Par Larbi DEROUICHE ÇA n'arrive qu'aux autres. C'est peut-être ce «déficit» d'altruisme qui aurait éternellement plongé notre société et les acteurs politiques dans un silenche singulier sur une singularité ayant longtemps frappé fort et aveuglément dans nos foyers et causé stupidement des pleurs et des grincements de dents. A cause d'une certaine injustice qu'on continue à commettre au nom de la sainte justice... Aussi, les grands esprits universels s'accordent-ils à dire que la pure justice est dans le respect de la dignité humaine. Dans le panier à salade... Oui, il suffit qu'un justiciable ne reçoive pas sa convocation à temps pour comparaître devant le tribunal, pour qu'il soit condamné à une peine privative de liberté, le jour «J», pour n'avoir pu dire présent au président. Et voilà que le malchanceux absent se trouve du coup bel et bien présent sur la liste et le fichier informatisé des condamnés activement recherchés. Il risque alors de se voir pris par la peau du cou et jeté dans le panier à salade, c'est-à-dire dans le véhicule cellulaire ! Pour être viré à toute pompe et pompeusement sous le hurlement de la sirène, au centre de tri, à la manière d'un gros poisson «pêché» joyeusement par des policiers vigilants. Et si par malheur le mal imprévu et imprévisible arrive vendredi soir, bonjour le week-end noir, à l'ombre ! En attendant lundi, il fera jour. Le prisonnier, ayant eu un «sacré» coup de pompe, ira alors manu militari de bon matin interjeter appel avant de dire bonjour, me voilà enfin présent M. le président, jurant ses grands dieux, à qui veuille bien le croire, n'avoir jamais reçu de convocation. Généralement, l'homme pour qui la prison est faite pour les autres est relaxé sous les soupirs de soulagement de toute sa tribu, grands et petits, alertés par cette incroyable première, espérée être la dernière. La sacrée convocation qui passe à côté ! Cela dit, l'on ne se fait pas faute — tant s'en faut — de défendre le diable et ceux qui ont le diable au corps dont on gagnerait à arrêter la course plus vite que le vent. Mais l'on cherche plutôt à sensibiliser qui de droit et hommes de droit sur les milliers de cas de nos pairs victimes de machination et se voyant mis à mal machinalement par la machine judiciaire. Ceci à travers la sacrée convocation, après-avoir tout fait pour la faire acheminer vers la mauvaise adresse ou de la retirer de la bonne adresse, pour précipiter imparablement la déconvenue et les déboires de la partie adverse. L'essentiel aura été ainsi fait, le diabolique dessein astucieusement réalisé même si la cible finit, en second ressort, par être innocentée... D'ailleurs, il n'y a pas que la machination et les mauvais tours qui peuvent être derrière la bien méchante surprise... Puisque, simple dénonciation électronique faite par «M. Radar», suivie d'une peine d'amende non réglée à temps et sanctionnée aussitôt par une peine de prison, peut coûter au conducteur la détention provisoire, jusqu'à ce qu'une procédure d'appel s'en-suive. Il suffit que la convocation n'échoue pas entre de bonnes mains, puis que l'intéressé se fasse prendre désagréablement par la main... Que dire alors du citoyen lambda ? Le cas caricatural de Slim Riahi évoqué sous la plume de M'hamed Jaïbi et sous le titre «six mois de prison» (voir notre édition du 26 février 2016), ne peut que corroborer nos dires et notre appréhension au sujet de la scandaleuse injustice d'une justice débordée et ne sachant où donner de la tête. Oui, l'un des gros bonnets des temps présents est tombé incroyablement dans le piège de la convocation (ayant été condamné par contumace à six mois de détention), que dire alors du citoyen lambda qui peut changer d'adresse, de résidence et travail comme de chemise? Que dire aussi de cette pauvre femme au foyer ignorant l'alphabet qui, du jour au lendemain, se trouve congédiée, divorcée et parfois même jetée sur le pavé, sans avoir rien fait, rien mérité, ni mis les pieds dans un quelconque parquet, pour les raisons qu'on sait...? Ménager la chèvre et le chou... Cela dit, voilà des faits scandaleux liés à la joignabilité, qu'on devrait nous épargner sans beaucoup tarder, pour nous libérer de la hantise de perdre absurdement et d'une manière subite notre sainte liberté. Nul n'étant à l'abri de l'épouvante. Si c'est à nous autres, médias, de mettre le doigt sur la plaie, c'est à nos parlementaires et nos experts ès qualités de préconiser la thérapie appropriée, pour hâter sa cicatrisation. En légiférant des procédures spéciales ménageant la chèvre et le chou et distinguant le coupable de l'innocent. L'épée de Damoclès est sur nos têtes. Gardons donc cela dans la tête et ayons de la tête.