La dissuasion est certes nécessaire pour lutter contre le fléau de la violence, verbale et physique, de plus en plus présent dans nos stades et autres espaces sportifs. On ira jusqu'à souligner le caractère urgent et prioritaire d'un vrai combat contre un phénomène abominable qui gâche le spectacle et empoisonne notre sport, tout en prenant – et c'est le plus préoccupant – davantage d'ampleur. C'est justement pour cette raison qu'on se réjouit chaque fois que la justice se prononce et sanctionne fermement les responsables des actes de violence dans tel ou tel stade et à l'occasion de telle ou telle compétition. Toutefois, une démarche basée sur la dissuasion exige une capacité absolue de détermination des responsabilités et une grande précision dans l'identification des vrais coupables. Sinon, cette démarche sera sans doute contre-productive. Elle produira donc des effets tout à fait contraires à ses objectifs si elle échoue à récolter les preuves de culpabilité et va jusqu'à conduire des innocents devant les tribunaux. Dans ce cas, deux attitudes ou scénarios s'esquissent pour ces derniers: déserter les stades ou – et c'est dela le plus inquiétant – se convertir au «hooliganisme». Bien qu'elle ne soit point mûre, cette seconde réaction serait malheureusement probable pour certains qui ont, en quelque sorte, vécu «l'expérience» étant déjà pris pour des fanatiques. Un certain sentiment d'injustice pourrait alors les encourager à se revêtir réellement de la tunique; un genre de «récidive» de protestation, du point de vue de la criminologie. Cela étant, il semble nécessaire de planifier et de bien s'équiper aussi pour ne sanctionner que les vrais fauteurs et éviter ainsi d'éventuelles dérives ou dysfonctionnements dans la démarche dissuasive. Ailleurs, la lutte contre le fléau de la violence dans les espaces sportifs a donné lieu à des expériences très originales en la matière. L'exemple le plus significatif dans ce sens vient de l'Angleterre. Dans ce pays, le problème des fameux Hooligans constitue un casse-tête traditionnel pour les autorités. Pourtant, le système de classification et d'identification des fanatiques rend très improbables les erreurs. D'ailleurs, cet exemple est important, sur un autre plan, car il prouve que le fléau existe, fortement, même dans les pays les plus développés. Cela suffit-il pour affirmer que le problème doit être abordé, chez nous, sans le moindre complexe. Une dernière remarque qui n'échappe point à l'ordre d'idées qui dicte ces lignes: bien que les responsables des actes de violence soient très souvent des supporters, il arrive quand même que l'étincelle soit donnée par des personnes qui sont paradoxalement chargées d'organiser et de coordonner… Dans ce cas, les vrais coupables sont drôlement «des responsables»! Importe peu, la dissuasion n'épargne en principe aucun responsable sur des actes irresponsables et n'est pas forcément l'exclusivité des supporters des équipes. Pas de place pour l'impunité car personne ne peut cautionner la violence… N'est-ce pas?