Le processus de restructuration et de modernisation des banques n'a pas touché à sa fin. La consolidation des assises financières et le renforcement des fonds propres en ventilant les créances accrochées sont les principaux défis à relever par les banques. Yosr GUERFEL
En chiffres 20 banques 15 établissements financiers dont 11 sociétés de leasing, 2 banques d'affaires et de sociétés de factoring 8 banques off shore 9 bureaux de représentation de banques et d'établissements financiers internationaux Un réseau bancaire développant un service de proximité de plus de 100 agences, toutes enseignes confondues.