Après le premier circuit d'El-Maamoura, l'année dernière, la délégation régionale de la culture de Nabeul a renouvelé l'expérience cette année en mettant le cap sur une autre région du Cap Bon. Il s'agit du périple culturel et écologique Nabeul: Soliman-El Haouaria, Korbous, Takelsa-Kélibia. Un parcours qui peut être classé comme un véritable guide pour les prochaines sorties culturelles à la découverte de la Grande mosquée de Soliman qui fêtera cette année le 400ème anniversaire de sa création. Organisé cette fois en partenariat avec l'association ArtAttitude, l'association de sauvegarde de la médina de Soliman, la maison de la culture de Takelsa, le circuit a connu une présence assez nombreuse: jeunes chargés des bibliothèques itinérantes dans la région, des représentants des associations des amis du livre et de la bibliothèque, de poètes, des passionnés et de journalistes de tous bords, où la rencontre et le partage, ont été au rendez-vous d'une escapade en pleine nature. En chefs de file, un duo de chevronnés et de communicateurs bien avisés à la délégation de la culture: Monia Messaadi (directrice en charge de l'action culturelle et des arts) et Mourad Ridène (chargé de la communication et de la presse). Sur le terrain, ils ont expliqué que ce circuit se veut une manière de rapprocher de près les Tunisiens et les étrangers d'un patrimoine peu ou mal connu, de leur faire découvrir les richesses des régions isolées (comme Takelsa...) et de créer de la sorte une nouvelle carte de tourisme-culture-écologie. Partant de ce concept, le circuit a rassemblé les journalistes et une quinzaine d'artistes de 30 pays différents participant à la troisième session des Journées méditerranéennes des arts visuels organisées par l'association ArtAttitude, qui se sont lancé ensemble à la découverte de cette région pittoresque du cap Bon. Soliman: une cité dépositaire de joyaux du patrimoine andalou Du cadre idyllique des "Jasmins" à Nabeul, l'aventure commence en direction de Soliman, pour une visite au quartier andalou, témoin du passage en 1609 du troisième mouvement d'émigration des morisques expulsés par Philippe III d'Espagne. C'est dans ce quartier qu'est jalousement conservé par la famille Dar Hamrouni, le moulin à vent, "El Molino", technique agricole andalouse pour extraire l'eau et pour moudre les céréales, explique, Mustapha Ben Mansour président de l'association de sauvegarde de la médina (ASM) de Soliman. Ce monument unique, précise-t-il est le troisième en son genre aux côtés du Moulin à eau séculaire dans la réserve naturelle au nord de Madrid (Espagne) et à son semblable de Mornag, à 10 km de Soliman, dépositaire de traditions culinaires d'antan. Dans ce quartier gardant toujours l'architecture antique, les invités ont eu droit à une dégustation d'un produit alimentaire typiquement andalou "El Gors" (une sorte de pain). Dans son exposé de présentation, Leila Ghalleb, membre de l'ASM de Soliman a tenu à rappeler que cette nourriture (servie uniquement dans les fêtes de joie) servait d'un lieu de conservation des bijoux par les andalous pendant leur "terhal" (voyage de longue durée). Conservé aujourd'hui dans les congélateurs, "el Gors" est entré dans le circuit commercial de Soliman devenu une destination prisée pour tous ceux qui en ont goûté. Dans ce sens, Monia Messaadi, a tenu à rappeler que c'est depuis 2009, lors d'une dégustation dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine, que ce produit alimentaire a investi le marché local pour devenir désormais une source de revenu pour les femmes au foyer. Découvertes Et pour les gourmands, Leila Ghalleb n'a pas hésité de donner la recette vite fait: semoule, farine, huile d'olive et un fromage spécial fait-maison. Ce produit fait actuellement le voyage en dehors des frontières, ramené par toux ceux qui sont originaires de Soliman et qui résident à l'étranger surtout au mois de Ramadan: "el Gors" accompagne généralement le café turc. A quelques mètres d'El Molino, se trouve la grande mosquée, d'une grande ressemblance avec la mosquée de Cordoue, selon la présentation faite par le président de l'ASM. Un joyau andalou qui rappelle l'architecture morisque en Tunisie qui repose sur deux éléments importants: la force et la grandeur de l'édifice et la décoration attirante et la finesse du goût, selon les propos de Ahmed Ghalleb, membre de l'association et président de l'association des amis du livre et de la bibliothèque de Soliman qui vivra le 14 mai au rythme de la célébration des 400 années de la création de la grande mosquée. Korbous, Takelsa et Kélibia : plein de rendez-vous La randonnée se poursuit juste après à destination de Korbous. C'est là que les artistes participant aux Journées méditerranéennes des arts visuels ont fait la connaissance de lieux qu'ils rhabilleront de fresques lors de la journée du 8 mai dans une belle action de réappropriation des lieux. Le circuit s'enchaine par la suite avec une grande évasion en pleine nature au milieu des ruches où les vadrouilleurs ont partagé une belle représentation du travail de l'apiculteur qui, à cause du vent, n'arrivait pas à contrôler le comportement des abeilles n'ayant pas du tout lâché certains en leur laissant les traces de leurs curiosité, de petites piqûres pour le souvenir de cette ballade. Un circuit qui se poursuit en jetant un coup d'oeil sur "Bir Mroua" tous près du "Port des Princes" avant d'aller à la rencontre des enfants et des jeunes de la maison de la culture de Takelsa où ils ont partagé en toute spontanéité des moments de danse et de chant sous le regard admiratif de la directrice de l'espace Latifa Ben Abid. Nouvelle exposition de Raouf Gara Le port de Kélibia fut la dernière escale. C'est là où est installé l'atelier de peinture de l'artiste Raouf Gara qui a tenu à montrer à ses visiteurs, la toute nouvelle et récente oeuvre 2013-2016. En phase de dernières retouches d'environ une vingtaine de sculptures, il a relevé que sa prochaine exposition qui réunit environ une centaine d'oeuvres dont la plupart est composée d'huile sur toile, est dédiée à travers un tableau grand format, à la mémoire des deux compagnons de route que seule la mort a séparés, le poète Sghaier Ouled Ahmed et le chanteur tunisien Zine Essafi..le 27 mai à la maison des arts du Belvédère...en attendant de se consacrer sérieusement à un hommage spécial à son père: un artisan qui s'est converti à l'art moderne à l'âge de 99 ans. De 99 ans à 103 ans, il fait plus de 800 oeuvres... une véritable découverte pour les spécialistes et les critiques notamment français qui n'attendent que Raouf Gara pour exposer cette collection exceptionnelle et singulière. Encore faut-il, signale le plasticien, que les formalités administratives soient d'ici là révisées et allégées...