Devant un large public de professionnels, de chercheurs et d'universitaires, les travaux de la Première Conférence méditerranéenne sur les approches critiques en comptabilité et finance ont démarré le lundi 6 juin dernier. Placée sous le Haut Patronage du Président de la République, cette rencontre fut l'objet de la conjugaison des efforts de plusieurs intervenants à l'instar de l'Université de La Manouba, l'Université Télécom Sud-Management Paris, l'Association Professionnelle des Banques et des Etablissements financiers et la Fédération des Banques et des Assurances. Dans cette optique, M. Taoufik Baccar, ministre Gouverneur de la BCT a rehaussé de sa présence cet évènement, pour prouver l'intérêt accordé par les autorités nationales à la crise financière afin d'énumérer les bons scénarios de sortie du constexte de crise. Il est opportun donc de rappeler que cette manifestation ouvre la voie à une réflexion avancée sur les enseignements à tirer, sur les voies de sortie de cette crise et surtout sur les réformes à engager en vue d'éviter que de telles crises ne se reproduisent. Pas moins de 18 sessions, réparties sur 2 jours, avaient eu lieu durant cette Première Conférence méditerranéenne sur les approches critiques en comptabilité et en finance. Nombreux étaient les panelistes dont la qualité oscille entre professionnels et universitaires.
Une crise financière à multiples facettes A ce propos, M. Taoufik Baccar a signalé que la crise actuelle trouve son origine dans la coexistence de deux bulles qui se sont mutuellement alimentées: il s'agit du secteur immobilier aux Etats-Unis et la hausse des crédits immobiliers. Ainsi, la crise des subprimes, la crise du marché inter-bancaire et la crise boursière ont affecté l'ensemble des économies. Au-delà des questions de sorties de crise et de soutien de la demande, l'objectif d'une démarche réformatrice est de mieux maîtriser les sources d'instabilité financière et d'éviter le déclenchement de nouvelles crises systémiques. Il s'agit d'abord de promouvoir l'intégrité des marchés de régulation à tous les marchés et instruments, ainsi qu'à l'ensemble des espaces. De ce fait, la nature systémique de cette crise nécessite donc une réflexion d'ensemble sur les moyens institutionnels et réglementaires susceptibles de contenir les crises financières, d'enrayer la transmission de celles-ci à la sphère réelle et de préciser les contours d'une nouvelle architecture financière internationale capable d'endiguer le risque de reproduction d'une telle crise. C'est dans ce cadre que s'inscrivent les travaux de cette Première Conférence méditerranéenne sur les approches critiques en comptabilité et en finance. A cet égard, M. le Gouverneur de la BCT a indiqué que: «La présente situation de crise est un moment propice à la gestation de réformes globales significatives, destinées de concevoir une architecture financière internationale capable d'endiguer le risque systémique, de contenir les accès de complexité financière, de remettre la finance au service de l'économie réelle en corrigeant certaines dérives de la finance virtuelle, notamment les marchés de gré à gré d'instruments et de produire des systèmes de rémunérations et d'incitations déconnectés des prises de risques».
Professionnels et académiciens… tous pour l'action Tout le monde a parlé de la crise, a analysé son origine et ses conséquences, ainsi que ses retombées et les décisions pour y remédier. On peut dire donc que cette conférence présente une approche novatrice. Il s'agit bien de réunir les professionnels, les académiciens et les chercheurs universitaires afin de les mettre sur la même longueur d'onde. Ainsi, l'objectif principal de cette rencontre fut de construire un réseau méditerranéen de spécialistes en la matière afin de bien diagnostiquer les situations et en trouver les bons scénarios de soutien du contexte de cette crise tout en tenant compte des spécificités de chaque région. Dans cette orientation, cette manifestation a marqué la présence de l'Association professionnelle des Banques et des Etablissements financiers, la Fédération des Banques et des Assurances du RCD, l'Université de Télécom Sud-Management Paris, l'Université de La Manouba, l'Université de Paris-Dauphine et toute une brochette d'enseignants chercheurs. De nouvelles exigences s'imposent. Ce n'est plus le temps de la recherche pure de l'analyse proprement dite. Cette manifestation opte à valoriser les travaux de recherches des académiciens et les rendre praticables au niveau du milieu professionnel afin de mieux répondre aux nouvelles exigences de la nouvelle conjoncture mondiale actuelle. A cet égard, il est opportun de noter que cette rencontre se déroulera tous les 3 ans et chaque session se déroulera dans un pays. Une telle rencontre ambitionne d'œuvrer pour promouvoir, renforcer et consolider le climat d'entente entre les universitaires et les professionnels, un objectif qui a été inconnu à l'adresse pendant plusieurs années. De ce fait, les panélistes ont abordé plusieurs thèmes importants qui touchent plusieurs sujets d'actualité dont on note principalement les normes IFRS, crises et normalisations comptables, la gestion de l'instabilité financière internationale: nouveaux acteurs, nouvelles pratiques. Dans notre démarche, on a pris quelques sessions que nous jugeons importantes.
Vers la construction d'un réseau méditerranéen La recherche d'un cadre d'analyse des crises financières a conduit à cerner l'étiologie de ces crises dans les fragilités des systèmes financiers. Le scénario de la crise actuelle impose un effort de synchronisation de coordination et de coopération entre les différents acteurs. Cela fut un objectif primordial de cette conférence. Ainsi, l'objectif est de construire un réseau de compétences méditerranéennes pour favoriser l'échange du savoir-faire et des connaissances afin de trouver les bonnes solutions aux bons moments face aux problèmes communs. Les approches critiques développées vont rapporter de nouvelles visions critiques pour séparer les choses du bruit qu'elles font, entre autres éliminer toute analyse symptomatique de la crise financière et adopter une démarche constructive et pertinente pour répondre à la question qui préoccupe le monde de la finance: «Les crises financières devraient-elles se reproduire? Comprendre et réformer!». Or, comprendre c'est déjà fait! Car, avant même que la crise ne dévoile encore tous ses secrets, tout le monde a bel et bien compris son origine et ses répercussions. Ce qui gêne actuellement c'est de trouver les mesures nécessaires pour freiner la crise et pour trouver les bons remèdes. Mme Nihel Shabrak, du comité organisateur de cette rencontre, nous a confié qu'elle est optimiste concernant la réalisation des objectifs fixés. De ce fait, la présence des experts financiers ainsi que leurs interventions expliquent bel et bien son optimisme. En somme, il convient de signaler qu'une telle rencontre s'inscrit dans une dynamique continue de préoccupation aux sujets d'actualité de la part des autorités tunisiennes. Dans l'espoir de la concrétisation des efforts, il est opportun que les organisateurs envisagent éditer un livre qui résume les différentes interventions.