Les analyses autour des conséquences de la crise économique sur les pays en développement ne cessent de tomber, une après l'autre. Ce sont des analyses qui convergent toutes vers un seul constat : 2008 a été catastrophique, 2009 le sera encore plus, et c'est les couches sociales les plus vulnérables qui paieront les pots cassés. Plusieurs organes internationaux, tel que le FMI ou la Banque Mondiale, sont unanimes autour d'un « désastre » humain à cause de la crise économique. Les rapports de perspectives économiques pour les années à venir, sont de plus en plus pessimistes, et ne font que baisser les prévisions de croissance économique. Tout récemment un document de la Banque mondiale, présenté lors de la réunion des ministres des Finances du G-20, signale que la crise économique pourrait avoir des conséquences à long terme pour les pays en développement. Ce rapport est très alarmant concernant la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (région MENA) dont fait partie la Tunisie. Des prévisions alarmantes : Les prévisions de la Banque Mondiale sont très alarmantes pour la région MENA. Voici un extrait de ce que contient le rapport dans sa partie consacrée à la région : « Comme en Afrique subsaharienne, le secteur bancaire du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (région MENA) a, dans les premiers temps, moins souffert de la crise financière, du fait de sa moins forte intégration dans l'économie mondiale, toujours selon le document préparatoire au Sommet du G-20. Cependant, ce sont les répercussions de cette crise sur l'économie réelle et sur la vie des gens qui sont aujourd'hui au cœur des préoccupations. La plupart des pays de la région MENA enregistrent déjà une baisse marquée de la croissance de leurs exportations du fait du ralentissement économique mondial et de la chute des prix du pétrole. Certains pays exportateurs, caractérisés par une population importante mais des réserves de devises limitées, risquent de subir une baisse de leur balance des paiements courants de plus de 20% de leur PIB ainsi qu'une réduction de leur espace budgétaire et pourraient de ce fait rencontrer de plus grandes difficultés pour répondre aux besoins sociaux. Les pays dont la croissance dépend des emplois, des envois de fonds et des investissements directs étrangers des pays du Golfe présentent déjà des signes de difficulté. Les pays non-exportateurs de pétrole, à l'économie plus diversifiée, ayant des liens plus étroits avec l'Europe sur le plan du commerce et du tourisme, seront probablement les grands perdants. Ils seront en effet davantage lésés par la baisse des exportations en direction de l'Europe et des dépenses liées au tourisme, ainsi que par la diminution des investissements directs en provenance d'Europe. Ces facteurs de fragilité rendent encore plus nécessaire la mise en œuvre de plans de relance adaptés et suffisamment financés dans de nombreux pays de la région MENA. »
Des rapports à relativiser : Ces rapports qu'on ne sait pas les bases sur lesquels ont été établis, sont à relativiser. En effet, ils ne prennent pas plusieurs éléments en considération, tel que: - La capacité du pays de la région à répondre aux crises et situations économiques difficiles, - L'efficacité des mesures prises par ces pays pour faire face aux conséquences négatives de la crise économique, - Le potentiel de diversification de l'économie des pays de la région. Ces remarques s'appliquent exactement sur le cas de la Tunisie. Ce qui est mis en « gras » dans le paragraphe du rapport de la Banque Mondiale, semble être adressé à la Tunisie. Or la réalité économique d'aujourd'hui dément ces projections. En effet : - Plusieurs mesures présidentielles ont été prises pour soutenir les entreprises en difficultés à cause de la crise, surtout ceux de l'Industrie Mécanique et Electrique, - Un fonds de 100 Millions d'Euros a été crée pour financer les entreprises qui ont besoin de financement, - Le secteur exportateur a bénéficié de plusieurs mesures de soutien et d'accompagnement, - La base de l'économie tunisienne est très variée avec un secteur agricole de plus en plus performant et un secteur des services qui prend sa place en tant que moteur de développement. Les signes qui relativisent les prévisions de la Banque Mondiale, du moins, en ce qui concerne la Tunisie sont nombreux : - En 2008, les IDE vers la Tunisie ont connu une croissance considérable passant de 2158 MD en 2007 à 3326 MD en 2008 En Millions de dinars
2004 2005 2006 2007 2008 IDE 795,9 1 015,7 4 402,9 2 070,8 3 127 ,3 Portefeuille 62,6 72,5 116,0 87,1 198,5 TOTAL IE 858,5 1 088,2 4 518,9* 2 157,9 3 325 ,8 Soucre : FIPA Même les grands projets immobiliers annoncés avant la crise en Tunisie par des investisseurs des pays du Golfe on été maintenu, malgré l'annulation d'autres projets dans d'autres pays, ce qui dénote de la santé de l'économie tunisienne. - Le flux touristique sur la Tunisie maintient le cap, et on n'enregistre aucune baisse considérable des réservations pour 2009. En effet, le groupe « C tendances » vient d'annoncer cette semaine que la Tunisie est la destination la plus écoulée et vendue en février par les voyagistes membres du réseau AFAT Voyages (636 points de vente en France). - Les prévisions de croissance économique selon le budget économique sont de 5.1%, ce qui n'est pas une baisse importante du rythme. Une croissance qui reste tout de même positive, en comparaison avec d'autres pays qui enregistreront des croissance négatives. Ces affirmations ne veulent pas dire que nous sommes un pays intouchable par la crise, mais une seule réalité doit s'imposer : s'il y a des perdants dans cette crise économique, nous serons les moins touchés. On doit se concentrer sur cette réalité pour ne pas sombrer dans les perspectives alarmantes qui ne font que monter « la psychose économique ». Avec tout le respect que je dois aux experts et économistes en chef de la Banque Mondiale, je leur dit que sur le cas de la Tunisie il faut relativiser l'impact de la crise, et qu'il ne faut pas mettre « tous les œufs dans le même panier. En tout cas en Tunisie, on sait faire la différence entre œuf « arbi » et œuf « souri ».
Les pays en développement confrontés à de nouvelles réalités économiques
Au cours du second semestre 2008, la baisse de la demande a entraîné une baisse de 38% du prix des matières premières non énergétiques, qui constituent la principale source de revenus pour de nombreux pays. Les prix du pétrole ont chuté de 69 % entre juillet et décembre. - Le commerce mondial s'effondre du fait que les importations entre pays riches diminuent et que pays développés sont moins demandeurs de produits provenant des pays en développement (eux-mêmes fortement dépendants des marchés de ces pays en ce qui concerne leurs exportations). - Les flux de capitaux privés vers les marches émergents et les pays en développement se tarissent. L'Institut de la finance internationale estime que ces flux n'ont été que de 467 milliards de dollars en 2008, soit la moitié de leur niveau de 2007, et prévoit une nouvelle baisse pouvant aller jusqu'à 165 milliards de dollars en 2009. - Les travailleurs émigrés devraient envoyer moins d'argent à leurs familles cette année, ce qui risque d'accentuer la pauvreté et l'inégalité dans de nombreux pays où les envois de fonds représentent une part importante du PNB. - L'aide officielle au développement (AOD), dont dépendent de nombreux pays pauvres, est compromise : certains bailleurs de fonds ont en effet déclaré qu'ils devaient revoir à la baisse leur budget réservé à l'AOD.