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Il a dérapé et risque de nous être renvoyé: Le cyber-djihadiste qui voulait rester en France
Publié dans L'expert le 17 - 03 - 2016

Le journal en ligne « Rue 89 » vient de publier l'histoire du « directeur » du site djihadiste Choumoukh al-islam qui a demandé à la cour d'appel de Paris de ne pas lui interdire le territoire français. Ce Tunisien, djihadiste de longue date, risque d'être expulsé vers la Tunisie, surtout qu'il n'a pas la nationalité française.
Petit pull gris à fermeture- éclair, pochette en carton vert pomme sous le bras, cheveux et barbe courts, en arrivant dans son box, Nabil Amdouni a plus l'air d'un professeur de physique-chimie que d'un proche d'Al Qaeda.
Lundi 29 février, le « directeur » du site djihadiste Choumoukh al-islam (fierté de l'Islam) est venu demander à la cour d'appel de Paris d'alléger sa peine de première instance (huit ans de prison ferme, assortis d'une interdiction définitive du territoire français, à l'issue de sa peine).
C'est cette dernière disposition qu'il voudrait voir disparaître, puisque ses deux enfants de 7 et 9 ans sont français et vivent en France.
Le logiciel Moudjahidines secrets
La cour a repris le dossier depuis le début.
Après un bac littéraire et une année de droit en Tunisie, Nabil Amdouni arrive en France en 2003. Il est maçon à Toulon (Var). En 2007, il cofonde le site Choumoukh al-Islam qu'il administre puis dirige et qui obtiendra l'accréditation de la branche média d'Al Qaeda.
Au cours de l'audience, le tribunal a longuement décrit ce site qui était, autour des années 2010 et 2011, l'un des plus « grands forums djihadistes du monde ». Grâce à son système de messagerie privée cryptée (le logiciel Moudjahidines secrets d'Al Qaeda), il représentait :
– un moyen pour différents groupes terroristes de communiquer entre eux et vers l'extérieur, en publiant revendications et communiqués ;
– un lieu d'échanges et de transmission d'informations sensibles notamment pour préparer des opérations terroristes ;
– un espace où s'organisaient des transferts d'argent et des soutiens logistiques (modes d'emploi d'explosifs) ;
– un endroit où le recrutement se motivait (par des vidéos de décapitation, parfois) et s'organisait.
Nabil Amdouni a par ailleurs à nouveau reconnu avoir :
– facilité le départ au Yémen de deux jeunes recrues ;
– pris connaissance d'un projet d'attentat en Espagne (contamination de réservoirs d'eau) sans pour autant « l'avoir pris au sérieux » ;
– transféré de l'argent à l'organisation djihadiste Fatah al-islam ;
– envoyé des informations sensibles sur des infrastructures françaises à la demande de hauts dirigeants d'Al Qaeda ;
– envisagé de partir faire le djihad en Afghanistan.
Dans son réquisitoire, le procureur a demandé aux juges de confirmer la peine de première instance (en l'alourdissant d'une période de sûreté de deux tiers). La décision sera rendue le 5 avril. Au-delà des faits qui vont être rejugés, voici ce qu'il faut retenir de ce procès.
L'écran qui enferme et facilite
Au cours de l'audience, Nabil Amdouni a raconté une vie surchargée, passée à jongler entre son travail de maçon, sa famille et un site internet extrêmement chronophage (il a reçu 2 984 messages entre mai 2010 et août 2011). Plusieurs fois au cours de l'audience, il a affirmé n'avoir jamais eu le temps de prendre du recul avec ses activités.
« Quand je suis arrivé à la maison d'arrêt d'Osny [Val-d'Oise, ndlr], j'étais encore enfermé. »
Avant son interpellation, Nabil Amdouni vivait « entre deux mondes ». D'un côté, le monde réel, avec sa femme et ses enfants. Ils avaient acheté un petit appartement en Tunisie « pour préparer leur avenir ». De l'autre, la vie sur le site. Quand la présidente l'interroge sur la transmission de données permettant d'atteindre une cible saoudienne, il répond :
« Pour moi, c'était un travail dont je ne voyais même pas le résultat. »
Tout au long de l'audience, Nabil Amdouni prétend avoir soutenu un djihad défensif, loin de celui de l'Etat islamique autoproclamé :
« Mon idée était de défendre les terres musulmanes contre toute invasion, pas d'importer le conflit en Europe.
Je suis contre l'idée d'imposer une vision. Je n'ai même pas imposé à ma famille une pratique stricte de la religion : ma femme n'a pas porté le foulard pendant des années et des années. »
La présidente du tribunal lui demande alors d'expliquer pourquoi, sur son site, on commémorait le 11 Septembre. Mais au lieu de dire « 11 Septembre », elle dit :
« 11 Novembre »
Le massacre du Bataclan entre dans la salle par toutes sortes de détours. Le procureur demande, par exemple, le maintien de l'interdiction définitive de territoire « pour que des drames comme on en a connus par la suite ne puissent pas arriver ». Nabil Amdouni essaye de se différencier sans cesse, sans parler directement des attentats :
« Je ne suis pas un terroriste. Un terroriste, pour moi, c'est quelqu'un qui tue des populations innocentes, des civils. Qui tue n'importe qui sans aucun motif. »
Quand la prison ne radicalise pas
Au cours de l'audience, Nabil Amoudni raconte l'histoire d'un homme qui a changé, en quatre ans de prison. A son arrivée, il était « radicalisé » et il ne serrait pas la main des femmes. Mais dans le cadre de sa détention, il a rencontré des femmes qui l'ont aidé et « bouleversé » (la directrice et des psychologues femmes).
A la fin de l'audience, Nabil Amdouni a expliqué courir dans le cadre de son « activité athlétisme » avec un juif, un chrétien et un « athée basque » :
« Je tourne avec eux tous les jours. Ce sont mes amis. »
De l'inutilité de la déchéance de nationalité
L'avocat de Nabil Amdouni, maître Eric Bourlion, a fait une plaidoirie excellente. Avant son intervention, l'interdiction de territoire pour Nabil Amdouni semble être la décision la plus naturelle du monde. En France, on a récemment voté la déchéance de nationalité pour les terroristes, dont le principal avantage est de permettre l'expulsion définitive…
Or, l'homme dont on parle ne l'a même pas, la nationalité française. Alors pourquoi s'embêter ? Hop, Nabil Amdouni, Tunisien, dehors.
Mais maître Bourlion a construit toute son intervention sur la stupidité de cette décision.
Il a expliqué, de façon convaincante, que cela faisait quatre ans que la prison investissait dans la déradicalisation de cet homme et que cela marchait. Que cela coûtait « une fortune tout ça, avec nos impôts… », et qu'il était idiot de faire ce travail d'ouverture d'esprit pour expulser ensuite.
Et puis, s'adressant aux juges comme s'ils étaient des enfants apeurés :
« Cela ne sert à rien de faire en sorte de ne plus savoir où il est. »
En France, Nabil Amdouni sera suivi et accompagné – « on peut lui imposer de continuer les groupes de parole ». En Tunisie, il se radicalisera peut-être à nouveau et on l'a vu, « les frontières sont des passoires ». Il crie presque :
« Dire que parce qu'on va l'expulser, notre territoire va être en sécurité est une hérésie. »
Le 5 avril, en décidant ou non de laisser la possibilité à ce Tunisien lié au terrorisme de rester sur le territoire national, la cour d'appel rendra aussi un arrêt politique.


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