· Grèves et sit-in ont atteint des niveaux terrifiants… Au mois de Juillet on a enregistré une progression de 100% d'actes de sit-in et de manifestations pour atteindre 156 cas. · L'indice de la production industrielle est passé de -6.2% au cours des 4 premiers mois à -12% au cours des 7 premiers mois. Ce que l'économie tunisienne est en train de vivre aujourd'hui est un véritable stress test, qui va permettre de savoir ses limites, et à quel point elle peut résister. Selon le discours du premier ministre, la situation est chaotique. Selon les déclarations du gouverneur de la banque centrale, la situation n'est pas aussi catastrophique, mais pourrait l'être, si certaines mesures ne sont pas prises. Une chose est sûre, c'est que l'économie tunisienne est en train de souffrir le martyr, et les indices qui se présentent ne donnent pas grand espoir, et ce pour plusieurs raisons. Mais jusqu'où l'économie tunisienne peut-elle tenir? Et faut-il croire en un espoir de reprise ou stabilisation de la situation? Révolution, insécurité, sit-in, grèves, économie mondiale et crise libyennes Rien n'a épargné l'économie tunisienne au cours des ces derniers mois. Ni la conjoncture nationale, ni l'internationale. Tous les éléments se sont acharnés pour fragiliser notre économie, qui est déjà fragile à cause de la crise économique mondiale de 2008. Les principaux éléments qui ont contribué à la fragilisation et la perturbation des agrégats de notre économie sont principalement: La révolution et ce qui l'a accompagné de dérapages, de pillages, de vols et d'insécurité, Les grèves et les sit-in, qui ont atteint des niveaux terrifiants. En effet, au mois de Juillet on a enregistré une progression de 100% au niveau des actes de sit-in et de manifestations pour atteindre 156 cas. Le même constat a été fait en qui concerne les actes de fermeture des routes et des entreprises productives passant de 103 en juin à 184 cas en juillet 2011. Cette situation a largement perturbé l'activité économique et l'approvisionnement du pays. Plusieurs de ces grèves et sit-in sont anarchiques, et parfois pour des motifs qui font rire. La crise libyenne a eu aussi son lot d'impacts négatifs sur l'économie. Avec plus de 150 mille réfugiés libyens sur notre sol, et l'exportation illégale des denrées alimentaires, l'approvisionnement du pays était largement perturbé au cours des derniers jours et des hausses importantes dans les prix ont été enregistrées. Viennent ses derniers jours les problèmes économiques des Etats-unis et de la crise de l'endettement de certains pays de la zone euro, qui font craindre une nouvelle onde de choc de la crise de 2008. Cette situation a perturbé l'économie mondiale, et baissé la demande mondiale et donc les exportations. Comme en 2008, l'économie tunisienne est nettement concernée par cette situation vu les relations économiques et commerciales avec l'union européenne. Comme si l'économie tunisienne ne manquait que ça! C'est donc un environnement hostile, de l'intérieur comme de l'extérieur qui pousse l'économie nationale vers le fond. Selon certains analystes, seul un endettement excessif, ou un miracle peut sauver l'économie tunisienne de la faillite. Une note pessimiste, qui fait peur pour l'avenir.
Du rouge partout Durant les dernières années, on a longtemps martelé les prouesses de l'économie tunisienne. Une économie qui réalise des niveaux de croissance importants malgré une conjoncture difficile. Même les rapports des plus grandes instances internationales et agences de classement mettaient en exergue la solidité d'une petite économie, qu'on a qualifié, à tort ou à raison, de "dragon de l'Afrique". Il faut dire que notre économie ne manquait pas d'atouts: une économie ouverte, diversifiée, et un climat des affaires et des incitations à l'investissement plutôt bons. Cette solidité n'est pas à mettre en doute. En effet, il y avait certes de la croissance, mais les fruits étaient mal répartis. "Les acquis" de l'économie tunisienne durant les dernières années lui ont permis de subsister jusqu'à nos jours et de continuer à fonctionner, presque normalement. Plusieurs indicateurs sont au rouge, mais on est loin d'une situation chaotique "à l'africaine". A cause du climat d'insécurité et des sit-in et grèves, l'activité industrielle a nettement chutée. L'indice de la production industrielle est passé de -6.2% au cours des 4 premiers mois à -12% au cours des 7 premiers mois. On note au passage, la chute de l'activité chimique de -36.5% et celle du secteur des mines de -59.7%, à cause du blocage des l'activité des mines du phosphate et des sites de production. Nos réserves en devises ont atteint, à la date du 26 juillet dernier, à 10.647 MDT l'équivalent de 118 jours d'importation contre 147 jours à la fin de l'année 2010. Une baisse attribuée essentiellement à la baisse de l'activité touristique qui a atteint -50%. Les IDE, qui étaient une véritable source de devise et de création d'emplois ont baissé de 17.2% au cours des 6 premiers mois de l'année, ne totalisant que 775,3 MDT contre 936,6 MDT durant la même période de 2010. Le niveau du chômage est en nette progression avec plus de 750 mille chômeurs actuellement et un niveau de chômage de 20%, et qui dépasse les 30% au niveau des diplômés du supérieur. Plus de 150 mille nouveaux chômeurs sont dus aux grèves et sit-in anarchiques et illégaux. Le stress test C'est donc un véritable stress test qu'est en train de passer l'économie tunisienne, à l'instar de ce qui a été fait pour les banques européennes. Jusqu'où peut-on tenir et avons-nous les atouts pour le faire? Jusqu'où l'économie tunisienne peut supporter un chômage aussi élevé, à quel point peut-elle tenir à ce niveau de baisse de l'activité économique, à quel point les finances publiques peuvent-elles supporter un déficit aussi important, à quel niveau les caisses de l'Etat peuvent financer les aides, les interventions sociales et les recrutements dans la fonction publique, ?...Autant de questions qui sèment le flou et le doute sur l'économie tunisienne. Il est important de signaler que la Tunisie vient de commencer les premiers tirages financiers octroyés dans le cadre du programme du G8. Sur un autre plan, la saison agricole céréalière était relativement bonne, permettant de récolter le double de la production de l'année dernière, ce qui va alléger les dépenses de compensation et d'importation. La marge de manœuvre pour notre économie n'est pas grande, et les possibilités et scénarios de reprise sont constamment réduits à la baisse. Selon les dernières estimations, la croissance économique sera de 0.8% cette année, après une chute de -3.3% au cours du premier trimestre. Le niveau galopant du chômage finira par créer encore plus de tensions sociales, de pauvreté et d'insécurité, ce qui représentera un défi majeur pour le gouvernement. Les dépenses publiques engagées par le gouvernement afin d'absorber la grogne sociale, et subvenir aux augmentations salariales, aux nouveaux recrutements, parfois inutiles, et aux projets d'utilité publique; ne feront qu'augmenter le déficit public. L'économie tunisienne connaitra bientôt ses limites au niveau de sa capacité à répondre au maximum aux demandes d'emploi, à faire face au déficit public, à compenser la baisse de l'investissement et de l'activité économique, et à l'anarchie qui frappe certains secteurs tels que le commerce. Peut-être que les choses vont changer après le 23 Octobre. On l'espère.
Pavés Rien n'a épargné l'économie tunisienne au cours des ces derniers mois. Ni la conjoncture nationale, ni l'internationale. Tous les éléments se sont acharnés pour fragiliser notre économie, qui est déjà fragile à cause de la crise économique mondiale de 2008. Le niveau du chômage est en nette progression avec plus de 750 mille chômeurs actuellement et un niveau de chômage de 20%, et qui dépasse les 30% au niveau des diplômés du supérieur.