L'indice composite des directeurs d'achat en zone euro s'est replié à 49,4 points au mois d'octobre, après 50,4 point en septembre, signalant ainsi une contraction de l'activité en ce début de dernier trimestre. Ce recul provient essentiellement des activités de services qui plongent en phase de contraction (plus faible niveau depuis 2012 hormis la période de confinement de mars à mai), alors que l'activité dans l'industrie s'accélère pour atteindre son plus haut niveau depuis août 2018. L'activité dans les services est, en effet, fortement impactée par des mesures plus restrictives dans plusieurs pays de la zone pour enrayer la propagation du virus Covid-19 qui ressurgit pendant la période hivernale. Le volume d'activité dans les secteurs de la restauration, de l'hébergement et du tourisme, est en forte baisse et l'emploi demeure en zone de contraction. Dans l'industrie, les commandes augmentent nettement sous l'impulsion d'une demande extérieure robuste, mais l'emploi poursuit néanmoins une tendance baissière depuis l'avènement de la crise sanitaire. Parmi les pays de la zone, seule l'Allemagne demeure en zone d'expansion au mois d'octobre grâce à la croissance de son secteur industriel, tandis que les activités de services se contractent pour la première fois depuis le mois de mai. En France, la croissance du secteur industriel ne suffit pas à compenser la dégradation des services, conduisant ainsi à une nouvelle contraction de l'activité sur le mois. Dans les autres régions, l'activité globale a baissé pour le troisième mois consécutif. L'activité en zone euro se replie précocement au mois d'octobre, en raison de la résurgence de l'épidémie qui oblige la plupart des pays à durcir leurs mesures anti-propagation. Si pour l'instant l'Allemagne semble épargnée par ce repli, elle n'évite cependant pas une chute de ses activités de services et une récente flambée des contaminations sur le territoire qui ternissent les perspectives de croissance, menaçant la zone d'un nouveau déclin du PIB au T4. Source : Bulletin- Crédit Agricole.
Chine : la croissance se rééquilibre, mais déçoit La croissance chinoise a accéléré en rythme annuel au troisième trimestre : après 3,2% au T2, elle a progressé de 4,9% en glissement annuel. Une performance solide dans l'absolu, confirmant les signaux de reprise déjà présents. Pourtant, le consensus s'attendait à mieux : 5,5% en glissement annuel et un rebond plus fort par rapport au T2, de 3,3% au lieu des 2,7% relevés. Ce décalage s'explique essentiellement par la faiblesse du secteur des services, car les autres indicateurs d'activité sont bien orientés. Une surprise qui se confirme : la vigueur du commerce extérieur. Après un premier trimestre de passage à vide, les exportations chinoises s'étaient redressées au deuxième trimestre, profitant du redémarrage de la production industrielle dans le pays pour gagner des parts de marché par rapport aux économies qui souffraient de mesures strictes de confinement (Philippines ou Inde, notamment). La question était donc de savoir si cette tendance à la hausse des exportations allait se maintenir au T3, et donc si la Chine allait conserver ses parts de marché. Il semble que ça ait été le cas au T3, puisque les exportations ont continué de progresser (+7,2% en juillet, +9,5% en août, +9,9% en septembre en glissement annuel), portées par les équipements et produits médicaux (masques, appareils, médicaments) et les biens de consommation liés aux activités d'intérieur. Plus important, les importations ont enfin renoué avec la croissance en septembre (+13,2% en glissement annuel), signe que la demande intérieure commence à repartir. Cette information est aussi importante pour la Chine que pour ses partenaires commerciaux, qui espèrent bénéficier de l'effet d'entraînement du géant asiatique. Cela avait été le cas lors de la crise de 2009, durant laquelle la Chine avait soutenu la croissance des pays exportateurs, de matières premières notamment. Le contexte est cette fois-ci différent, car la relance chinoise est moins forte qu'en 2009 et aussi moins tournée vers le secteur productif, mais il n'empêche que la hausse des importations est une bonne nouvelle pour les fournisseurs de la Chine. La production industrielle toujours dynamique, les ventes au détail progressent lentement Nous alertions depuis plusieurs mois sur un décalage offre/demande persistant dans la reprise chinoise, susceptible de déséquilibrer durablement la croissance du pays. Au troisième trimestre, ce déséquilibre s'est légèrement résorbé, mais reste une source de préoccupation. La production industrielle poursuit ainsi sa progression, soutenue à la fois par le commerce extérieur et la demande publique. Quant aux ventes au détail, elles se redressent lentement : en septembre, elles ont enregistré une croissance réelle (+2,4% en glissement annuel) pour la première fois depuis décembre 2019. Les performances du marché du travail – accélération légère des créations d'emploi, baisse du chômage urbain et surtout hausse réelle des revenus des ménages – ont aidé cette reprise. La consommation demeure toutefois majoritairement soutenue par la dépense publique et les ventes au détail cumulées sur les trois premiers trimestres sont toujours inférieures de 7,2% à leur niveau de 2019 Investissement : toujours le moteur de la croissance chinoise De toutes les composantes de la croissance chinoise, l'investissement reste la plus difficile à lire. Les investissements en capital fixe ont progressé de 0,8% en glissement annuel en septembre, pour la première fois de l'année. Mais cette performance a été largement permise par une accélération des investissements publics en infrastructures. L'investissement privé, dans le secteur manufacturier notamment, reste quant à lui décevant. Du côté du marché immobilier, les signaux de reprise sont encore mitigés : les ventes ont progressé en septembre, mais moins que sur les deux mois précédents, alors que le nombre de chantiers est en contraction. Quelle croissance, quel scénario ? Toutes ces données agrégées font que la croissance du troisième trimestre ressemble encore fortement à la celle du deuxième. Bien sûr, son niveau est supérieur, mais ne doit pas faire oublier que la demande privée, qui est censée devenir le moteur du nouveau modèle de croissance chinois, est encore en berne et que la reprise reste essentiellement menée par de la dépense publique. Sans cible officielle, difficile de savoir à quel point les autorités chinoises voudront tirer la croissance cette année : la Chine sera le seul pays du G20 à ne pas connaître de récession en 2020, mais l'affichage de chiffres élevés renforcerait également le message de Xi Jinping sur la supériorité du modèle chinois. Ce dernier devra donc arbitrer entre crédibilité et transparence des chiffres, équilibre de la croissance (surtout si la demande privée reste peu dynamique) et démonstration de force tant vis-à-vis des Chinois que du reste du monde. Le critère d'équilibre est important, car la Chine va nécessairement ressortir de cette crise encore plus endettée qu'elle n'y est entrée, et qu'elle aura besoin de cette demande privée pour absorber la production des entreprises, surtout si la hausse de la demande externe n'est que temporaire. Dans cette économie administrée, tout sera donc question de dosage pour estimer quel niveau de croissance peut être atteint cette année, sans causer trop de dommage à la croissance potentielle en surendettant les entreprises et les collectivités locales.