En dépit d'une conjoncture économique difficile, la Tunisie a totalisé, en 2008, 7,05 millions d'arrivées, en hausse de 4,2% par rapport à l'année précédente. Sur ces 7 millions de touristes visitant la Tunisie, 37% d'entre eux sont Maghrébins (essentiellement Algériens et Libyens). Cette clientèle occupe une place considérable, en affichant d'année en année, une progression du nombre de nuitées et des recettes en devises, sauvant même la saison touristique, lors des périodes creuses ou de crise (après le 11 septembre, grippe aviaire et porcine, crise économique et financière…). Les touristes ont enregistré plus que le double des nuitées du Maroc avec 38,02 millions. En effet, ce dernier a terminé l'année avec 16,46 millions de nuitées, 7,88 millions d'arrivées, et une recette globale de 5,1 milliards d'euros. Ainsi, et par rapport à l'année précédente, les nuitées ont diminué de 3%, ainsi que les recettes. Les arrivées ont progressé de 6%. Ces chiffres pour 2008 ont été communiqués par l'Observatoire du tourisme marocain qui a publié, entre autres, des éléments de comparaison avec plusieurs destinations concurrentes du pourtour méditerranéen (Tunisie, Egypte, Turquie, Chypre, Croatie…). Pour sa part, la Turquie a enregistré l'entrée de 26,3 millions d'arrivées, soit +14,6% pour un nombre de nuitées non communiqué. Elle a totalisé une recette de 16,9 milliards d'euros (+18,5%). L'Egypte reste donc le leadeur sur le marché méditerranéen avec 136 millions de nuitées (+22%). Elle a enregistré 13 millions d'arrivées, soit une augmentation de +18%. Sa recette, en hausse de 30%, a atteint 9,05 milliards d'euros. La dépense moyenne par touriste est légèrement supérieure à celle enregistrée par le Maroc.
La Tunisie doit se repositionner Avec ces chiffres, le tourisme tunisien est laminé par une concurrence féroce de la part du Maroc, l'Egypte et la Turquie. Une étape importante pour laquelle la Tunisie est appelée à booster le secteur et améliorer sa compétitivité. Autrement dit, la Tunisie doit se repositionner au niveau régional en adaptant un nouveau modèle de développement. Un repositionnement qui commence avant tout par la revalorisation de la destination Tunisie et la diversification du produit touristique, et ce dans l'objectif d'accaparer de nouvelles parts de marchés. En effet, le secteur touristique se démarque du tourisme européen par la propension des touristes algériens et libyens à dépenser davantage que leurs homologues européens avec, en moyenne, 350 dinars dépensés par semaine. Avec plus de 1,5 million par an, les touristes libyens viennent en masse en Tunisie. Leur particularité, c'est qu'ils affichent une certaine régularité des afflux sur tout le long de l'année. Des tas de raisons expliquent leur affluence entre autres les soins et le tourisme. Les villes de Jerba, Sfax et Tunis sont les plus visitées. Il y a lieu de noter que les Libyens ont la caractéristique de venir en famille, par voiture, en passant par le poste frontalier de Ras Jedir. Ils louent des appartements et des villas et leurs principales dépenses sont consacrées à l'hébergement, la restauration et les frais de santé. Pour leur part, les Algériens qui sont plus de 1,2 million à visiter la Tunisie chaque année enregistrent néanmoins, depuis trois ans, un accroissement et viennent par voie aérienne surtout après l'établissement de plusieurs vols charters reliant les villes d'Oran, d'Alger, d'Annaba et de Constantine. L'affluence grandissante des Algériens en Tunisie s'explique par les similitudes culturelles entre les deux peuples, la proximité et l'hospitalité offerte, mais surtout par la non-imposition de visa et les prix relativement avantageux qu'offre la destination Tunisie à ses voisins. D'une manière générale, la Tunisie devrait prendre des parts de marché sur le tourisme international. Cela s'est traduit à travers l'adoption d'une démarche adéquate visant essentiellement à anticiper une possible désaffection des touristes européens, fidéliser les marchés maghrébins et promouvoir une meilleure image de la destination Tunisie.