En continuation avec le congrès des intellectuels tunisiens contre le terrorisme tenu, l'été dernier, un colloque similaire sur « la culture face au terrorisme » a été organisé, lundi 28 mars, en marge de la 32ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis, au palais des expositions du Kram, à l'initiative de la direction de la Foire et de plusieurs autres partenaires dont des établissements d'enseignement supérieur. Ouvrant les travaux, le ministre chargé des relations avec les Instances constitutionnelles et la société civile, Kamel Jendoubi, a mis l'accent sur le rôle revenant à la culture et aux intellectuels tunisiens en général dans la lutte contre le terrorisme, notamment en vue de la compréhension exacte de ses cause profondes en tant que condition sine qua non pour l'extirper, car, a-t-il dit, l'arme de la culture et de la connaissance n'est pas encore suffisamment employée comme il se doit dans ce domaine. D'autant, a-t-il ajouté, qu'en ce qui concerne la Tunisie, il y a vraiment une contradiction à ce propos, en ce que la Tunisie est à la fois le berceau du printemps arabe et le plus gros exportateur de jihadistes et de volontaires pour les groupes terroristes armés dans les foyers de tension où ces groupes terroristes armées prolifèrent et opèrent. Il a ajouté que les facteurs économiques et sociaux ne suffisent pas à expliquer l'adhésion aux idéologies et projets terroristes, car tous les pauvres ne sont pas des jihadistes, ni non plus les facteurs religieux, dans la mesure où, à part les cadres et les dirigeants des groupes terroristes, la grande masse des combattants jihadistes ont une culture religieuse très rudimentaire. Aussi, il a préconisé la multiplication des recherches scientifiques approfondies sur le terrorisme afin de mieux cerner ses causes, en mettant à profit la large documentation fournie par la justice et les affaires judiciaires relatives aux groupes terroristes, outre les témoignages des familles des jeunes endoctrinés et enrôlés par les organisations terroristes. Après avoir signalé l'importance que la lutte internationale contre le terrorisme accorde désormais au volet relatif à la prévention contre ce fléau, il a fait remarquer que cette prévention exige la possession d'une connaissance approfondie du phénomène et de ses causes réelles. Il s'est inscrit en faux contre les amalgames entre la lutte contre le terrorisme et la « mise entre parenthèses » des droits de l'homme et de la démocratie, comme si les droits de l'homme et la démocratie, a-t-il dit, sont responsables du terrorisme ou entravent la lutte contre le terrorisme, mais au contraire, les droits de l'homme, la démocratie, autant que l'arme culturelle sont les meilleures ripostes contre le péril terroriste. Le politologue et chercheur tunisien établi en Suisse, Riadh Sidaoui, a distingué entre les simples combattants jihadistes, comme les kamikazes, qui sont des individus psychologiquement faibles , voire des psychopathes facilement manipulables, et les cadres et dirigeants des groupes terroristes qui, eux, ont des projets politiques réfléchis et se servent de ces simples gens endoctrinés pour le concrétiser, insistant sur le facteur économique, c'est-à-dire l'attrait du bon salaire, dans l'adhésion des jeunes désorientés et marginalisés aux projets terroristes. Il a signalé l'existence d'une dynamique interne au sein des groupes terroristes qui offre aux combattants et volontaires une certaine assise, et des prétextes à leurs actes même les plus barbares, à l'instar de celle offerte par la famille et la société pour les individus socialement intégrés, estimant que la lutte contre le terrorise doit tendre à détruire et à briser cette dynamique interne.