Africapitlisme: voilà un nouveau vocable auquel il faudrait s'habituer dans la sphère des affaires en Afrique. A lui seul, ce mot pourrait suffire à traduire la volonté de tout un peuple, tout un continent à prendre « enfin » en main son destin, et de ne plus dépendre des soubresauts des marchés occidentaux. Une façon courageuse de dire non à ces pseudos aides et charités qui, en réalité, sont des guet-apens que ces pseudos donateurs récupèrent d'une façon ou d'une autre. Toujours est-il que ce concept impulsé pas Tony Elumelu commence à faire des émules au sein de la communauté africaine, et au plus haut niveau. A lire les principaux initiateurs de ce concept, cela pourrait traduire l'importance du secteur privé dans le développement de l'Afrique. M. Elumelu, président de Heirs Holdings, une société privée d'investissement, lance un appel au secteur en se basant sur sa propre expérience à la tête de l'United Bank of Africa (UBA). Il défend l'Africapitalisme en racontant comment avec 5 millions USD d'investissement dans l'UBA il y a 17 ans, est née une multinationale qui a généré 25 000 emplois, en produisant de la richesse pour les communautés à travers l'Afrique, entre autres par l'augmentation de moyens financiers pour le commerce, la création d'infrastructure financière plus solide, et surtout donné à de millions de clients le contrôle sur leur vie financière. La carte Tunisie: l'énergie Le continent africain est un continent encore vierge et le développement doit se faire à tous les niveaux. Bien que le domaine de l'éducation soit en plein essor, celui de la banque par exemple est encore assez faible, car la plupart des pays sont encore très faiblement bancarisés. Au milieu de tout cela, le principal frein au développement du continent reste bel et bien celui de l'énergie, notamment l'électricité, qui constitue l'investissement le plus catalytique et le plus stratégique que l'on puisse faire en Afrique. A ce niveau, l'expérience tunisienne pourrait servir d'un grand intérêt, car s'il y a des pays sur le continent qui maîtrisent leur énergie, la Tunisie pourrait se targuer d'être parmi ceux-là. Ce secteur présente une opportunité d'investissement attractive pour les investisseurs à long terme. De plus, comme la concurrence est faible, les retours, quand ils arriveront, seront très élevés. « ce sera similaire aux retours qu'ont obtenus les premiers investisseurs dans les télécommunications africaines, avant que le secteur ne devienne saturé et extrêmement concurrentiel », souligne Tony Elumelu. Il ajoute que si l'Afrique double sa capacité de production électrique, cela doublera le PIB de l'Afrique, et nous conduira vers une croissance durable, menée localement. L'Afrique: ce vivier inexploré Selon le dernier Rapport sur la richesse dans le monde 2013, avec presque 1 milliard d'habitants, l'Afrique compterait 140 000 ultra-riches, c'est-à-dire des personnes capables de dépenser un million de dollars, un peu moins du tiers du Moyen-Orient qui aurait 500 000 ultra-riches pour une population beaucoup plus petite. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, et montrent que le continent a besoin de personnes, que dis-je? d'entrepreneurs qui ont du cran, car à l'évidence notre potentiel est assez sous-estimé, en commençant par les Africains eux-mêmes. Le continent disposerait de 30% de l'ensemble des réserves minérales dans le monde, malheureusement inexploitées ou alors suffisamment pillées par ces compagnies qui n'ont pour seul objectif que de priver le continent de ses richesses, et ce, avec la complicité parfois flagrante de gouvernements et gouvernants véreux. Non, nous n'avons plus besoin de cela, nous avons besoin de personnes qui osent, de vrais entrepreneurs, déterminés, qui croient en l'Afrique, notre mère Afrique, de vrais « Africapitalistes » capables d'être de vrais créateurs de richesse sur le continent.