Ce nouveau recueil qui s'intitule « Des mots entre nous » est le quatrième du médecin-poète Ahmed Ben Mahmoud qui se veut un hommage à la femme en tant que bien-aimée, amante, fiancée ou épouse, mais aussi en tant que muse de l'inspiration poétique. Ce titre est suivi par un autre : « Femmes sous un signe militant » qui met en relief la femme tunisienne militante et combattante qui refuse d'être « complémentaire » à l'homme, mais bien son égal. Dans les deux parties de ce livre, le poète exprime ses sentiments d'amour et de respect au sexe féminin, à cet être humain qu'il faut aimer, glorifier, exalter et aduler. Ahmed Ben Mahmoud est médecin. Il a déjà publié trois recueils de poésie : « Feuilletis » en 2010, « « Etres et Choses » en 2011, « Au bout de la poussière » en 2012. Le présent recueil vient de paraitre aux Editions Arabesques en 2015. Ces quatre recueils révèlent un talent confirmé d'un poète tunisien de la langue française. L'on se demande cependant comment un médecin arrive à concilier la pratique de la médecine avec celle de la poésie. Vous me direz peut-être que la première est un métier, la seconde est une passion et que l'une est scientifique, donc objective et que l'autre est artistique, donc subjective. Soit ! Mais il parait qu'on peut établir un parallèle entre ces deux pratiques dans la mesure où elles cherchent à mieux connaître et mieux comprendre l'être humain, sa constitution ainsi que son fonctionnement physique et mental, ses rapports avec le monde, avec son entourage, avec les forces de la nature qui l'ont produit et auxquelles il fait face ; les deux – médecin et poète – étant en face de cette complexité indéfinie de l'homme et de son environnement. Inutile donc de croire en une antinomie entre médecine et poésie. Que de savants ou de médecins étaient poètes dans les époques écoulées, que ce soit à l'ère musulmane ou dans les antiquités grecques ou romaines ! Dans ce nouveau recueil, qui comprend 66 pages, les poèmes ne sont pas titrés car ils peuvent constituer un tout indissociable, du fait de la nature du thème – l'Amour et l'éloge de la Femme – où se manifeste l'effusion poétique de l'auteur. Ils sont ainsi composés avec une telle vigueur et une telle verve qu'ils nous renseignent sur la vie sentimentale de l'homme en général, sinon du poète lui-même. Admirateur des charmes de la femme et sensible aux attraits qu'elle peut exercer sur lui, il transforme ses sentiments en mots doux, tendres et pittoresques et en images très évocatrices. Des vers souples et bien rythmés. Le titre même est un indice capital : « Des mots entre nous » évoque cet aveu sincère d'admiration, cette révélation directe d'amour et d'adoration pour la bien-aimée. Le poète vante la beauté de la femme avec fougue et chaleur : « Sans le diamant/ De ta présence/ Le jour est nuit/Et la nuit sans amant/ Est un désert sans lune. (p.16), allant jusqu'à l'évocation de souvenirs d'une aventure amoureuse avec la dulcinée et qui restent encore indélébiles : « Je ne peux oublier/ Les piqûres d'abeilles en cueillant/ Le miel sur les falaises de ton sein » (p.44) Il faut également admirer le respect absolu et l'admiration remarquable que le poète éprouve pour la femme tunisienne qui s'est révoltée côte à côte avec l'homme contre la soumission et la répression de la dictature en vue de récupérer sa dignité et sa liberté, en revendiquant l'égalité entre tous les citoyens. La beauté et la grâce de la femme ne l'empêchent pas d'être un élément fondamental dans l'édification d'un avenir meilleur pour la patrie. Aussi peut-on lire en prose poétique ces sensations intenses du poète : « Horloge orfévrée affichant le temps libertaire en avance sur les autres horaires, femme du printemps, tu préfères le destin de la révolution à la grisaille des temps anciens, et le mouvement perpétuel des rames aux territoires se mourant au-dessus du niveau de l'histoire » (p.52) ; et plus loin « Aujourd'hui, tu actives l'alarme dans tes combats où tu clames : je ne suis ni qatarie ni saoudienne, je suis tunisienne. » (p.59). Notons que les belles illustrations incluses dans ce recueil est un exemple de complicité artistique: les deux auteurs, Ahmed Ben Mahmoud, par ses poèmes et Nadia Jelassi par ses dessins, offrent une œuvre unique où dessins et poèmes sont complémentaires. Hechmi KHALLADI *« Des mots entre nous » d'Ahmed Ben Mahmoud, Editions Arabesques, 2015