Grande oeuvre et magistrale interprétation. D'une intensité à couper le souffle du public et à lui faire renoncer à ses applaudissements tant l'occasion se présenterait de saluer, au fil de ce long concert d'un seul tenant, les solistes autant 'instrumentistes de l'orchestre symphonique tunisien. Nul n'osera cependant briser l'inspiration, le charme et le sacré. A n'en pas douter, ce samedi, au centre culturel Néapolis, dont l'acoustique admirable a été apprivoisée au fil des répétitions, il y a de la magie dans l'air, voire du miracle dans l'art. Avec une lecture intelligente du répertoire symphonique classique, Patrice Pinero, très élégant et à la tête d'une armada de 60 solistes et instrumentistes, est à féliciter pour le travail accompli. Il a invité le public pour un long voyage musical à travers les envolées passionnantes de la musique classique. Impossible de ne pas saluer et la haute et fascinante comme souriante présence de Caroline Felfel qui a accompagné l'orchestre durant son concert. Le maestro Hafedh Makni a saisi l'occasion pour mettre en relief le goût artistique du public qui a suivi attentivement les interprétations symphoniques. La salle du complexe Néapolis est déjà très tôt pleine à craquer et l'assistance est aussi impatiente que curieuse de découvrir le grand chef d'orchestre Patrice Pinero, venu de France. L'orchestre a ouvert le bal avec « la symphonie n°8 dite inachevée de Franz Shubert. Cette symphonie inachevée de Schubert a été découverte après la mort de son compositeur. Pourquoi inachevée? Car elle ne comporte que deux mouvements – toutefois, rien n'indique que Schubert désirait en écrire plus! La communion était totale avec le public. Le soliste Taieb Felfel au violon offre par la suite un moment musical rare qui souleva l'enthousiasme des présents. Il interpréta « Danses roumaines Bela Bartok »Ce moment de pureté vaut toutes les philosophies du monde", dira un spectateur encore sous le charme de la virtuosité du musicien. La clarinette de sa femme Caroline a immédiatement séduit les compositeurs grâce à sa sonorité malléable et son extraordinaire souplesse à travers ses différents registres couvrant une tessiture la plus singulière des instruments à vents.Le bonheur continue sous la houlette de Hafedh Makni et enchaîne avec " Petite suite pour Orchestre de Claude Debussy Valse triste de Sibelius" dirigée par Jawhar Matmati, dégageant une musique vivante et agréable, longuement ovationnée par un auditoire conquis. L'assistance a pu découvrir la magie de cette musique si colorée et si entraînante et surtout du Concerto N° 1 de franz Liszt joué par Mehdi Trabelsi .Ce grand pianiste dont on mesure une fois encore l'assurance d'une musicalité où la technique sans faille le dispute à la sensibilité des plus vives a joué avec beaucoup de prouesse, parvenant ainsi à traduire et à transmettre les sonorités raffinées de Franz Liszt. Le résultat fut une performance de haute facture. Impossible encore de ne pas succomber, non plus, à ce charme colossal et limpide du violoniste et compositeur Anis Hammami, si talentueux violoniste, artiste faisant montre d'un bonheur radieux de se retrouver au coeur de l'orchestre avec sa composition « Sanade » Le grand maestro Patrice Pinero aime cet ensemble dans lequel il se fond lui aussi pour communiquer, avec ferveur, fièvre et passion, précision, toute l'âme d'une juste interprétation partagée. Passionnant est cet orchestre symphonique tunisien qui n'en finit pas d'embellir et de nous séduire