Le ministère de l'Intérieur a décidé, en début de cette semaine, de refuser l'octroi de l'autorisation pour la tenue du congrès annuel de Hizb Ettahrir. Cette interdiction a été expliquée, par les autorités concernées, pour des raisons sécuritaires. Au lendemain de ce refus, le membre du bureau de communication du parti en question, Imededdine Haddouk, a dénoncé cette décision en tenant un discours raciste et hostile. S'adressant à l'Instance Vérité et Dignité (IVD) et à l'Instance nationale de lutte contre la corruption, Imededdine Haddouk a dénoncé le fait que « le gouvernement tunisien autorise et facilite aux sionistes leur pèlerinage à la Ghriba – en leur offrant, aussi, la sécurité policière nécessaire – et qu'il interdise à un parti national légal et militant (comprendre Hizb Ettahrir) de tenir son congrès annuel. Quelques heures après cette intervention, le parti a rendu public un communiqué où il défie, ouvertement, l'Etat tunisien tout en remettant en cause la souveraineté de la Patrie. Qualifiant le gouvernement de ‘police politique', Hizb Ettahrir assure que cette interdiction ne l'empêchera pas de tenir son congrès dont le thème général est l'instauration du califat. Le parti islamiste a renouvelé son intention de « couper les mains des colonisateurs mécréants, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ». Le parti réaffirme qu'il rejette catégoriquement toutes les lois de l'Etat et sa Constitution – en indiquant, dans le même communiqué, que sa seule légitimité provient de l'islam qui dicte l'obligation d'aller vers la prédication et la lutte contre les traîtres et les criminels. Hizb Ettahrrir a estimé, par ailleurs, que le ministère de l'Intérieur a largement dépassé les délais réglementaires par la loi pour lui adresser un refus de la tenue de son congrès annuel. Accusant l'Etat d'obéir aux ordres de l'Angleterre, Ettahrir a dénoncé les pressions subies par ses jeunes et ses moins jeunes dont les actions, qui vont dans le sens de l'instauration du califat pour sauver le monde, seraient sabotées. Placé sous le thème ‘Comment le califat va sauver le monde', le congrès annuel de Hizb Ettahrrir devait se tenir au Palais des congrès samedi prochain. La décision du ministère de l'Intérieur est, en effet, venue un peu tard. Mais indépendamment du temps qu'ont mis les autorités pour réagir, ce sont les motivations qui nous intéressent : interdire la tenue du congrès en question pour des ‘raisons sécuritaires' revient à dire que ce n'est ni le contenu ni la ligne politique du parti qui dérangent mais les risques qui peuvent résulter d'un tel rassemblement. Si l'on pousse ce raisonnement encore plus, on pourrait se demander si le gouvernement ou encore la présidence de la République – parce que le chef de l'Etat, selon les prérogatives qui lui sont attribuées, est chargé de veiller à la bonne application et au respect de la Constitution – ne sont pas dans la logique de la fuite en avant. Interdire un congrès annuel n'est qu'un tout petit pas dans les procédures qui devraient être lancées à l'encontre de ce parti qui s'oppose au concept et à l'essence même de la République. Même si on l'a déjà dit et redit, il serait vraiment temps pour le chef du gouvernement de tenir ses promesses et de lancer une réelle procédure judiciaire contre Hizb Ettahrir qui menace les acquis de notre Etat civil et qui ne cesse de montrer, dans son élan de défi, son rejet de toutes les lois de la Tunisie moderne.