Le mystère persiste, depuis la première année post-révolution, avec le blocage total de la ligne ferroviaire N° 13 Sfax/Gafsa/Tozeur, que ce soit pour le transport du phosphate ou des simples passagers. Le résultat en est que la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), en plus des autres sociétés de transformation du phosphate, a subi des pertes astronomiques qui auraient pu aider le pays à sortir de l'ornière et de ne pas aller quémander auprès du FMI et autres bailleurs de fonds quelques sous pour colmater les brèches du budget de l'Etat. Le blocage de la ligne ferroviaire N°13 persiste, depuis l'année 2012, face une passivité suspecte et inquiétante des pouvoirs publics qui n'ont, jamais, cherché, sérieusement, à résoudre le problème, et qui assistent, peut-être, impuissants, à ce qui se passe au niveau de Menzel Bouzaïane. Depuis, sept ans, c'est le statuquo néfaste, avec un groupe de sit-ineurs qui bloquent la voie et des gouvernements successifs qui n'ont pas trouvé de solutions, alors que cette zone mérite bien un petit coup d'œil pour dynamiser le développement et créer des emplois. Récemment, le gouvernement Youssef Chahed a pris le problème à bras-le-corps, surtout après la grève des cheminots qui exigeaient la reprise des activités de cette ligne qui rapportait gros à la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) et dont le blocage lui a coûté cher, avec un déficit qu'elle traine, depuis le début de la Révolution. La ligne ferroviaire reliant Sfax, Gafsa et Tozeur, a repris ses activités, mardi dernier, avec un premier voyage d'essai, le premier du genre depuis l'arrêt du trafic ferroviaire sur cette ligne depuis 2012, a indiqué, le secrétaire général de la Fédération générale des chemins de fer, Arbi Yakoubi. Il a indiqué qu'un deuxième voyage réservé au transport du phosphate à bord de la même ligne, a été effectué, mardi après-midi, ce qui a provoqué un mouvement de protestations au niveau de Zanouch et Sened (Gouvernorat de Gafsa) et Menzel Bouziane (Gouvernorat de SIdi Bouzid). Le syndicat satisfait A cette occasion, il a réitéré le soutien de la Fédération générale des chemins de fer à la réouverture de la ligne 13 pour le transport du phosphate, et son rejet des protestations illégales à l'origine du blocage de la ligne devant le transport du phosphate, soulignant que la société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT), a subi de lourdes pertes financières en raison de la suspension de l'activité de cette ligne. La ligne ferroviaire numéro 13 revêt une importance primordiale pour la SNCFT, fournissant 42% des revenus annuels de la société. L'arrêt de l'activité de cette ligne en 2012, a entraîné une perte de 6867 jours de travail, ainsi que des pertes financières dépassant les 470 millions de dinars au titre de l'année 2017. Il a en outre indiqué que la Fédération « a aperçu une réelle volonté de la part du ministère du Transport, de reprendre les activités de cette ligne, au point mort depuis des années, conformément aux revendications du syndicat, appelant les autorités « à appliquer la loi et d'assurer les voyages de transfert du phosphate pour ne pas porter préjudice aux agents de la SNCFT ». La fédération générale des chemins de fer relevant de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT) avait observé une grève de deux jours, les 23 et 24 avril dernier, pour revendiquer la reprise de la ligne 13 reliant, Sfax, Gafsa et Tozeur. Elle avait auparavant mis en garde contre l'absence d'une volonté politique de suspendre les « Sit-in illégaux, instrumentalisés par les barons du transfert du phosphate en camion », malgré l'émission d'une décision qui classifie les zones de production de phosphate comme étant des zones militaires. Le mouvement du 24 décembre a réitéré, jeudi, dans un communiqué, son opposition au passage de train de transport de phosphate, à travers Menzel Bouzaïane, tout en permettant au train de transport de