On ne sait pas pourquoi les maîtres à bord tiennent-ils toujours à ce projet de passage en surface du RFR au niveau du Bardo, alors que cette variante est rejetée par les citoyens l'accusant de ghettoïsation de la localité, de séparation et d'isolation des gens, les uns des autres, alors que d'autres solutions sont envisageables. Quand est-ce que tous ces responsables impliqués dans ce grand dossier vicieux seront capables de prendre en considération l'avis unanime des habitants du Bardo ? Ils sont vraiment en train de jouer avec le feu, car si leur avant-projet passe, ça risquent de renforcer l'antipathie, la rancœur, la segmentation et la fragmentation du Bardo. Il y aura un Bardo Nord et un Bardo Sud, et cela générera des problèmes énormes puisque tout est concentré au nord (leur nord bien entendu) : écoles, cabinets, supermarchés, boulangeries, pâtisseries, salles de sport, endroits de divertissements et culture, lieux de culte, cabinets d'examens médicaux, administrations, banques, poste... dont l'accès sera pénible pour les ‘sudistes', à cause de la possible implantation du réseau ferroviaire rapide, s'il voit le jour comme le veulent ses concepteurs. L'histoire de la politique de la ville ne semble pas leur avoir servi de leçon. Ne sous-estiment-ils pas cette bombe à retardement qu'est la ghettoïsation de la dite localité ? Ce sont les jeunes de ces cités qui avaient été à l'origine de ce qui était devenu une révolution en janvier 2011. Dans dix, quinze ou vingt ans leurs héritiers en auront marre de leurs cités dortoirs, de leurs quartiers qui pourraient devenir encore plus précarisés et plus pauvres. Ils se sentiront eux aussi rejetés, abandonnés à leur sort et associés à leurs semblables des autres cités limitrophes (Somrane, Ezzouhour, Zahrouni...) Ils contesteront un jour ou l'autre la discrimination, la ségrégation, et ils risquent de le faire savoir haut et fort. Personne ne souhaite revivre toutes ces scènes cauchemardesques de ce fameux premier mois de l'an 2011, qui hantent encore les esprits aujourd'hui... On n'a pas besoin de visiter les grandes mégapoles pour constater la déficience de nos réseaux de transport. Restons dans notre continent et allons voir certaines villes qui étaient loin derrière nous il y a deux ou trois décades. Quand on s'y rend présentement, il y a de quoi rougir de honte parce qu'ils ont non seulement rattrapé leur retard, mais ils ont plusieurs longueurs d'avance sur nous en matière de transport urbain. Les gouvernants de cette ère ne voient pas loin, se foutent du fait que la ville d'aujourd'hui s'éloigne de plus en plus de la ville historique. Le passé du Bardo surtout celui beylical et des quatre premières décennies de l'indépendance dérange et certains cherchent par tous les moyens à mettre une croix dessus. Tous ces principes séparatifs qu'on veut par tous les moyens imposer aux citoyens du Bardo sont irrecevables. Votre réseau RFR tel que l'avez conçu est un paramètre ubiquiste séparant habitants du Bardo en classes aisées et classes moyennes, en élites pour qui tout est à côté et indigents casaniers... La cohésion sociale, la compréhension, le dialogue, l'égalité entre tous les êtres humains, et les avis des résidents ne comptent pas, et ce n'est pas normal. Ne pas écouter les gens, ne pas analyser tous les problèmes, la prise de décision unilatérale, ne fait pas partie du processus démocratique.