Après avoir connu le succès au Mucem de Marseille, l'exposition "Lieux saints partagés" sera visible à Tunis dans deux mois. Réunissant pièces historiques et témoignages contemporains, cette vaste collection de 400 objets bouscule les certitudes et déconstruit les préjugés. Au nom du partage, de la compréhension et de la fraternité... Les expositions au musée du Bardo se succèdent et donnent une nouvelle envergure et une fonction alternative au musée national tunisien. Avec divers partenaires en Tunisie et à l'étranger, les animateurs du musée sont en train de rénover leur approche culturelle et parviennent à construire une nouvelle tradition au Bardo. "Tunisreise", Hannibal et photographes japonais Après le grand événement consacré au "Tunisreise" du trio Klee, Macke et Moilliet à l'occasion du centenaire du voyage en Tunisie de ces trois peintres européens, le musée du Bardo avait accueilli au printemps dernier l'exposition d'un buste de Hannibal, drainant de la sorte un public appréciable qui, par ailleurs, découvrait ou retrouvait les collections permanentes du musée. En ce moment, le musée qui, rappelons le a été créé en 1882 et inauguré en 1888 sous le nom de Musée Alaoui, accueille une vaste rétrospective de photographie contemporaine japonaise, organisée à l'occasion du soixantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre la Tunisie et le Japon. Une grande quantité d'oeuvres représentatives de la photographie japonaise depuis les années 1970 occupe ainsi les cimaises de la galerie du musée et offre une perspective sur l'essor de cet art au pays du Soleil Levant. Par ailleurs, le musée du Bardo devrait organiser au printemps prochain une exposition consacrée aux archives du Néerlandais Jean-Emile Humbert, avec le partenariat du musée de Leyden aux Pays-Bas. Cette exposition concerne les archives relatives aux premières découvertes sur le site de Carthage au début du dix-neuvième siècle. 400 objets allant des oeuvres d'art aux films et aux photos En novembre prochain, le musée du Bardo devrait également abriter une exposition d'envergure internationale consacrée aux Lieux saints en partage. Initialement organisée d'avril à août 2016 au Mucem de Marseille, cette exposition sera accueillie en Tunisie avec le soutien de l'Institut culturel français et devrait constituer l'événement culturel et muséographique de cette rentrée. Réunissant 400 objets de nature différente, cette exposition propose de découvrir des oeuvres d'art, des objets usuels, des films ou des photographies. Conçue comme un pèlerinage virtuel vers les Lieux saints partagés par tous les Méditerranéens, cette exposition visite une trentaine de ces sites aussi bien en Tunisie qu'à Istanbul, Lampedusa, Alger, Le Caire ou Marseille. Le parcours des visiteurs de l'exposition est structuré en quatre parties successives qui remontent d'abord aux prophètes et aux patriarches et à la présence mariale chez les chrétiens et les musulmans avant de se pencher sur la recherche des saints et les témoins et passeurs des traditions. Conçue par l'anthropologue Dionigi Albera après plusieurs années de recherche scientifique, cette exposition pose la complexité méditerranéenne face à la montée des fondamentalismes et des théologies exclusivistes. Avec Isabelle Marquette, co-commissaire de l'exposition, Albera propose une immersion dans les lieux saints partagés avec une démarche qui conjugue pièces historiques et témoignages contemporains. L'objectif des concepteurs de l'exposition est en effet de "bousculer les certitudes, déconstruire les préjugés et s'interroger sur ce que nous partageons". Un temps fort de la saison culturelle Lors de son passage marseillais au Mucem, l'exposition a remporté un vif succès et joui d'une audience nationale française. Son passage au musée du Bardo devrait confirmer cet élan et avoir une forte dimension symbolique après les crimes terroristes commis au musée national au nom d'une lecture falsifiée de l'histoire et des héritages religieux. "Lieux saints partagés" s'annonce d'ores et déjà comme l'un des temps forts de la saison culturelle et devrait drainer le grand public mais aussi les jeunes scolaires et universitaires en direction desquels cette exposition déploie une remarquable approche pédagogique.