Plusieurs chaînes de télévision privée, qui s'activent sous nos cieux, ont pris un malin plaisir à présenter leur journal télévisé de prime time en dialectal tunisien...et encore ! Une belle « trouvaille » pour faciliter les choses, en premier lieu et pour être plus près du téléspectateur. Cette solution rapide et efficace a certainement permis d'éviter aux présentateurs et présentatrices de se fourvoyer dans des fautes de grammaire dans la langue arabe littéraire, restée trop difficile à apprendre. Sic ! Et comme toutes les chaînes versent dans la facilité au niveau de la conception des programmes en tous genres, les infos n'y ont pas été épargnées. Pourquoi donc se « casser » la tête ? Alors que tout est facilement réalisable et accessible ? Et il semblerait que les responsables de ces chaînes à consommation rapide, connaissent bien leurs téléspectateurs fidèles et inconditionnels, ceux-là mêmes qui sont partisans du moindre effort. Bref, ceux qui ne se soucient guère de la qualité du produit présenté. Des deux côtés, tout verse dans l'ignorance totale. Quelle horreur ! Il y a de quoi se demander pourquoi apprend-on les langues arabe, française et anglaise à nos élèves et à nos étudiants ? Après avoir souffert le martyre avec le massacre de la langue de Sibaweih, le téléspectateur se trouve aujourd'hui face à une nouvelle langue arabe qui tangue entre le littéraire et le parlé tunisien. Ce dernier est extirpé de ses racines, car chaque langue, dialectale soit-elle, possède ses normes et ses secrets, voire sa beauté. Un rêve Nous sommes donc en présence d'un nouveau lexique emprunté à la langue arabe littéraire. Ou comment oser « casser » une langue et la rendre parlée ? Un véritable gâchis qui nous oblige à zapper au plus vite. La présentation des informations en dialectal tunisien serait un rêve. Mais cela a déjà été effectué, diraient d'autres gens indifférents, plutôt. Du côté de la radio nationale, on se souvient que successivement Abdelaziz Laroui et Abdelmajid Boudidah avaient présenté le journal parlé « Billisen adderij », soit en langue parlée. Mais entre la réalité d'aujourd'hui sur nos petites lucarnes et les performances d'hier, il y a un monde ! Les voix et le style de ces deux ténors du micro, Laroui et Boudidah, en l'occurrence, résonnent encore. Ils pratiquaient en parallèle le théâtre, ce qui avait facilité leur tâche. Ils ne se contentaient pas, en plus, de dire une info « sèche. » Ils la précédaient d'une petite introduction, ou la finissaient par un petit commentaire. C'était le bon vieux temps, dirait-on ! Et à bon entendeur, salut !