passagers de circuler normalement. Une première concession Les protestataires poursuivront leur sit-in jusqu'à ce que la délégation obtienne sa part des richesses naturelles de la région et son droit à l'emploi et au développement équitable, lit-on dans le communiqué. Le mouvement exige qu'aucun train de transport de phosphate ne traverse la délégation, en contrepartie, il s'engage à laisser circuler les trains de transport de passagers. Après le retrait des forces de l'ordre, mercredi, les protestataires à Menzel Bouzaïane ont réinstallé, l'après-midi, les barricades sur la voie ferrée bloquant le passage du train de provenance de Gafsa en direction de Sfax. Mais, vers 23h00, ils ont préféré laisser le train continuer son parcours pour éviter qu'ils soient impliqués, à tort, dans d'éventuels actes de sabotages, précise-t-on dans le même communiqué. Le mouvement du 24 décembre réclame l'ouverture d'une enquête sur la corruption autour du transport de phosphate par camions. Il appelle à un dialogue « sérieux » avec les autorités centrales. La Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) table sur une hausse du volume de vente du phosphate de 55%, à fin 2019, pour se situer au niveau de 4,5 millions tonnes, si certaines conditions sont assurées. Selon un document de la Direction centrale de la production relevant de la CPG (avril 2019), cette augmentation sera tributaire de la réactivation de la ligne 15 (reliant Redeyef à Metlaoui), la redynamisation du transport à partir des deux villes d'Om Larayes et de Redeyef, disposant d'un stock de phosphates estimé à environ 2 millions de tonnes, et la poursuite de la production sans interruption, dans les différentes unités de la société. A noter que la ligne 15 qui est en mesure d'assurer le transport d'environ 2 millions de tonnes de phosphates par an, a été bloquée suite aux inondations qui ont touché le bassin minier, début octobre 2017. Des mouvements sociaux néfastes Toujours selon le document de la CPG, le volume du phosphate commercial transporté via les wagons du SNCFT, du bassin minier jusqu'au Groupement Chimique Tunisien et la Société tuniso-indienne des engrais, a chuté de 66%, à fin 2017, et de 76%, à fin 2018, pour se situer au niveau de 1,7 million tonnes (en 2018), contre 7,3 millions tonnes en 2010. Cette chute a été expliquée par les difficultés structurelles que connait la SNCFT depuis 2011, en raison du retard enregistré au niveau de lancement des investissements nécessaires au renouvellement du parc des locomotives et des wagons et à l'aménagement des lignes ferroviaires entre les trois principales villes du phosphate (Gafsa, Gabes et Sfax). « A cela, s'ajoute les mouvements sociaux à l'intérieur des sites de production au bassin minier et le blocage du trafic ferroviaire, notamment au niveau de la ligne 13 (reliant la ville de Gafsa et Sfax à Sidi Bouzid), ce qui a engendré l'interruption de l'activité de transport ferroviaire pendant 68 jours consécutives durant l'année 2018 « , a encore expliqué la CPG. La Compagnie a précisé que les mouvements sociaux, qui ont ciblé surtout les lignes ferroviaires 13 et 21 (Gafsa-Gabes), durant les trois dernières années, ont provoqué l'interruption du transport du phosphate pendant plus de 1000 jours, ce qui a entravé le transport d'une moyenne annuelle de près de 900 mille tonnes de phosphates. En cas de mise en service de nouvelles locomotives du SNCFT, prévue au début de juin 2019, la CPG s'attend à une augmentation de 32%, au niveau des quantités de phosphate transportées, quotidiennement, pour atteindre 13 mille tonnes contre 9,8 mille tonnes actuellement. La balle est, maintenant, dans le camp du gouvernement qui ne doit pas, certes, privilégier la solution sécuritaire, mais qui doit convaincre, surtout, les sit-ineurs. Cela ne peut l'être qu'à travers la mise en place d'un programme de développement et d'emplois qui peut apporter un peu de réconfort, à ces zones déshéritées. F.S.