Mauvaise nouvelle pour les fidèles de Radio Tunis Chaîne Internationale (RTCI)! Ils n'auront probablement plus l'occasion de savourer la voix inimitable d'Adel Mothéré sur les ondes de la mythique radio. La direction lui a en effet signifié le 12 janvier dernier qu'elle se passait désormais de ses services. D'après ses dires, il serait désormais interdit d'antenne mais aussi interdit d'accès à la Maison de la radio tunisienne. Adel Mothéré est producteur et animateur vacataire à RTCI. Fondateur du programme en langue espagnole, il a aussi participé à la formation de bon nombre de ses jeunes collègues. En juillet 2015, il aurait fêté ses 35 ans de services au sein de cet établissement médiatique. Contacté au téléphone, Adel Mothéré s'est dit amer et révolté contre cette décision qu'il estime abusive. Il déclare: « Après tant d'années passées sur les ondes de RTCI, je suis remercié de la pire façon qui soit. La nouvelle directrice, nommée en août 2014, affirme m'avoir envoyé un courrier électronique que je n'ai pourtant jamais reçu. Elle justifie sa décision de mettre fin à mon contrat de collaborateur externe par des prétextes très peu convaincants. Elle avance par exemple que j'ai dénigré la valeur du jeu quotidien de 7h15 organisé par la radio. Elle me reproche aussi mon utilisation de l'ancien slogan « la plus belle des radios » en parallèle du nouveau « RTCI nous réunit » alors que c'était ma façon de mêler deux périodes de cette glorieuse radio. La directrice affirme aussi que j'ai utilisé l'expression "... après 9h00 je ne réponds de rien" et estime que c'est une plaisanterie de très mauvais goût et une insulte. Elle m'accuse aussi de ne m'être pas présenté à la réunion à laquelle son assistante m'avait conviée le 6 janvier dernier. Je suis aussi en colère pour le terme « subordination » utilisé par elle dans son courrier. J'estime qu'après ces longues années passées à RTCI, j'ai droit à un minimum de respect. Par ailleurs, elle a tout fait pour me tenir à l'écart. Elle ne m'a jamais invité, depuis sa nomination à la tête de la Chaîne, à prendre part à l'élaboration d'un programme ou d'une grille. D'ailleurs, elle n'a jamais demandé l'avis de l'équipe et affichait ses décisions sur le tableau de la salle de production, nous mettant devant le fait accompli. Aucun conseil de rédaction ou d'éthique n'a été créé pour dessiner les orientations de RTCI, alors que la radio en disposait jusqu'en Août 2014. Je ne vais pas me taire et je vais porter plainte pour préjudice moral car j'estime avoir été humilié.» Souffle de renouveau, souffle de sirocco? Pour avoir plus d'explications sur ce litige, nous avons contacté Monia Dhouib, Directrice de RTCI. Elle explique: « Adel Mothéré est incontestablement un professionnel qui a beaucoup donné et pour qui j'ai beaucoup de respect. Je n'ai aucun problème personnel avec lui. Le litige est exclusivement d'ordre professionnel. Aujourd'hui, RTCI ainsi que les huit autres radios publiques se trouvent confrontées à une rude concurrence et nos audiences sont très faibles par rapport à d'autres radios privées. Pour pouvoir perdurer, nous nous devons de faire des choix qui peuvent parfois sembler injustes mais qui sont certainement vitaux. Un souffle de renouveau doit souffler sur RTCI pour assurer sa pérennité. Nous sommes en 2015, nous devons faire évoluer le contenu de nos émissions, le rendre plus dynamique et plus interactif. Notre nouvelle orientation est de proposer un contenu de qualité, dans l'air du temps, tout en gardant l'âme de RTCI. J'estime que nous sommes aujourd'hui sur le bon chemin. Nous avons recruté de nouveaux collaborateurs qui regorgent de talent et de compétences. Karim Ben Amor par exemple, qui avait quitté le navire il y a quelque temps, reviendra pendant les week-ends. D'ailleurs, la nouvelle grille qui entrera en action dès la semaine prochaine est riche et variée, avec de nombreuses nouveautés. Avec Adel, j'aurai aimé que les choses se passent autrement. Mais il a fait preuve de beaucoup de réticence et s'est montré très réfractaire aux changements en cours. Les raisons évoquées dans le courrier que je lui ai adressé ne sont que l'arbre qui cache la forêt. » Concernant le procès que Adel Mothéré veut intenter, Monia Dhouib précise que l'animateur-producteur était un collaborateur externe et que son contrat incluait une clause qui permettait sa résiliation à tout moment par l'une ou l'autre des parties. Quant à l'interdiction d'accès, elle affirme qu'il n'en était rien et explique: « Pour qu'un collaborateur externe puisse pénétrer au sein de l'établissement, il faut que l'un des directeurs des radios signe un papier l'y autorisant. Puisque Adel ne collabore plus avec RTCI, pourquoi devrai-je signer pour lui ? Si par malheur, un problème survenait, j'en serai tenue pour responsable. Je ne signe plus pour me dégager de cette responsabilité et non pas pour lui interdire l'accès des lieux. Il peut toutefois demander à l'un des autres directeurs de radios de signer pour lui. Je n'y verrai aucune objection. » Chaque partie campant sur ses positions, le litige opposant Adel Mothéré à la direction de RTCI semble loin de connaître une issue favorable. Dommage pour cette illustre radio qu'est RTCI, dont les ondes ont bercé l'enfance et la jeunesse de milliers d'auditeurs aujourd'hui devenus adultes et qui sont nostalgiques du bon vieux temps où Sami Mbzaa, Hourya, Faïka (Dalila Mellouli), Faïza Mejri et autres voix cultes les accompagnaient quotidiennement, faisant presque partie de la famille. Mais ça c'était bien avant que la télévision et internet ne chamboulent tous les codes et rompent le charme.