La crise économique mondiale a eu un impact important sur l'activité de l'investissement dans le monde. Les investisseurs voient flous, et la conjoncture est encore imprévisible. L'économie mondiale ne présente que quelques signes de reprises qui ont un effet psychologique plutôt que des signes de croissance réelle. Les analystes sont encore perplexes sur les débouchés et l'étendue de la crise, mais tout le monde est unanime sur le fait de ne pas céder à la panique. Le secteur industriel tunisien représente l'épine dorsale de notre économie, et face à la crise il arrive tout de même à maintenir le cap profitant de sa compétitivité et de son degré de variation. L'investissement dans le secteur a connu une baisse considérable depuis le début de l'année, mais les signes d'un maintien d'une activité normale jusqu'à la fin de l'année sont perceptibles. En effet, après une baisse de 6.5% dans l'investissement industriel durant le mois de Juin, les chiffres du mois de Juillet sont un peu cléments. Les chiffres de l'Agence de Promotion de l'Industrie confirment un décroissement de 0.8% de l'investissement déclaré dans l'Industrie durant les 07 mois 2009.
Une conjoncture internationale difficile : La conjoncture internationale durant les 2 dernières années a bouleversé plusieurs tendances de croissance. Les prévisions pour 2009 sont pessimistes avec des signes de reprise à la fin de l'année et en 2010. La nouvelle analyse de l'économie internationale que livre la Banque mondiale décrit une situation sans précédent : chute de 2,9 % de la production mondiale et recul de près de 10 % du commerce mondial, accompagnés d'un effondrement des flux de capitaux privés qui pourraient chuter de 707 milliards de dollars en 2008 à 363 milliards de dollars en 2009. La croissance mondiale du PIB devrait repartir pour s'établir à 2 % en 2010 et 3,2 % en 2011. Dans les pays en développement, la croissance devrait certes être supérieure et atteindre 4,4 % en 2010 et 5,7 % en 2011, mais restera toutefois modeste par rapport aux performances robustes que ces pays qu'ils affichaient avant la crise. Selon le rapport Global Development Finance, les pays en développement risquent d'être confrontés en 2009 à une situation très défavorable en matière de financement extérieur. Etant donné la forte chute des flux de capitaux privés, de nombreux pays auront du mal à satisfaire leurs besoins en termes de financement extérieur, estimés à 1000 milliards de dollars. Dans ce tableau un peu morose difficile de s'aventurer dans un projet industriel. Les signes de cette peur d'investir sont perceptibles au niveau des chiffres publiés par les agences statistiques européennes. En effet, selon eurostat, la production industrielle corrigée des variations saisonnières a diminué de 0,6% dans la zone euro et de 0,2% dans l'UE27 en juin 2009 par rapport à mai 2009. En mai, la production avait augmenté de 0,6% dans la zone euro et était restée stable dans l'UE27. En juin 2009 par rapport à juin 2008, la production industrielle a baissé de 17,0% dans la zone euro et de 15,6% dans l'UE27. Selon l'insee, les prévisions de l'investissement industriel en France sont estimées à -18% sur toute l'année 2009. Dans le cadre de cette conjoncture et cette tendance mondiale de baisse de l'investissement industriel, la Tunisie arrive t-elle à maintenir le cap ? La réponse est affirmative, et les chiffres sont la pour le confirmer.
Légère baisse de l'investissement industriel : Les récents chiffres publiés par l'API font état d'une baisse de 0.8% de l'investissement déclarés dans l'industrie. Durant les 7 premiers mois. Cette même baisse était de 6.5% durant le premier semestre, ce qui signifie une légère amélioration des intentions d'investissement dans le secteur. Jusqu'aux 7 premiers mois de 2009, les investissements déclarés dans l'industrie ont atteint 1751.1 MD, contre 1765.5 MD, au cours de la même période de 2008. L'investissement dans l'industrie textile et habillement semble souffrir plus que les autres avec une baisse de -21.8%. Les signes de satisfaction viennent surtout des Industries Mécaniques et Electriques qui confirment leurs tendances haussières malgré une crise qui a frappé de plein fouet le secteur automobile dans le monde. Après une croissance de +14.9% au mois de Juin, le secteur enregistre une croissance de +20% aux 7 premiers mois. L'autre signe de satisfaction vient aussi l'Industrie Agroalimentaire qui semble reprendre de l'air. En effet, après une baisse de -6.5% au mois de Juin, elle réalise une hausse de 16.7%. Les principaux piliers de l'industrie tunisienne sont solides face à la crise et continuent d'attirer des investisseurs.
