Pour la Syrie, comme pour la Libye. Nous nous sommes fourvoyés, n'y avons vu que du feu, pédalé dans la semoule à qui mieux, mieux, avant de comprendre que nous avions tout faux, et qu'il faudrait dorénavant, avant de s'avancer en toutes choses, surtout sur des sujets aussi brûlants, savoir raison garder, pour ne pas s'emmêler les pinceaux, et sombrer dans un ridicule, lequel, ici en l'occurrence, tue plus qu'à son compte, sans user de la métaphore, mais d'armes véritablement meurtrières, qui ne se munissent d'aucune précaution, pour frapper à l'aveugle, sans autre forme de procès. Mea culpa : est-ce que cela sert à grand-chose maintenant, sauf à étourdir notre conscience qui n'en peut mais, d'avoir été menée en bateau, bernée, bercée par le chant des sirènes, bien décidées à avoir le dernier mot. Le fin mot d'une histoire terrible, qui n'a fait que se répéter lamentablement, sans que nous ayons, à aucun moment, fait l'effort d'ouvrir véritablement les yeux, pour embrasser, dans sa largeur, toute la perspective, afin d'évaluer la situation avec plus de justesse, pour au moins tenter d'en découdre, avant qu'il ne soit effectivement trop tard pour corriger le tir. Trop tard pour entreprendre quoi que ce soit, trop tard pour changer la donne, trop tard pour inverser la vapeur, trop tard pour avoir des regrets, et encore moins des remords. Alors maintenant qu'il est possible de changer son fusil d'épaule, il ne faut pas hésiter une seconde. Oui, il faut reprendre, et le plus tôt sera le mieux, nos relations diplomatiques avec la Syrie. Oui, il faut soutenir Bachar, oui, dix mille fois oui; il faut contrer l'hydre monstrueuse qui veut se repaître de tout le Moyen-Orient, n'en faisant qu'une bouchée, insatiable et vorace, tentaculaire et dangereuse, perfide et monstrueuse, et qui ne voit pas, en réalité, plus loin que le bout de son nez. Parce qu'un jour elle se retournera pour manger sa queue, jusqu'à s'étouffer par son propre sang, empoisonné par une politique, expansionniste et arbitraire, qui croit faire « joujou » avec la carte du monde, mais qui va au final à sa propre perte. Elle connaîtra son creux de la vague. Et il sera tellement creux qu'elle aura du mal à remonter. Les plus grands empires ont connu leurs « creux de la vague ». Quand on va très loin on n'a pas le temps de revenir à l'heure juste. Ils n'en sont pas revenus. La Syrie aura le dernier mot. Ce ne serait pas plus mal si on l'aidait à tenir le stylo. Même un crayon fera l'affaire. Pour retisser le lien.