Le poète mouille sa chemise, pas ses chaussures dans la gadoue. Grand Jacques... Il pleut, les carreaux de l'usine sont toujours mal lavés, tu as raison, mais les rues de Tunis, si tu savais... Il pleut tout de même, et ce n'est pas assez tôt: une petite prière pour la route, que la manne persiste, et qu'il pleuve à verse, des jours et des jours, avec des temps d'arrêt pour ménager dans la foulée, et la chèvre et le chou. Les rues de Tunis par temps de pluie, auraient inspiré le poète. Ou pas. Des peaux de banane sans la banane. Ça s'étale de tout son long. Fichtre! Les rues inondées par temps d'abondance, quand le passant qui passe s'offre quand même une chanson. Et une... pour la route! Il faudrait savoir... Les meilleures intentions du monde. Tunis vaut bien une pluie: ça va alléger la facture, pourquoi s'en priver? Les réserves d'eau peu chère! Oyez, oyez braves gens... Allez hop! A vos sauts. Des réserves en réserve, en prévision de la haute saison. Il ne faudrait pas rater le coup, cette fois-ci. Et s'en venir pleurer après, comme une madeleine, sur la nappe hydrique, et tutti quanti. Des rigoles, et des rigoles, et ça fera un sacré ruisseau. Une petite barque et la balade des gens heureux. Il ne faudrait pas qu'elle soit hargneuse, tout de même, cette sainte pluie. Qu'elle emporte dans son sillage, les maisons et les voitures, et la chaussure que vous aviez au pied. Parce qu'alors, la chanson pliera bagage, et cherchera, histoire de ne pas s'ennuyer un tantinet, d'autres villes et d'autres rivages pour y mouiller et accoster. Où l'accueillera une autre chanson. Allez Grand Jacques: il pleut déjà sur les trottoirs des grands boulevards...