Dans son recueil poétique « Hadaikou achams » (Les jardins du soleil), le poète tunisien Chamseddine El Ouni évoque à travers une multitude de poèmes, textes et fragments qu'il a choisis parmi tant d'autres, sa relation avec le quotidien qui l'habite et le séduit, là où il cherche le soi-même, se souvient des êtres, des lieux et des choses qui l'ont marqué. Là où son être s'y retrouve. Son expression est en vers libres, une forme poétique qui a toujours caractérisé son écriture poétique. Le lecteur de ce recueil, comme le signale d'ailleurs l'éditeur Mohamed Bedoui «découvrira des jardins illuminés, habités par les lumières de l'Orient...Où le poète y a trouvé des détails émanant de lui-même. » Et dès le premier poème, Chamseddine El Ouni s'adresse de go au soleil en le personnifiant, tout en racontant les vertus et la beauté de ce soleil où les gens oublient, tout de même, sa torride chaleur. Et dans les poèmes qui suivent, les mots du poète insistent sur les questionnements parfois métaphysiques, où les métaphores font légion. La poésie de Chamseddine El Ouni s'annonce donc comme celle des souvenirs de villes en Tunisie, comme ailleurs, de villes méditerranéennes comme avec Istanbul, sa musique et ses pigeons et Beyrouth, la voix suave du Liban. L'expression devient de plus en plus nostalgique pour raconter et se souvenir de la mer. Et soudain, le poète dédie un fragment à une poétesse irakienne martyre Leila Al Attar pour exprimer la couleur du départ à jamais. Il se pose la question du voyage en dédiant son poème suivant à l'artiste pluridisciplinaire et non moins scénariste Ali Louati. Il en est de même avec l'artiste plasticien Nja Mahdaoui, ou l'écrivain jordanien Yahia Al Guissi, « un oiseau venu de loin. » Notre poète évoque donc et résume autrement sa relation directe ou indirecte avec les artistes amis, ou ceux qu'il découvre au fil du temps. Atmosphères Il nous décrit, d'un autre côté et par poésie interposée, l'atmosphère créée par la chanteuse Barbara Hendricks, un certain soir au Colisée d'El Jem, à l'occasion du festival international de la musique symphonique. Il en est ainsi avec d'autres poèmes dédiés au poète irakien Abdelwahab Bayati. Plusieurs des poèmes de Chamseddine El Ouni ont été écrits hors frontières et à des périodes différentes. Un long voyage sur le chemin de la vie et de ses rencontres avec autrui, particulièrement avec les artistes qui l'entourent et qu'il respecte, ceux qui sont encore en vie, ou ceux qui sont partis à jamais. Ce poète chante également son pays, la Tunisie. Avec « Hadaek Achams », le poète Chamseddine El Ouni nous ouvre les portes de son jardin secret, là où les souvenirs et la mémoire s'installent. Et avec une poésie aussi simple, qu'accrocheuse, le poète nous séduit par ses mots tendres entassés de réalisme et de tendresse.