La Tunisie a célébré hier la Journée de l'Afrique. L'on peut se demander pourquoi une Journée de l'Afrique quand il n'y a pas de pareille pour les autres continents? L'Europe, l'Asie, l'Amérique connaissent, certes, des difficultés, mais ce sont des difficultés et des crises qui font partie de la dynamique de l'Histoire. La roue du progrès qui continue, bien que parfois cahin caha, a marqué leur devenir. Peut-on en dire autant pour le continent noir? Au début des années soixante du siècle dernier, les indépendances acquises par la plupart des pays africains après des périodes plus ou moins longues de servitude et d'aliénation, avaient fait naître d'immenses espoirs. Certains mêmes voyaient dans l'Afrique le continent qui allait assurer le salut d'une humanité en perte de repères et de convictions. Un demi-siècle plus tard, le diagnostic est moins réjouissant. A quelques exceptions près dont, il faut le reconnaître, la Tunisie, l'Afrique fait quasiment du surplace. Un surplace parsemé des incertitudes politiques sans fin, des crises économiques particulièrement meurtrières, poussées de famines qui portent atteinte à la dignité de l'être. Et surtout des guerres et des séditions qui ont la fâcheuse tendance à s'éterniser avec, à la clé, des massacres pour ne pas dire des génocides. René Dumont, un sociologue occidental, avait écrit il y a quelques décennies, un brûlot intitulé: «L'Afrique est mal partie». Hélas, nous constatons avec désenchantement que le pronostic est toujours alarmant. Et il n'y a pas de meilleur indice que le taux de pauvreté pour le démontrer. Que faire alors? Le temps ne pardonne pas dans ce genre de contexte.