Quand la crise du mouvement de Nidaa Tounes a touché le fond – à la suite de la démission d'un grand nombre de députés du groupe de son bloc parlementaire – l'Union patriotique libre a manifesté son intention de fusionner avec le parti majoritaire du pays afin que l'équilibre du paysage politique soit maintenu. D'ailleurs, l'annonce – faite officieusement à la suite d'une fuite – avait amené Slim Riahi à mener de longues discussions avec les députés de son parti qui s'opposaient, en majorité, à cette fusion. Presque deux mois plus tard, il semble que cette idée a été définitivement abandonnée. Toutefois, ce renoncement n'a pas servi à mettre fin aux petits conflits qui s'y mijotent depuis quelques mois déjà. Le premier éclatement est survenu suite à la nomination de Mohsen Hassan à la tête du ministère du Commerce. Ayant le poste de président du bloc de l'UPL devenu vacant au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Slim Riahi aurait fait comprendre, pendant un bon moment, à Youssef Jouini qu'il serait le successeur de Hassan. Cette promesse, n'ayant pas été tenue, – puisque Mohsen Hassan a finalement été remplacé par Nourredine Achour à la présidence du bloc – a amené Youssef Jouini, dans un premier temps, à présenter sa démission et du parti et du bloc. Avant de revenir sur sa décision de quitter le navire, le député avait tenu des déclarations enflammées où il avait assuré que le ‘parti est un mensonge fait de toutes pièces'. Quelques semaines après, et à cause d'affaires relatives au football – puisque, ne l'oublions pas, le chef de l'UPL, mélangeant politique et sport, est également le président du Club Africain – M. Riahi s'est ouvertement attaqué au ministre de la Jeunesse et du sport, Maher Ben Dhia, en le traitant de ‘lâche'. Le président s'est même permis de pointer du doigt le chef du gouvernement, Habib Essid, en l'accusant d'être passif face à ce qui se passe dans le pays (ce qui se passe dans le monde du football tunisien). Suite à ces déclarations, Maher Ben Dhia s'est dépêché de présenter sa démission de l'UPL estimant que Slim Riahi a porté atteinte au prestige de l'Etat. De son côté, la présidence du gouvernement a fait mine de ne pas avoir entendu les accusations de M. Riahi, président de l'un des partis de la coalition au pouvoir... S'il est vrai que le Quartet a toujours manqué d'harmonie, les positions et les déclarations du président de l'Union patriotique libre demeurent incompréhensibles. Slim Riahi a toujours eu du mal à séparer sa casquette politique de celle sportive, mais de là à s'attaquer à un ministre qui appartient à son parti et à un chef de gouvernement qu'il est supposé soutenir, cela relève du surréalisme. Aujourd'hui, l'UPL – représenté par trois ministres au gouvernement – a de plus en plus de mal à s'imposer dans la coalition des partis au pouvoir. Son bloc à l'ARP figure parmi les ceux proposant le moins de textes de projets de loi. Sur l'échiquier politique et médiatique, le parti est quasi inexistant ; lors de l'opération de Ben Guerdane, et à part les déclarations suspectes et très douteuses de Tahar Fadhil, député de l'UPL, aucun représentant de ce parti n'a été efficacement présent sur les nombreux plateaux qui ont été consacrés à ce drame majeur. Le parti ne possède plus de figures qui le représentent et si ce manque n'est pas rapidement traité, l'UPL risque de connaître une crise bien pire que celle qu'a vécue le mouvement de Nidaa Tounes.