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Don Quichotte face à la cité évaporée
Publié dans Le Temps le 22 - 06 - 2016

Avec une précision mêlée de tendresse, l'auteur nous invite à feuilleter un dictionnaire amoureux et engagé d'une ville et de son histoire, d'une cité séculaire et ses monuments en péril. Un ouvrage sans concessions qui s'indigne de l'art de détruire le patrimoine et ébauche plusieurs solutions...
Au fil des ouvrages, Mohamed Mestiri se pose en lecteur alternatif du patrimoine, en défenseur de ce qui peut encore être sauvé dans nos médinas historiques et notre tissu urbain. Au lieu de se contenter de passer en revue le patrimoine existant, Mestiri choisit de commenter et mettre en exergue tout ce qui ne va pas, tout ce qui pourrait contribuer à emporter ce qui a été préservé dans cet héritage.
Etat des lieux, plaidoyer, réquisitoire...
Cette tâche n'est pas facile voire ingrate car elle consiste à débusquer les anomalies, les dérives et tout ce qui flanche. Toutefois, ce devoir d'inventaire est également passionnant car il permet d'entrevoir autant l'étendue de notre legs historique que la profondeur de l'incurie qui le laisse se détériorer, sans réaction notable.
Dans un premier tome de cette recherche du Sousse perdu ou vacillant, Mohamed Mestiri avait privilégié un angle précis, celui du patrimoine matériel. Cette fois-ci, avec ce second tome de 450 pages, c'est au patrimoine immatériel de la perle du Sahel que ce mémorialiste s'attaque de belle manière.
Avec une précision mêlée de tendresse, l'auteur se penche sur tous les aspects de la vie soussienne, investit tous les espaces secrets ou connus d'une médina qu'il connait sur le bout des doigts. Par le texte et la photographie, Mestiri nous emmène à sa suite dans la visite virtuelle d'une ville tout en dressant un état des lieux qui a valeur de plaidoyer.
En près de 80 tableaux sans concessions, il nous montre les dangers qui guettent une ville historique, nous présente les portraits de ceux qui y maintiennent des traditions ébranlées ou bien établit la cartographie des menaces urbaines.
La démarche de Mestiri est des plus originales et pourrait être assimilée à ces dictionnaires amoureux que les uns ou les autres consacrent à leurs villes ou leurs littératures choisies. De fait, il s'agit d'une encyclopédie soussienne mais de ces encyclopédies mouvantes qui donnent au friable et au fugace toute l'importance qu'ils méritent.
Au lieu de ne voir que la pierre ou la chronique historique, Mestiri prend le risque de se placer dans une ville en mouvement, dans cet équilibre instable qui veut que tout se transforme, parfois négativement.
L'auteur peut nous emmener à la recherche d'un théâtre oublié, d'un artisan connu de tous, d'une simple colonne ou bien d'une porte mystérieuse à l'orée de la ville. C'est en cela que Mohamed Mestiri fait aussi oeuvre de poète! En effet, c'est un véritable inventaire à la Prévert auquel il se livre. Sans complaisance mais aussi pour nous apprendre comment sauver un patrimoine menacé.
Un véritable inventaire à la Prévert
L'auteur fait d'abord appel à sa mémoire puis investit chaque lieu et chaque métier. Il commence sa ronde aux portes des remparts et nous mène de Bab Bhar à Bab el Gharbi. Il n'omet pas de signaler sur son parcours les "marginaux intégrés" ou les petits commerces informels.
A la rencontre des mausolées de la ville, il nous permet ensuite de visiter Sidi Bouraoui, Sidi Mansour ou Sidi Ben Aissa et surtout la zaouia de Sidi Abdelkader.
Rien n'échappe à la perspicacité de l'auteur: une épigraphie latine inattendue sera mise en exergue, le dernier cordonnier de la ville sous les projecteurs et les curiosités de la médina recensées une à une. Nous donnant le vertige des ruelles et des secrets de sa ville, Mestiri s'arrête systématiquement aux portes pour relater leur histoire et leur présent. De Bab Djedid à Bab Qebli en passant par Bab el Finga, il retrouve toute la mémoire vivante d'une ville.
Mestiri va ensuite à la rencontre de lieux altérés voire disparus et nous les montre un à un en racontant ce qui les distinguait. Il va ainsi d'une porte traditionnelle à des ateliers de forgerons ou des huileries pour nous dire toute la complexité de la vie quotidienne dans son lien avec la sauvegarde du patrimoine.
"La médina de Sousse sans complaisance" est un travail à saluer. Il vient compléter de belle manière des travaux antérieurs essentiellement historiques par une touche personnelle poétique et engagée. En effet, ce livre qui réunit près de 80 tableaux est une oeuvre vivante et un réquisitoire contre l'oubli et l'incurie.
Paru en juin 2016 à Sousse, à compte d'auteur, cet ouvrage fourmille d'anecdotes et vaut aussi par un humour décalé et bon enfant. Ne perdant pas le nord, Mohamed Mestiri termine son ouvrage par un "flash back" sur le premier tome de sa recherche afin de souligner que rien de concret n'a été fait depuis la parution de ce premier livre.
Mohamed Mestiri, ce Don Quichotte de la médina de Sousse sera-t-il davantage écouté après ce second plaidoyer?


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