07 mois 08 07 mois 09 Evol en % Total Industrie 1 765,6 1 751,1 -0,8 IAA 384,0 448,2 16,7 IMCCV 466,8 433,0 -7,2 IME 291,5 349,8 20,0 ICH 235,8 224,6 -4,7 ITH 148,2 115,9 -21,8 ICC 24,1 24,6 2,1 ID 215,2 155,0 -28,0 Source : API Les chiffres montrent aussi une stabilisation de la baisse des investissements étrangers à -38% entre Juillet et Juin 2009, contre une légère amélioration des investissements mixtes qui ont évolué de 12.9% pour atteindre 472 MD. Investissement à part étranger
Le secteur des services en Tunisie continue de confirmer sa position de créneau porteur et d'attirer encore plus d'investissements. Malgré la crise, l'investissement déclaré dans les services affiche une hausse de +35.5% pour un montant de 803 MD. Cette hausse était de +33% au cours du mois de Juin dernier. Investissements déclarés dans les Services en MD durant les 07 mois 2008/2009
07 mois 08 07 mois 09 Evol en % Total Services 593,2 803,7 35,5
Côté services connexes à l'industrie le secteur des zones industrielles continue sa hausse impressionnante avec des investissements importants dans ce secteur et qui ont atteint 39 MD soit une évolution de 754%. Tout de même les chiffres de l'API allument deux clignotants rouges qui sont l'investissement dans la recherche et dans la formation professionnelle. Ces deux secteurs affichent une baisse consécutive de -96.4% et -92.4%. Or le développement de l'industrie, sa mise à niveau et l'amélioration de sa compétitivité passent par un bon niveau de recherche et développement et une bonne formation des ressources humaines. Les responsables doivent accorder plus d'intérêt à la stimulation de l'investissement dans ces deux secteurs, à travers la mise en œuvre de nouvelles mesures incitatives. Services connexes à l'industrie
07 mois 2008 07 mois 2009 variation
161,1 180,5 12,0 Informatique 28,2 25,3 -10,3 Etudes et conseils 33,5 28,5 -14,9 Recherche 2,8 0,1 -96,4 Transport 41,8 37,1 -11,2 Formation Prof. 26,2 2,0 -92,4 Zones industrielles 4,6 39,3 754,3 Autres 24,0 48,2 100,8
L'optimisme au rendez-vous : La Tunisie en tant que site industriel d'avenir attire depuis des mois les plus grands groupes industriels dans leur secteur d'activité. Les projets qui entreront en activité durant les prochains mois nous laissent optimistes quant à une relance de l'investissement industriel durant les prochains mois. En effet, selon les sources du ministère de l'Industrie : - 8 grands projets entreront en production pour un montant total de 47 MD durant les prochains mois (Plastotecnica, Zodiac Marine & Pool,…). - Il y a 20 grands projets réalisés ou en cours de réalisation, qui permettront à terme la création de 30.000 postes d'emplois (Krumbert & Shubert, Hutchinson, Draxelmaier, Aérolia, Yazaki,…). Le tissu industriel tunisien reste un tissu performant et qui a acquis une bonne capacité à résister aux chocs. En effet, les exportations industrielles tunisiennes ont quintuplé depuis 1995 et ont atteint en 2008, 11 milliards d'Euros, dont 7 milliards d'Euros vers l'union européenne. Selon l'étude réalisée par le ministère de l'industrie sur l'industrie tunisienne en 2016, la Tunisie est le premier pays du sud de la méditerrané exportateur de produits industriels vers l'UE (sans compter les exportations énergétiques et les industries alimentaires) et le premier pays de la même rive qui attire des investisseurs industriels européens. Les entreprises industrielles européennes établies en Tunisie sont estimées à 2200. Selon cette même étude qui établit la stratégie industrielle tunisienne pour le futur, le volume des exportations des industries mécaniques et électriques a atteint 3,463 milliards d'euros en 2008 et l'objectif est d'atteindre 7,445 milliards d'euros à l'horizon 2016.les exportations du secteur textile a généré 2,861 milliards d'euros en 2008 et l'objectif est d'atteindre plus de 4 milliards d'euros en 2016. Pour les exportations des industries alimentaires, elles ont atteint en 2008, 854 millions d'euros et l'objectif pour 2016 est d'atteindre 1,889 milliards d'euros. Quand aux exportations des TIC ont atteint 40 millions d'euros en 2007 et devront atteindre 275 millions d'euros en 2016. En effet, notre pays œuvre à doubler ses exportations industrielles et de tripler les investissements industrielles à l'horizon 2016 et de porter l'apport des activités innovantes (représentent 25% des exportations tunisiennes) à 50% à l'horizon 2016. L'industrie tunisienne verra certainement des jours meilleurs face à une telle conjoncture.