Monsieur le président, Permettez, vous qui êtes le Chef de l'Etat le plus puissant de la planète, à un simple citoyen du monde arabo-musulman, de vous adresser à son tour le message suivant. Citoyen, devrais-je dire plutôt d'un conglomérat de nations au ciment friable qui a autorisé l'Occident à l'humilier, le piller, le dépecer comme bon lui semblait. Monsieur le président, vous avouerais-je que j'ai pleinement savouré le discours historique où vous proposiez la réconciliation entre l'Occident et l'Islam. J'en ai apprécié la hauteur de vue, les idées généreuses et le ton chaleureux. C'était d'autant plus fort que vous aviez improvisé ce morceau d'anthologie sans notes ni schéma. Tout un chacun sait qu'un texte improvisé part généralement du cœur. Et qu'il s'adresse donc au cœur. Et c'était d'autant plus persuasif qu'il s'agit d'un conflit, le conflit israélo-palestinien, qui revêt une centralité sans précédent dans le devenir du monde. Vous êtes animé des meilleures intentions. Cela se sent. Vous êtes mû par le souci très méritoire d'enclencher un processus de paix équilibré avec la présence de deux Etats, cohabitant dans la concorde. Mais vous étiez si emballé par cette idée que vous semblez avoir laissé la bride à l'Etat hébreu pour imposer la judéité aux arabes d'Israël, sous peine de les priver de la pleine citoyenneté israélienne. Vous savez, Monsieur le président, ce que cela signifie? Deux millions d'arabes israéliens, qui vivent pourtant sur la terre de leurs ancêtres, peuvent être éjectés du jour au lendemain. Mieux encore ou peut-être pis encore: autant vous étiez convaincant au niveau de la forme, autant vous étiez discret sur les moyens envisagés pour concrétiser ce programme. Car vous n'êtes pas sans ignorer que Tel-Aviv n'a jamais appliqué les résolutions onusiennes. Vous ne pensez quand même pas que nous avalerions une nouvelle couleuvre! Vous savez aussi pertinemment qu'Israël a le génie de torpiller toute tentative de paix. Il est de votre devoir de vous déterminer clairement sinon l'on penserait que vous allez vous lancer dans un stérile combat contre des moulins à vent. Vous ne seriez alors qu'un pâle disciple de votre prédécesseur. Et l'injustice perdurera ainsi jusqu'à la fin des temps.