ECA International, spécialiste de la mobilité internationale et dans la gestion de l'expatriation dans le monde, réalise son enquête «Tendances des salaires » chaque année dans plus de 50 pays. Dans un contexte économique difficile, ECA International a mené une enquête afin d'évaluer l'impact de la crise sur les politiques salariales des entreprises depuis septembre 2008. Menée auprès d'entreprises multinationales, l'enquête d'ECA International constitue pour les responsables des ressources humaines un véritable baromètre des différents niveaux de salaires pratiqués dans le monde. Une hausse modérée dans le monde : Dans le monde, les hausses de salaire seront en moyenne de 4,7 % cette année, contre 6.2 % l'an passé, conséquence des politiques de réduction de coût mises en place dans une majorité d'entreprises. « Alors qu'en 2008 l'inflation, la concurrence acharnée pour le recrutement des talents et la croissance soutenue dans de nombreux pays avaient porté les hausses de salaire à un niveau élevé, le retournement économique que l'on subit depuis septembre dernier a obligé nombre d'entreprises à revoir leurs prévisions. On observe désormais des prévisions en baisse de 30% en moyenne ». « Néanmoins, pour continuer à attirer et à retenir les talents, les entreprises vont devoir trouver un juste équilibre entre les augmentations de salaires et les réductions de coûts. Il faut noter que si les augmentations annoncées sont moins importantes qu'en 2008, l'inflation a quant à elle beaucoup ralenti. La véritable hausse de salaire (différence entre l'augmentation du salaire et l'inflation) serait donc dans certains cas plutôt supérieure à celle de 2008 et ce malgré un niveau de salaire inférieur. » Dans le monde, ce sont les salariés vénézuéliens qui arrivent en tête du classement mondial avec des augmentations de salaires de l'ordre de 24 % (contre 22 % l'an passé), suivis des Argentins (12 %), des Indiens (10,8 %) et des Vietnamiens (10,6%). En Argentine et au Venezuela, ces hausses conséquentes s'expliquent notamment par le niveau élevé de l'inflation, résultant des politiques économiques en vigueur. En dépit de la crise, c'est la pénurie persistante des talents qui vaut aux travailleurs indiens de bénéficier de la 3eme plus haute augmentation (10,8 %).
En Europe : un bilan mitigé La crise économique a des répercussions sur les augmentations de salaires. En effet, les entreprises qui opèrent sur le sol européen interrogées par ECA International annoncent des prévisions d'augmentation de 3,3 %, en recul de 43% par rapport aux prévisions établies en septembre 2008 et bien inférieures aux prévisions données l'année dernière (5 % à l'époque). L'Europe de l'Est continue à combler le décalage avec l'autre partie du continent : alors que l'Europe de l'Ouest devrait connaître une augmentation brute moyenne des salaires de seulement 2 %, les augmentations demeurent élevées à l'Est + 5 %. La tendance au niveau mondial s'établit quant à elle à 4,7 %. « L'Europe est très affectée par le retournement économique, assez logiquement, les effets de cette crise se reflètent dans les prévisions d'augmentation. Les entreprises slovaques sont les seules qui comptent maintenir les augmentations au niveau de l'an passé. A contrario, 29 % des entreprises opérant en Europe ne prévoient aucune augmentation de salaire.» Les tendances chez certains pays européens se présentent comme suit: - En Allemagne, les entreprises tablent sur des augmentations de l'ordre de 2,5 % contre 3.5 % effectivement atteints en 2008. - Au Royaume-Uni et en Espagne, les entreprises prévoient aussi 2,5 % d'augmentation alors qu'elles tablaient sur respectivement 4 % et 4,2 % en 2008) - Enfin, en Italie, des prévisions légèrement supérieures à celles de l'hexagone à 2,1% contre 3,9% effectivement attribuées en 2008. A l'Est, les salariés russes devraient bénéficier de 7,5 % d'augmentation, la plus forte progression de la région, suivis par leurs homologues roumains et lettons.
Asie: des gels de salaries dans certains pays: En 2009, les augmentations dans la zone Asie Pacifique vont chuter de 40 % à + 4,8 % par rapport aux prévisions établies avant le début de la crise. Presque un tiers des entreprises opérant en Asie interrogées compte même geler les salaires. « C'est en particulier le cas au Japon où les entreprises prévoyaient, il y a 6 mois, des augmentations de l'ordre de 2,8 %. Aujourd'hui près de la moitié d'entre elles entendent geler les salaires » Cependant, certains pays tirent bien leur épingle du jeu : c'est le cas du Vietnam, de l'Inde et de l'Indonésie. Le Vietnam étant le seul pays de la région à afficher une progression par rapport à l'an passé. « La demande de talents reste très forte en Inde, c'est la raison pour laquelle les hausses sont importantes malgré la situation économique. En Indonésie et au Vietnam, c'est le niveau élevé de l'inflation qui entretient ces hausses ».
Amériques : baisse des augmentations : En Amérique du Nord, les prévisions d'augmentation ont globalement diminué de moitié : au Canada elles sont passées de 4 % à 1 % et aux Etats-Unis, de 4 % à 2,8 %. A contrario, les entreprises interrogées en Amérique du Sud comptent poursuivre les politiques d'augmentation salariale, à un rythme aussi soutenu, voire plus soutenu qu'en 2008, c'est le cas au Brésil, au Chili et au Venezuela. Alors que 40 % des entreprises interrogées opérant en Amérique du Nord entendent suspendre les augmentations, seules 7% des entreprises en Amérique du sud comptent faire de même.
Une bonne 5ème place pour l'Egypte : Au niveau des pays arabes, l'Egypte détient une bonne 5ème place, devançant plusieurs pays développés. Les Emirats Arabes Unis, occupe une 20ème place dans les plus fortes augmentations de salaires, ce qui peut donner plus d'une idée pour des tunisiens qui cherchent avec acharnement un poste dans l'eldorado du Golfe
La Tunisie : un climat sain de dialogue social : La Tunisie n'est pas couverte par ce classement, vu que nous sommes un pays exportateurs de ressources humaines qualifiées, en premier lieu. Ceci n'empêche pas de signaler au passage le climat de dialogue social instauré depuis des années pour les négociations salariales. La politique tunisienne se base sur une révision triennale qui permet à l'entreprise et aux travailleurs de faire des prévisions futures. Le dernier round de négociation entamé depuis le début de l'année 2008, continue jusqu'à nos jours. Les augmentations pour les fonctionnaires ont été arrêtée au niveau de 4.75%, ce qui est supérieur à l'augmentation accordée au round précédent. Cette augmentation dépasse aussi le niveau mondial tel que calculé par ECA international. Les négociations dans certaines branches du secteur privé ont été bouclées avec des augmentations qui ont atteint dans certains cas les 6.5%. Les négociations pour d'autres secteurs privés, ou des entreprises publiques continuent encore, et vont aboutir incessamment, surtout après la conclusion d'accords dans de principales entreprises publiques (SNCFT). Les négociations salariales sont un témoin du climat de concorde et de paix sociale qui règne en Tunisie, malgré une crise qui s'aggrave de plus en plus et qui pèse lourd dans certains secteurs à forts taux d'employabilité.