Une autre voix, celle de Neïla Chehimi, qui avait accompagné les auditeurs de la Chaîne internationale de Radio Tunis à l'orée des années soixante-dix et jusqu'à la fin des années quatre-vingt du siècle dernier, vient de s'éteindre pour toujours. Neïla Chehimi avait continué à côtoyer le micro hors-frontière, au Canada, jusqu'à la fin de ses jours. Son nom n'évoque peut-être pas grand-chose pour les générations d'aujourd'hui, mais son parcours sur RTCI restera inoubliable pour ceux qui étaient ses fidèles auditeurs. De mémoire d'un amoureux fou de la radio et d'un ancien auditeur fidèle, Neïla Chehimi, devenue Neïla tout court, avait intégré l'équipe des animateurs de RTCI dès janvier 1973, après avoir réussi au concours de recrutement d'animateurs lancé alors par la radio en 1972. Elle était parmi les cinq nouvelles recrues : Neïla Chehimi, Habib Belaïd, Farouk Boughedir, Khélil Yatouji et Mohamed Ali El Garci. Ces animateurs avaient débuté en invités des « anciens » ténors : Faïka, Faïza Ghachem et Michel Servet, qui est resté à la radio jusqu'à juin 73. Nous n'avons pas cité Hédi Zahag, car il présentait des émissions enregistrées, comme « Images sur les ondes », « Tourisme 72 », année de lancement de cette émission, rebaptisée « Au pays du jasmin » dans les années 80, « Dimanche-Magazine », depuis 66-1967, suivies de « Radio Service » et « Les jeux radiophoniques », après avoir animé durant de longues années et présenté le journal parlé et assuré le speaking. Les « nouveaux » présentaient chacun une demi-heure d'antenne en direct avec un programme de leur choix. Bien rodés, ils n'ont pas tardé à animer seuls « Chassé-croisé » de 15 heures 30, à 17 heures 30, ou de 18 heures, à 19 heures 30 et « Club de nuit » de 21 heures, à 23 heures. Neïla s'était distinguée au fil des jours et des mois par sa voix suave et ses choix musicaux de haut niveau dans la Pop, le Rock et la chanson française à texte. Et en recevant des artistes, elle savait mener un débat fructueux et intéressant, en permettant aux auditeurs de poser leurs questions via des communications enregistrées. Une autre époque Elle avait présenté et animé, quelques années après, « Silence, on tourne », l'émission de Néjib Ben Ayed, dès octobre 1974 en compagnie de Farouk Boughedir qui a quitté la radio de son propre gré. Fidèle auditeur de Neïla et non moins de Faïka, Faïza et les autres, l'auteur de ces lignes participait aux jeux qu'organisait Neïla dans le cadre de ses « animations », comme on les appelait à l'époque. Je me souviendrai encore du jeu de « L'anagramme » où le gagnant ayant réussi à déchiffrer une citation ou le titre d'une chanson, pouvait écouter une chanson de son choix avec une dédicace, en prime. On ne gagnait pas des sommes faramineuses jusqu'aux milliards, comme aujourd'hui et sans remuer les méninges ! C'était une autre époque et le bon vieux temps de la radio. Je reprendrais la phrase de Nelson Mandela pour te dire adieu Neïla : « En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d'en faire autant. » Repose en paix Neïla.