Mémoire du temps présent: Blocages répétitifs anti-nationaux et anti-patriotiques.. L'UGTT doit rectifier le tir ! Par Khaled Guezmir - Le masochisme c'est cette attitude d'autodestruction dans laquelle on ne trouve de plaisir que dans la douleur physique ou les humiliations psychiques, en bref, une situation de « jouissance » de la souffrance qui pousse les individus à vivre dans la frustration permanente. Eh bien, nous y sommes en plein comme au temps des poètes apprentis dont la douleur est le maître ! Plus les institutions internationales expriment leur admiration et leur soutien pour le courage de ce pays et de son peuple à affronter toutes les adversités nées d'accumulations passées mais aussi de dérapages et de mauvais choix présents, et plus les Tunisiens s'acharnent à se faire mal à eux-mêmes, en ramant à contre courant des intérêts majeurs de cette Nation, par l'infantilisme des uns, l'irresponsabilité des autres et la persistance dans l'erreur à bien des niveaux. Mme Christine Lagarde, brillante présidente du FMI, et grande amie de la Tunisie, aura tout compris en affirmant que ce pays a besoin d'être « soulagé » après une « révolution » éreintante qui a réussi au niveau politique mais qui a donné un désastre économique ! Les causes sont archi-connues de cette déroute économique à commencer par l'apparition au grand jour du terrorisme couvé pendant des décennies dans les loges de la prédication obscurantiste de l'islamisme politique radical qui a enfanté de véritables « monstres » au nom d'une religion révélée pour être pacifique et apaisante. Mme Lagarde sait, plus que tout le monde, ce que les attentats du Bardo, de Sousse et de l'avenue Mohamed V à Tunis, ajoutés aux dizaines d'attaques contre nos forces de sécurité, de l'armée nationale, et des citoyens, sur tout le territoire tunisien, ont coûté à ce pays déjà très fragilisé par le chômage des jeunes et les revendications des régions défavorisées et démunies de la dorsale Ouest du Nord au Sud. Des milliers de milliards perdus, car l'objectif de Daëch et de ses sombres brigades de la mort était tout simplement de mettre à genoux l'économie, la production et les investissements nouveaux générateurs d'emploi, et ce pour affamer ce peuple, le pousser au désespoir et au suicide collectif. Par conséquent, la sagesse de la classe politique, des partis, et surtout des syndicats qui ont une grande expérience dans la gestion des crises depuis le grand Hached, aurait été de faire la différence comme le disait, aussi, le grand Bourguiba, entre « l'essentiel » et « l'important » (Al Aham wal Mouhem), le possible et le souhaité, l'urgence et la planification, afin d'éviter un naufrage annoncé de « l'embarcation Tunisie », avec tant d'exigences et tant d'accumulation des demandes, qu'aucun Etat au monde fusse-t-il à Washington, Paris ou Londres, n'est capable de satisfaire. Le surenchère syndicale, régionale, locale et même centrale, d'habitude plus réservée et plus conciliante au niveau de l'arbitrage, a installé ce pays dans la fermentation sociale permanente depuis cinq ans, éclipsant même, les partis extrémistes de gauche censés plus agissant et plus orientés à jouer la « Rue » contre l'Etat, les institutions et les structures économiques de production. Nous sommes, de fait, devant une mutation plutôt nouvelle, où l'UGTT se positionne non seulement comme le parti essentiel de la mobilisation syndicale et sociale générale, mais aussi et plus largement comme une force non pas de rééquilibrage social mais de commandement politique. Le déficit des partis radicaux, de gauche comme le Front populaire, est, donc, largement compensé par le coup de pouce manifeste et continu de la centrale syndicale, à prendre le relais dans cette nouvelle confrontation économique mais aussi politique entre les forces de conservation et de pragmatisme libéral et les forces qui veulent ressusciter l'Etat providence l'Etat gestionnaire et industriel, l'Etat agriculteur et employeur des années 60. Cette confrontation aurait été à la limite acceptable dans la mesure où deux projets de société sont proposés aux électeurs en toute sérénité démocratique qui rejette le changement politique par la violence. Mais, les choses se passent malheureusement différemment. Alors, que les syndicats veulent leur part grandissante d'Etat, ce qui peut paraître légitime, l'affaiblissement de ce même Etat dans ses attributs essentiels y compris l'application des lois, risque d'emporter l'ensemble du système vers l'inconnu... qui ne peut être que l'anarchie ou le despotisme à nouveau. M. Houssine El Abassi, secrétaire général de l'UGTT connu pour sa grande expérience des affaires publiques et son sens de la mesure, honoré en plus, du Prix Nobel de la paix avec la centrale syndicale historique, doit rectifier bien des tirs, apaiser le pays, et sauvegarder la Patrie des dérapages qui font le lit du terrorisme et des formations extrémistes takfiristes. Mettre la pression constante sur le gouvernement et la présidence de la République, en un mot, sur l'exécutif, et nous l'avons vu au niveau des faits et des conséquences ont mis les vainqueurs des élections de décembre 2014 sous la tutelle des islamistes qui ont été remis en scelle, après leur défaite avec de nouvelles ambitions pour le pouvoir et le contrôle à nouveau de la société, parce que, justement, il fallait une coalition capable d'assurer le minimum vital de la stabilité et du fonctionnement des institutions. A force de jouer la mobilisation sociale excessive, l'UGTT risque de rompre les cordes de la cohésion nationale et approfondir les fractures déjà existantes. C'est le contraire de ce qu'on attend qui arrivera si ça continue et bien des surprises auront lieu d'ici 2019-2020. Les sondages ne trompent que ceux qui ne les lisent pas ! Le regain de popularité de Nida Tounès et la stabilité d'Ennahdha, expriment plus que jamais une certaine méfiance des classes moyennes, de la petite bourgeoisie nationale et même des petits fonctionnaires et cadres vis-à-vis des mouvements de grèves et de rue qui bloquent le pays et démoralisent ces entrepreneurs les plus fervents. A notre humble avis, M. Abassi doit user de son leadership et de son charisme personnel pour remettre l'UGTT et certaines de ses bases et élites effervescentes sur la trajectoire patriotique traditionnelle du leader national Farhat Hached, qui donnait de son vivant pour testament historique immuable et éternel : « Oh peuple, je vous aime » (Ouhibouka ya Chaâb) ! Hached mort en martyre pour la libération nationale, n'a pas dit : « Oh classe ouvrière, je vous aime »... mais Oh peuple... Le peuple, tout entier, avec toutes ses composantes et ses classes sociales. Ile est du devoir de l'UGTT, aujourd'hui, et de tous ses dirigeants, d'agir pour la sauvegarde de la Tunisie, et de ses intérêts majeurs, de l'immuniser contre le terrorisme par la paix sociale et la dynamique économique et de donner une chance à la Tunisie pour se relever et aller de l'avant. C'est cela le plus important ou « El Aham » ! Le blocage actuel est anti-national et anti-patriotique. Je le dis avec tristesse, la mort dans l'âme !