Lit-on un peu, beaucoup ou jamais ? Pourtant les critiques qui se déversent à ce sujet convergent tous pour dire que la réconciliation du Tunisien avec le livre n'est pas pour sitôt. Le sujet a fait certes couler beaucoup d'encre sans qu'aucune incidence effective ne vienne influer d'une manière décisive sur la relation du Tunisien avec le livre ? Le sondage d'opinion réalisé par EMRHOD CONSULTING qui confirme cette idée, vient par moments, nous inciter à agir sans attendre pour renouer avec le livre et les belles lettres. « Chaque lecture est un acte de résistance »dit-on, en ce sens où une lecture bien menée sauve de tout. Y compris de soi-même. Chacun d'entre nous se serait donné à cet acte salvateur avec plus ou moins d'entrain, la lecture comme acte essentiel qui agira comme thérapie indéniable à nous épargner les vicissitudes et la pesanteur d'une vie sordide et intraitable. Une lecture qui délasse, passionne, nourrit et aère l'esprit. Sauf que ce plaidoyer pour la lecture ne semble pas être du goût de tous. Le Tunisien, Monsieur tout le monde et Madame n'importe qui ne sont pas vraiment portés sur le livre qu'on possède, qu'on lit et auquel on donne une seconde vie en l'offrant ou le prêtant à des proches. Les chiffres sont là pour le montrer. Des chiffres qui donnent froid dans le dos mais qui ne changeront point la donne si jamais ils n'orienteront pas une stratégie dûment définie et appliquée par les connaisseurs,... loin des petits jeux minables du copinage, ô combien cher aux Tunisiens. EMRHOD CONSULTING, pour revenir à l'essentiel de ce sondage, a réalisé l'enquête via le téléphone entre les 24 et 27 mars 2016 auprès d'un échantillon de 1000 personnes, représentant la population tunisienne. Il en ressort une évidence qui dit que 75% de l'échantillon objet du sondage ne possèdent pas de livres excepté le saint Coran, des magazines, des livres scolaires. Une aberration, un déficit, pourrait-on penser. Au lecteur d'en juger. A une question posée sur l'achat des livres, seuls 14% ont affirmé qu'ils se sont procurés un livre depuis 12 mois alors que la majorité saillante, soit 82% de l'échantillon ont répondu par la négative. Quelle insouciance ? Le sondage ne donne pas d'éléments de réponses quant aux causes de ce fait. Le prix du livre jugé excessif pour la bourse du tunisien moyen serait-il un motif valable pour bouder la lecture ? On ne sait pas encore mais, ce qui est sûr, par ailleurs, est que seuls 18% de l'échantillon ont confié avoir lu un livre en l'an 2016. Il en serait de même pour l'année précédente puisque 12 % de ce même échantillon a affirmé avoir lu un livre en dehors des versets du Coran. Et en ‘'humbles féministes'', certaines d'entre nous ne pourraient passer sans souligner que 21 % des Tunisiennes ont lu un livre depuis un an contre 15 % de la gent masculine. De quoi jalouser nos jules bons éléments et assidus du Narguilé. Les femmes tunisiennes seraient meilleures lectrices que les hommes. Mais en dehors des questions sexistes, il s'agit de poser des questions beaucoup plus profondes, celles qui nous amèneraient à en savoir plus sur la nature de ces lectures, et à appréhender de manière beaucoup plus concrète le comportement du mauvais lecteur.