La seconde soirée du festival de la médina, dans sa 34e édition, a eu lieu récemment à Dar Lasram en compagnie du groupe musical de Fethi Zeghonda dans un spectacle intitulé « Nafahat Al Assil. » Une soirée de retrouvailles avec la bonne musique pour un public assez nombreux, avec des extraits de pièces maîtresses du Malouf, des «Mouachahat » tunisiens et orientaux et des chansons tunisiennes. Et malgré une chaleur accablante qui régnait dans le patio de Dar Lasram, étant donné que ce beau lieu demeure paradoxalement couvert, même en pleine canicule nocturne, les musiciens et le public ont fait de la résistance durant une heure et demie, amour de la musique oblige. A cet effet, un problème reste toujours posé. Il s'agit de celui de l'inexistence à Tunis de salles de spectacles adéquates pouvant contenir et accueillir le public dans les meilleures conditions, après la fermeture pour travaux du seul Théâtre de la ville de Tunis. Les spectateurs ont d'ailleurs soulevé ce problème entre eux dans la « Skifa » d'attente, elle-même petite fournaise. Les choses n'allaient pas s'améliorer, car le « Soddar », le patio, pour y retourner, n'était pas mieux. Mais le contenu musical proposé ce soir-là par le maestro Fethi Zghonda, qui jouait du luth et non pas de son violon habituel, faisait oublier, un tant soit peu, ces conditions pénibles. Chantons et suons, semblait murmurer l'assistance où l'on comptait la présence de plusieurs mélomanes. La troupe, composée de six musiciens et d'un choriste, était formée par des virtuoses de grande qualité artistique, ceux-là mêmes qui ont plus de trente et de quarante ans d'exercice, à l'image de Taoufik Zghonda, à la cithare et Mounir Zghonda, au violon, qui sont les frères de Fethi Zghonda. Ils ont été piqués par le charme de la musique par l'intermédiaire de leur père le regretté cithariste Si Hamadi Zghonda, que Dieu ait son âme ! Nostalgie La soirée se voulait nostalgique d'un temps passé où l'orchestre commençait avec une « Noûba » du Malouf, des « Mouachahat », des improvisations instrumentales et des chansons. Fethi Zghonda annonçait les titres de chaque série de morceaux, en précisant leur période de création et les noms de leur compositeur. Un extrait, assez long tout de même, de « Noubet Edhil », allait donner le ton. Puis, les « Mouachahat » allaient suivre avec une œuvre du compositeur égyptien Fahmi Awadh, celui-là même qui était venu au début des années soixante du siècle dernier inculquer et faire apprendre ce genre musical, voire ce pilier de la musique arabe à la chorale de la troupe musicale de la radio tunisienne. D'autres « Mouachah » syrien et égyptien suivaient dans une ambiance calme et sereine. Et dans l'esprit d'une grande soirée musicale d'antan, une « Lounga », petite pièce musicale qui était purement turque en cette soirée, ainsi qu'une improvisation à la cithare de Taoufik Zghonda dans le mode « Kordi », allaient suivre. De Mehdi, à Khaled Le jeune choriste Mehdi Saïd a pour sa part interprété en solo deux chansons de Youssef Temimi : « Zai loun khdoudik » composée par Chedly Anouar et « Ana jitek ya rammel », la seule chanson composée par « Chouhrour Al Khadhra », Youssef Temimi, en l'occurrence. Mehdi Saïd y a tiré son épingle du jeu avec brio en respectant le rythme, le ton et la « Kafla », soit le mot de la fin de chaque strophe. Les membres de l'orchestre, ainsi que le public y composaient la chorale de fortune. Et faut-il rappeler qu'il demeure difficile pour un chanteur débutant ou confirmé d'interpréter Youssef Temimi, qui avait une voix exceptionnelle suave et veloutée. Une autre surprise allait suivre avec le grand luthiste et maître du luth Khaled Bessa qui a chanté trois chansons de Hédi Jouini avec force, rigueur et beauté. « Ilyoum galiltli », « Hobbi yitbaddil » et « Aouel nadhra. » Le public était emporté, tout en reprenant les refrains de ces œuvres éternelles. Ce public en redemandait. Ce concert qui était un coup d'essai, s'est avéré un coup de maître pour ce groupe dirigé par Fethi Zghonda.