La vérité c'est que l'on peine à le croire... Ce n'est pas faute d'essayer. Il se trouve seulement qu'il y a quelque petit détail qui cloche, quelque anicroche, qui fait que cela ne passe pas comme une lettre à la poste, que cela ne peut pas passer aussi aisément. Pour tout dire, leur accorder un «blanc seing» sans conditions, sans se ménager quelques solides garanties au préalable, c'est, à tout le moins, suicidaire. Ennahdha peut se racheter une conduite. Mais, congrès tape à l'oeil ou pas, tant qu'elle n'aura pas soldé ses comptes avec certaines vérités qui doivent être dites, l'on est en droit de douter de sa bonne foi, et de sa capacité à se transformer pour être en phase avec la réalité du pays. Se fondre dans le paysage, mais à la manière d'un caméléon, c'est une chose; une autre que de prouver, en rabattant ses cartes, qu'elle ne cherche justement pas à cacher son jeu. Est-ce véritablement le cas? Rien n'est moins sûr... Les discours grandiloquents, les postures avantageuses, ainsi que les déclarations pompeuses de ses leaders, sur le pays qui prime et l'intérêt national qui est en jeu, et qui obligent à se tendre la main, fraternellement, entre gens de bonne compagnie qui savent ménager la chèvre et le chou quand il le faut, ne peuvent nous faire oublier les tirs à la chevrotine à Siliana, sous le gouvernement Laârayedh, ni les assassinats politiques perpétrés contre nos martyrs Chokri Belaid et Haj Mohamed Brahmi, ni les doubles discours. Et c'est ce qui fait que l'on a du mal, mais alors vraiment du mal, tant que la lumière n'aura pas été faite sur ces affaires-là, à croire que le parti Ennahdha a véritablement fait son examen de conscience, et que l'on nous n'y reprendra plus...